Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, se lanca corps et âmes dans ce qui deviendra, l'enquête de sa vie.
TELERAMA
1969, San Francisco. Un flic et un jeune journaliste enquêtent sur “le Zodiac”, un tueur en série insaisissable. Fincher transforme l’épais dossier (bien réel) en objet de cinéma. En réaffirmant notamment sa foi dans les acteurs et dans le récit.
Pour raconter comment, à la fin des années 1970, un flic de San Francisco et un journaliste ont pisté un tueur en série, le Zodiac, Fincher tourne le dos aux architectures narratives complexes qui jusque-là étaient sa signature. À la manière d’un rapport de police que l’on compulserait page après page, il collecte des faits, rien que des faits, et les met bout à bout. Des meurtres, d’abord — filmés avec une sécheresse terrifiante —, et d’éventuels survivants. Et puis la longue et tortueuse enquête pour déchiffrer les indices que laisse volontairement l’assassin : conjectures, interrogatoires, perquisitions. Pas une séquence sans repères, lieu, date et heure. La dramatisation naît de l’accumulation.
David Fincher s’appuie aussi sur la puissance évocatrice du cinéma hollywoodien, sur le sens de la composition des acteurs américains, sur une mise en scène fluide, jamais tape-à-l’œil, qui transforme l’épais dossier en objet de cinéma. Même éclaté, émietté, le récit finit par prendre corps. La structure est toujours plus forte que le chaos de la vie, semble dire le cinéaste…