Joseph, fatigué, veille et surveille. La Vierge est maternelle. À gauche, Joseph et l’âne sont peints dans les tons ocre, les couleurs de la terre. Joseph tient une partition. C’est un motet que les musicologues ont identifié : il a été écrit par Noël Bauldewijn pour mettre en musique quelques versets du « Cantique des Cantiques ».
Les cheveux de l’ange sont effleurés par une brise legere, le drap s’enroule autour de ses jambes. Près de la Vierge, Le Caravage a peint de l’eau, comme il a peint la terre et des cailloux aux pieds de Joseph, pour que le symbolisme ne nous échappe pas.
Nous assistons, ou plutôt nous surprenons un moment ravissant qui est surtout un moment admirable. Joseph, fatigué, au-delà de l’étonnement, avec ses pieds nus, son âne, le balluchon et la bonbonne, veille et surveille, deux activités communes. Or, il participe aussi de l’ange. Celui-ci lui a confié la partition qu’il joue tourné vers lui, mais pas seulement pour lui. Quant à savoir si le ravissant visage de l’ange est celui d’une jeune fille ou d’un jeune homme, je ne me prononce pas. Je ne m’intéresse pas au sexe des anges. La Vierge est belle ; tout est beau, jusqu’au bébé qu’en général les peintres ne savent pas faire. Le tableau baigne dans une douce lumière. Tout est paisible et musical. Jusqu’à présent, rien que de plus normal.
Gilles Fallot Propos recueillis par Christine Nathan
peinture, italie, huile sur toile 133.5 x 166.5, Rome, Musee Doria Pamphili