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ANNETTE, Leos Carax 2021, Adam Driver, Marion Cotillard (fantastique etrange)


un univers de conte maudit nourri de mythes antiques
(Telerama)

Los Angeles, de nos jours. Henry est un humoriste avec un fort sens de l'humour qui tombe amoureux d'Ann, une chanteuse d'opéra de renommée mondiale. Sous les feux des projecteurs, ils forment un couple passionné et glam.

TELERAMA
Avec un couple iconique formé par Adam Driver et Marion Cotillard, une bande originale qui décoiffe et un scénario signé des Sparks, le film du réalisateur français avait tout pour crever l’écran.
Nous nous aimons tellement… Ça défie toute logique. C’est incompréhensible. » Ces mots sont chantés par Ann (Marion Cotillard), soprano de renommée internationale, et Henry (Adam Driver), star du stand-up. Tous deux flânent dans un paysage doux de Californie, puis filent dans la nuit, enlacés sur une moto. La vitesse, la beauté de ces amoureux, le lyrisme échevelé de Sparks : difficile de ne pas décoller.
Mais la noirceur s’immisce dans le couple, qui a pourtant tout pour être heureux : la gloire, l’argent, une merveille d’ermitage lové dans la verdure ; puis un bébé, étrange à nos yeux mais pas aux leurs, qu’ils prénomment Annette. Entamé par trois coups de théâtre et les musiciens qui commencent à jouer en studio puis en sortent, embarquant avec eux leur musique et les acteurs dans une ronde magistrale, le film est un hymne à toutes les formes de show, du music-hall de Broadway jusqu’aux traques médiatiques avec paparazzi. Le tour de force de Carax est de créer un univers de conte nourri de mythes antiques comme d’actualité contemporaine (du mouvement #MeToo au méga-concert pop).

Carax fait d’Annette le jouet d’une hantise, offrant à travers elle une vision assez terrible de l’enfance, déifiée et instrumentalisée, en proie aux pulsions morbides et au narcissisme blessé des parents. Annette est bien seule dans ce monde où l’amour et la haine semblent inséparables. Où le théâtre est sans limite. Le réalisateur de Holy Motors porte ici les sentiments des personnages à leur paroxysme, dans une sorte de palimpseste magique, où se chevauchent des réminiscences de cinéma (muet, expressionniste, lynchien), de peinture, de mélodies d’autrefois. On ressort de ce maelström à la fois en état d’apesanteur et groggy.