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17 1-macchabees 10
L’an cent soixante, Alexandre, fils d’Antiochus et surnommé Epiphane, se mit en marche, et s’empara de Ptolémaïs ; les habitants le reçurent, et il fut roi.
Le roi Démétrius, l’ayant appris, rassembla une très forte armée et s’avança contre lui pour le combattre.
En même temps Démétrius envoyait à Jonathas une lettre avec des paroles de paix, lui promettant de l’élever en dignité.
« Hâtons-nous, disait-il, de faire la paix avec lui, avant qu’il la fasse avec Alexandre contre nous.
Car il se souviendra de tout le mal que nous lui avons fait, à lui, à son frère et à tout son peuple. »
Il l’autorisait à lever des troupes, à fabriquer des armes et à se dire son allié, et il ordonnait qu’on lui remit les otages détenus dans la citadelle.
Aussitôt Jonathas se rendit à Jérusalem et lut la lettre devant tout le peuple et devant ceux qui étaient dans la citadelle.
Ils furent saisis d’une grande crainte, en apprenant que le roi donnait à Jonathas le pouvoir de former une armée.
Ceux de la citadelle livrèrent les otages à Jonathas, qui les rendit à leurs parents.
Jonathas s’établit à Jérusalem, et commença à rebâtir et à renouveler la ville.
Il commanda aux ouvriers de reconstruire les murailles et d’entourer le mont Sion de pierres carrées pour le fortifier. Ces ordres furent exécutés.
Alors les étrangers qui étaient dans les forteresses que Bacchidès avait bâties s’enfuirent,
et chacun d’eux, quittant sa demeure, s’en retourna dans son pays.
Quelques-uns seulement de ceux qui avaient abandonné la loi et les commandements restèrent dans Bethsur, qui devint leur refuge.
Cependant le roi Alexandre apprit les offres que Démétrius avait faites à Jonathas ; on lui raconta aussi les combats que celui-ci avait livrés, les exploits qu’il avait accomplis, lui et ses frères, ainsi que les maux qu’ils avaient endurés.
Et il dit : « Trouverions-nous jamais un homme pareil ? Faisons-nous en donc un ami et un allié. »
Il écrivit une lettre et la lui envoya, ainsi conçue :
« Le roi Alexandre à son frère Jonathas, salut.
Nous avons appris sur toi que tu es un homme puissant et que tu es disposé à être notre ami.
C’est pourquoi nous te constituons aujourd’hui grand prêtre de la nation et te donnons le titre d’ami du roi ; — il lui envoyait en même temps une robe de pourpre et une couronne d’or — prends intérêt à nos affaires et garde-nous ton amitié. »
Jonathas revêtit les ornements sacrés le septième mois de l’an cent soixante, en la fête des Tabernacles, et il leva une armée et fabriqua beaucoup d’armes.
En apprenant ces choses, Démétrius ressentit une grande affliction :
« Qu’avons-nous fait, dit-il, qu’Alexandre nous ait prévenus en obtenant l’amitié des Juifs pour affermir sa puissance ?
Moi aussi je veux leur adresser des paroles persuasives, leur offrir une haute situation et des présents, afin qu’ils soient mes auxiliaires. »
Il leur envoya donc une lettre ainsi conçue :
« Le roi Démétrius à la nation juive, salut. Vous avez gardé fidèlement l’alliance faite avec nous, persévérant dans notre amitié et ne vous unissant pas à nos ennemis ; nous l’avons appris et nous nous en sommes réjouis.
Et maintenant, continuez de nous garder fidélité, et nous récompenserons par des bienfaits ce que vous faites pour nous.
Nous vous accorderons beaucoup d’exemptions et de faveurs.
Dès à présent je vous décharge et je fais remise à tous les Juifs des tributs, des droits sur le sel et des couronnes. Ce qui me revient pour le tiers du produit du sol
et pour la moitié du produit des arbres fruitiers, je vous en fais aujourd’hui la remise ; et je n’exigerai plus rien désormais, et en aucun temps, du pays de Juda, ni des trois cantons qui lui sont réunis de la Samarie et de la Galilée.
Je veux que Jérusalem soit une ville sainte et exempte, ainsi que son territoire, ses dîmes et ses tributs.
Je renonce aussi à mon autorité sur la citadelle qui est à Jérusalem, et je la donne au grand prêtre afin qu’il y établisse, pour la garder, les hommes qu’il aura choisis.
Tous les Juifs qui ont été emmenés captifs du pays de Judas dans toute l’étendue de mon royaume, je les renvoie libres sans rançon ; je veux que tous leur fassent aussi remise des tributs, même pour leurs animaux.
