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RASHOMON, Akira Kurosawa 1950 (epopee)@@

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Le film se déroule durant l'ère Heian (IX-XII siècles), période de troubles et de guerres civiles. Sous le portique de Rasho (Rashomon), trois hommes, qui s'abritent de la pluie diluvienne, vont se mettre à discuter pour passer le temps : un bûcheron, un prêtre et un passant venu les rejoindre. Le sujet de leur conversation est la mort d'un samouraï, tué quelques jours auparavant par un bandit.

TELERAMA
Sur la liste des « films qu’il faut avoir vus », Rashômon (1950) occupe une place à part. Celle d’une œuvre que l’on connaît parfois sans même l’avoir vue, car devenue matricielle – on lit ainsi sous la plume des critiques qu’un long métrage fonctionne « à la Rashômon » –, telle une pierre angulaire qui n’en finirait pas de ricocher. Un exemple récent ? Le Dernier Duel, de Ridley Scott, sorti en 2021 et bâti sur le principe narratif inauguré sept décennies plus tôt par Akira Kurosawa : un crime, un procès, et des témoins dont les vérités irréconciliables, livrées en flash-back, rebattent les cartes d’un récit éclaté.
(Re)découvrir Rashômon, cité par Ingmar Bergman ou Quentin Tarantino parmi leurs films préférés, c’est donc revenir à une source vive du cinéma mais c’est aussi prendre un bain de lumière comme les salles obscures savent en offrir. L’histoire commence pourtant sous une pluie diluvienne, qui réunit un bûcheron, un bonze et un paysan dans un temple en ruine du Japon médiéval. Chamboulés, les deux premiers racontent au troisième l’affaire qui leur a valu de témoigner devant la justice : le meurtre d’un samouraï, et le viol de son épouse, par le bandit Tajômaru.
Pas moins de quatre versions différentes des faits s’affrontent – y compris celle du mort, par le biais d’une médium ! Si cette succession de points de vue dessine une humanité victime de ses coupables faiblesses, le Lion d’or de la Mostra 1951 fascine, lui, par la force intacte de sa mise en scène. La modernité statique et dépouillée des scènes chez le magistrat le dispute à la vélocité tout en jeux d’ombres des séquences tournées dans une forêt piquetée de soleil. Film parlant parfois joué comme au temps du muet – les mains de Machiko Kyô couvrant à demi ses yeux dans la terreur, les éclats de rire grimaçants d’un Toshiro Mifune en sueur… –, Rashômon éblouit, bien au-delà de son legs, par sa pure beauté.