Fred est policier dans un groupe antiterroriste chargé de retrouver les fugitifs les plus recherchés de France. Lors d'une mission en Grèce, Fred et ses hommes ont malheureusement perdu la trace d'un suspect. Dix mois plus tard, la France est frappée par une série d'attentats.
TELERAMA
Cinq jours d’enquête après les attentats du 13 novembre, en immersion dans la lutte antiterroriste. Un film efficace, tendu, uniquement centré sur le travail des policiers : écoutes, tuyaux, filatures...
Comment décrire l’irruption du chaos ? Novembre y réussit à l’économie, dans une scène aussi brève que marquante : un homme seul, un vaste open space, une sonnerie de téléphone qui perce le silence, puis une deuxième, une troisième, une quatrième, etc. Plutôt qu’au bruit des mitraillettes et des bombes, le film s’en remet à ce concerto strident pour nation sonnée, laissant les attentats du 13 novembre 2015 dans le hors-champ afin de se concentrer sur leur immédiat après. Un peu partout dans Paris, on voit ainsi des personnages – l’une qui faisait son jogging, d’autres qui buvaient une bière dans un bar… – s’arrêter net et converger vers le grand bureau, bientôt bondé et bourdonnant, de la sous-direction antiterroriste (SDAT).
Souvent saisissant avec son montage ultra nerveux, le film de Cédric Jimenez (La French, BAC Nord) épouse le point de vue des forces de l’ordre, en immersion, et prend le parti, intéressant et risqué, de réduire ses héros à leur fonction. Leur vie privée le reste donc, rien d’autre ne comptant que le travail, les tuyaux, les recoupements, les filatures, les fausses pistes, les erreurs, les nuits sans sommeil, le temps qui file. Cinq jours d’enquête dans un pays en état d’urgence, jusqu’à un climax gravé dans les mémoires : l’assaut de l’appartement de Saint-Denis où sont planqués le terroriste Abdelhamid Abaaoud et sa cousine.
La séquence, interminable déluge de feu vécu depuis une cage d’escalier, se veut le clou d’un thriller (on n’ose écrire spectacle) dont il s’agit de reconnaître l’efficacité assourdissante tout en discernant ses limites. Derrière le scénario documenté et la mise en scène tendue, « à l’américaine » – le tout début, où Dujardin traque un membre de Daech à Athènes, évoque 24 Heures chrono –, on cherche en vain un propos. Au moins échappe-t-on à celui de BAC Nord… Novembre semble calibré pour fédérer davantage, même s’il a déjà frôlé la polémique : pourquoi voiler l’informatrice (Lyna Khoudri) ayant permis de loger Abaaoud ? La vraie protagoniste, aujourd’hui témoin protégé, a obtenu in extremis qu’un carton précise que ce foulard « répond à un choix de fiction ». Il n’empêche, le duo que forment son personnage et la fliquette provinciale incarnée par Anaïs Demoustier apporte un peu de chair à cette mécanique bien huilée.