Francis et Marie sont amis, dandys, célibataires et aventureux. Ils tombent tous les deux amoureux du même garçon, Nicolas, aussi délicat qu'indéchiffrable. Le jeune homme devient leur obsession et bientôt un objet de rivalité entre les deux.
TELERAMA
Francis est homo, doux comme un agneau et un rien gommeux. Marie est hétéro, sèche comme un coup de trique et sapée vintage. Les deux Québécois sont obsédés par le même homme : un adonis allumeur.
Xavier Dolan, 21 ans, s'attaque à un thème éternel : le caractère illusoire du sentiment amoureux. Que dire de neuf ? Le jeune cinéaste détourne la question en misant sur la forme et orchestre le ballet chimérique des amoureux de l'amour. Ralentis chics à la Wong Kar-wai, acteurs filmés de dos comme chez Gus Van Sant, couleurs almodóvariennes : de l'alchimie de ces emprunts naît un style bien à lui, désinvolte et sophistiqué. Entre la cristallisation telle que la décrit Stendhal et la désillusion, il ne se passe rien, ou presque. Mais, dans ce laps de temps, les personnages se sont inventé mille et un scénarios. Le film croque avec causticité les mésaventures de ses héros. De l'ironie au désenchantement, on n'est jamais très loin. Sous leur vernis branché et le raffinement de leur discours, Marie et Francis sont, au fond, deux créatures esseulées. Des scènes de lit se dégage une vraie mélancolie. Un chagrin sans chiqué. — Mathilde Blottière