Que toutes les solennités, les sabbats, les néoménies, les jours fixés et les trois jours qui précédent ou qui suivent une fête solennelle, soient tous des jours d’immunité et de franchise pour tous les Juifs qui habitent dans mon royaume.
En ces jours-là, nul n’aura le droit de poursuivre l’un d’entre eux, ou de lui intenter une action pour quelque affaire que ce soit.
On enrôlera dans l’armée du roi jusqu’à trente mille juifs et on leur donnera la même solde qui est allouée à toutes les troupes du roi. Un certain nombre d’entre eux seront placés dans les grandes forteresses du roi,
et plusieurs seront admis aux emplois de confiance du royaume ; de plus, ces troupes auront à leur tête des chefs pris dans leurs rangs, et elles vivront selon leurs lois, comme le roi l’a ordonné pour le pays de Juda.
Les trois cantons de la Samarie annexés à la Judée lui seront incorporés et comptés comme ne faisant qu’un avec elle, de telle sorte qu’ils n’obéissent à nulle autre autorité que celle du grand prêtre.
Je donne Ptolémaïs et son territoire au sanctuaire de Jérusalem, pour les dépenses nécessaires au culte.
Et moi je donne chaque année quinze mille sicles d’argent, qui seront pris sur le fisc royal dans les localités convenables.
Et tout le surplus, que les employés du fisc n’auront pas payé comme dans les années antérieures, ils le solderont à l’avenir peur le service du temple.
En outre, des cinq mille sicles d’argent que les officiers soustrayaient chaque année aux besoins du sanctuaire, en les prélevant sur ses revenus, il sera fait remise, parce qu’ils appartiennent aux prêtres qui font le service.
Quiconque sera réfugié dans le sanctuaire de Jérusalem et dans toute son enceinte, étant redevable des impôts royaux ou de toute autre dette, sera libre, avec tous les biens qu’il possède dans mon royaume.
Les dépenses pour la construction et la restauration du sanctuaire seront aussi prélevées sur les revenus du roi.
En outre, pour reconstruire les murailles de Jérusalem et pour en fortifier l’enceinte, les dépenses seront encore prélevées sur les revenus du roi ; et il en sera de même pour relever les murailles des villes de la Judée. »
Lorsque Jonathas et le peuple entendirent ces paroles, ils n’y crurent pas et refusèrent de les accepter, parce qu’ils se souvenaient des grands maux que Démétrius avait faits à Israël et des calamités qu’il leur avait causées.
Ils se décidèrent donc en faveur d’Alexandre, dont les propositions pacifiques obtinrent la préférence à leurs yeux, et ils furent constamment ses alliés.
Le roi Alexandre rassembla une grande armée et s’avança contre Démétrius.
Les deux rois ayant engagé la bataille, l’armée de Dentelons prit la fuite et Alexandre la poursuivit ;
il l’emporta sur eux et combattit très vaillamment jusqu’au coucher du soleil, et Démétrius fut tué ce jour-là.
Alexandre envoya à Ptolémée, roi d’Egypte, des ambassadeurs chargés de lui dire :
« Je suis rentré dans mon royaume et je suis assis sur le trône de mes pères ; j’ai reconquis le gouvernement par ma victoire sur Démétrius, et j’ai pris possession de notre pays.
Je lui ai livré bataille et il a été défait par moi, lui et son année, et je suis monté sur le siège de sa royauté.
Maintenant, faisons amitié ensemble ; donne-moi ta fille en mariage, je serai ton gendre, et je te donnerai, ainsi qu’à elle, des présents dignes de toi. »
Le roi Ptolémée répondit en ces termes : « Heureux le jour où tu es rentré dans le pays de tes pères, et où tu t’es assis sur le trône de leur royauté !
Maintenant, je ferai pour toi ce que tu as écrit ; mais viens au-devant de moi à Ptolémaïs, afin que nous nous voyions ensemble, et je te ferai mon gendre, canons tu en as exprimé le désir. »
Ptolémée partit d’Egypte, lui et sa fille Cléopâtre, et se rendit à Ptolémaïs, en l’an cent soixante-deux.
Le roi Alexandre vint au-devant de lui, et celui-ci lui donna sa fille Cléopâtre, et il célébra les noces à Ptolémaïs avec une grande magnificence, selon la coutume des rois.
Le roi Alexandre écrivit aussi à Jonathas, l’invitant à se rencontrer avec lui.
Jonathas se rendit en grande pompe à Ptolémaïs, ou il se rencontra avec les deux rois ; il leur offrit, ainsi qu’à leurs courtisans, de l’argent, de l’or et beaucoup de présents, et il se concilia leur faveur.
