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SERRE MOI FORT, Mathieu Amalric 2021, Vicky Krieps, Arieh Worthalter (sentimental)@@

(taille reelle)
Parce qu'il lui est insupportable d'être quittée par ceux qu'elle aime, Clarisse quitte le domicile conjugal, laissant son mari Marc élever seul leurs deux enfants.

TELERAMA
Par un matin calme, Clarisse (renversante Vicky Krieps) abandonne son monde endormi, le mari, les deux enfants, la maison aux volets bleus. La belle échappée met le cap sur la mer au volant d’une curiosité américaine, une AMC Pacer break de 1979, tandis que le montage révèle en parallèle son désormais hors-champ : la tribu qui s’éveille, se presse autour du petit déjeuner, craint d’arriver en retard à l’école… La vie qui va sans elle.

Entre rêve et réalité
La mise en scène déchire progressivement un voile de tristesse : Clarisse invente. Son fils qui la réclame, les progrès de la grande au piano, son époux qui fait des crêpes, les scènes du quotidien où ceux qui restent continuent d’exister loin de son regard, puisqu’elle est « partie ». Tout se passe dans sa tête. Et rien, à la surface du film, ne différencie la réalité du rêve.

On pense au cinéma d’Alain Resnais, quel­que part entre Je t’aime, je t’aime et Smoking/No Smoking, devant cet éclatement devenu familier chez Mathieu Amalric, qui brouillait déjà les temporalités dans La Chambre bleue (2014) et signait, avec Barbara (2017), un envoûtant antibiopic aux miroitements de kaléidoscope. Tiré d’une pièce de Claudine Galea, Serre-moi fort l’emmène cette fois sur les cimes assumées du mélodrame — sortez les mouchoirs ! — et le confirme en guide de haute voltige. Son héroïne au cœur glacé attend le dégel en se fabriquant des souvenirs du futur, spectatrice de projections intérieures peuplées d’absents chéris. Bouleversant.