BENEDETTA, Paul Verhoeven 2021, Virginie Efira, Charlotte Rampling, Lambert Wilson (religion moeurs)@@
Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles. Son influence sur la vie du couvent est considérable. Alors que la peste ravage le pays, l'Église décide d'enquêter sur les affirmations de Benedettas, afin de découvrir si la nonne n'a pas plus de secrets qu'elle ne le prétend.
TELERAMA
Portrait d’une nonne lesbienne, mystique et béatifiée. Paul Verhoeven veut encore briser les tabous. Baroque et jouissif.
Coup de foudre entre deux femmes, dans un couvent. L’aînée, sœur Benedetta, a pris sous son aile Bartolomea, qui a réchappé des griffes de son père prédateur. Plus tard viendront les étreintes charnelles. D’un érotisme torride et scandaleux, cela va sans dire… Benedetta, religieuse mystique et saphique du XVIIe siècle, a réellement existé mais c’est comme si le réalisateur de Basic Instinct l’avait inventée, tant cette femme concentre tout ce qu’il aime de sulfureux, d’ambigu, d’amoral et de vital. Est-ce une sainte ou une manipulatrice ? Le film ne tranche pas. Cette nonne qui divise la communauté truque et ment peut-être, mais en toute bonne foi. Elle a des visions, elle y croit, voilà ce qui importe.
L’originalité du film est d’être profondément syncrétique, baroque, bancal un peu parfois, à la fois kitsch et somptueux, où le grotesque jouxte les envolées lyriques. De l’amour lesbien à la défécation, les tabous sont allègrement brisés. Et c’est toujours pour aller plus loin, plus haut, au-delà du bien et du mal. Verhoeven enchaîne les épisodes à une vitesse étourdissante. Dans sa manière de se défendre comme de conquérir le pouvoir, Benedetta ose tout, sans culpabilité, assumant toutes ses contradictions et ses désirs. Ainsi soit-elle.