Alors s’unirent contre lui des hommes pervers d’Israël, des impies, pour l’accuser ; mais le roi ne les écouta pas.
Le roi ordonna même qu’on ôtât à Jonathas ses vêtements et qu’on le revêtit de pourpre. Cet ordre ayant été exécuté, le roi le fit asseoir auprès de lui,
et il dit aux grands de sa cour : « Sortez avec lui au milieu de la ville, et publiez que personne n’élève de plainte contre lui pour quoi que ce soit, et que nul ne le moleste sous aucun prétexte. »
Quand ses accusateurs virent qu’on lui rendait ces honneurs publics et qu’il était revêtu de la pourpre, tous s’enfuirent.
Ajoutant encore à ces honneur, le roi l’inscrivit au nombre de ses premiers amis et le fit général et gouverneur de province.
Et Jonathas revint à Jérusalem en paix et joyeux.
L’an cent soixante-cinq, Démétrius, fils de Démétrius, vint de Crète dans le pays de ses pères.
A cette nouvelle, le roi Alexandre ressentit une grande douleur, et il retourna à Antioche.
Démétrius prit pour général Apollonius, gouverneur de la Coelé-Syrie, et celui-ci rassembla une grande armée et vint camper près de Jamnia. Là, il envoya dire à Jonathas, le grand prêtre :
« Toi, tout seul, tu t’élèves contre nous, et moi je suis devenu un objet de dérision et d’opprobre à cause de toi ! Comment oses-tu, toi, jouer l’indépendant vis-à-vis de nous, dans tes montagnes ?
Maintenant donc, si tu as confiance dans tes forces, descends vers nous dans la plaine, et là mesurons-nous. ensemble, car j’ai pour moi les puissantes villes de la côte.
Informe. toi et apprends qui je suis et quels sont les autres qui me prêtent leur concours. Ils affirment que votre pied ne peut tenir devant nous, puisque deux fois tes pères ont été mis en fuite dans leur pays.
Et maintenant, tu ne pourras soutenir le choc de la cavalerie et d’une armée si nombreuse, dans une plaine où il n’y a ni pierre, ni rocher, ni un lieu où l’on puisse se réfugier. »
Quand Jonathas eut entendu les paroles d’Apollonius, il ressentit une vive indignation ; il fit choix de dix mille hommes et partit de Jérusalem, et son frère Simon vint le rejoindre pour le soutenir.
Ils allèrent camper près de Joppé ; la ville leur ferma ses portes, car elle était occupée par une garnison d’Apollonius ; aussi en commencèrent-ils le siège.
Les habitants effrayés ouvrirent les portes, et Jonathas fut maître de Jappé.
Dès qu’il en fut informé, Apollonius mit en ordre de bataille trois mille cavaliers et une armée nombreuse, et se dirigea du côté d’Azot, comme pour se retirer ;
et en même temps il s’avançait vers la plaine, parce qu’il avait un grand nombre de cavaliers en qui il avait confiance. Jonathas le suivit du côté d’Azot, et les deux armées en vinrent aux mains.
Apollonius avait laissé derrière lui mille cavaliers dans un poste caché ; mais Jonathas eut avis qu’il y avait une embuscade dressée derrière lui.
Les cavaliers entourèrent sa troupe et lancèrent des traits contre ses hommes depuis le matin jusqu’au soir.
Et ses hommes tinrent bon, ainsi que l’avait recommandé Jonathas, tandis que les chevaux des cavaliers se fatiguèrent.
Alors Simon fit avancer sa troupe et attaqua la phalange, car la cavalerie était sans force ; les Syriens furent battus par lui et prirent la fuite.
La cavalerie se débanda dans la plaine, et les fuyards gagnèrent Azot, où ils entrèrent dans Beth-Dagon, leur temple d’idole, peur y trouver un asile.
Jonathas brûla Azot et les villes d’alentour, après les avoir pillées, et il livra au feu le temple de Dagon avec ceux qui s’y étaient réfugiés.
Le nombre de ceux qui périrent par l’épée ou qui furent consumés par le feu fut d’environ huit mille.
Et, partant de là, Jonathas vint camper près d’Ascalon, dont les habitants vinrent au-devant de lui, lui rendant de grands honneurs.
Puis Jonathas retourna à Jérusalem avec ses gens, ayant un riche butin.
Lorsque le roi Alexandre apprit ces événements, il accorda de nouveaux honneurs à Jonathas.
Il lui envoya une agrafe d’or, comme il est d’usage d’en gratifier les parents des rois, et il lui donna en propriété Accaron et son territoire.