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LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT, Francois Truffaut 1971, Jean-Pierre Leaud (drame sentimental)@@
Anne, jeune Anglaise, rencontre Claude, un jeune écrivain français, qu'elle présente à sa soeur Muriel. Après deux années où le trio mène une vie faite de complicité et de bonheur partagé, Anne et Muriel s'éprennent toutes deux de leur compagnon, Claude.

TELERAMA
Claude, en pension chez une veuve anglaise, tombe amoureux de ses deux filles. Dans cette œuvre tragiquement romantique, les tourments de l’amour sont sublimés par la musique de Delerue et les images distantes de Néstor Almendros.

Un jeune Proust qui se serait épris de Charlotte et Emily Brontë ». Voilà comment Truffaut lui-même résumait Les Deux Anglaises et le Continent dans les pages de Télérama, en 1971. Cette seconde adaptation d’un roman d’Henri-Pierre Roché est l’histoire inversée de Jules et Jim : ce sont cette fois deux sœurs galloises qui aiment le même homme, sans que jamais leur sororité s’en trouve brisée. Ces personnages sont plus jeunes que dans Jules et Jim, plus exaltés, à même d’être plus écorchés.

En 1899, Claude Roc (Léaud, à son âge d’or) est un dandy parisien, dilettante timide et audacieux, amateur de femmes et d’art. Il fait la rencontre d’Ann (Kika Markham), une Anglaise sensible et décidée, qui veut devenir sculptrice. Celle-ci l’invite au pays de Galles pour faire la connaissance de sa sœur cadette, Muriel (Stacey Tendeter), rousse secrète, qu’elle admire. Claude fait le voyage, inaugurant l’insolite triangle amoureux, qui court sur une dizaine d’années. Dix ans de chassés-croisés entre la lande sauvage (où l’on joue au tennis sur gazon, avec vue sur la mer !) et le Paris de la Belle Époque, dix ans d’atermoiements et de résolutions, de passions contrariées, de correspondances enflammées. « Ce papier est ta peau. Cette encre est mon sang. J’appuie fort pour qu’il entre », dit Muriel dans l’une de ses lettres.

La voix off du narrateur (Truffaut lui-même), raccord avec l’écriture acérée de Roché, cavale pour devancer l’action, cruelle souvent. Moins de lumière et de gaieté que dans Jules et Jim : c’est une fièvre angoissée qui domine, une solitude suscitée par la dépression ou le poids écrasant des conventions, une non-concordance des désirs, une souffrance des corps. L’amour y est célébré comme une liturgie mais hardie, où le puritanisme croise la crudité transgressive, où l’onanisme et la perte de virginité (ce plan inouï du sang sur le lit) sont évoqués sans détour. Si romantisme il y a, il est noir, gravé d’une amertume unique dans l’œuvre de Truffaut.