FLEUVE NOIR, Erick Zonca 2018, Vincent Cassel, Romain Duris (policier)@@
Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. François Visconti, commandant de police usé par son métier, est mis sur l'affaire. L'homme part à la recherche de l'adolescent alors qu'il rechigne à s'occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Yan Bellaile, professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève et propose ses services au commandant. Il s'intéresse de très près à l'enquête. De trop près peut-être.
TELERAMA
Le film d’Erick Zonca, qui met aux prises Vincent Cassel en flic alcoolo et Romain Duris en prof toxique, divise les critiques de la rédaction.
Pour
qDans la grande famille des polars, il y a les réalistes et… les autres. Ceux dont les archétypes et les sentiments, exacerbés et plus noirs que nature, servent d’alibis pour des comédiens ravis de cabotiner comme les grands anciens : Louis Jouvet dans Quai des Orfèvres, d’Henri-Georges Clouzot, ou Anthony Perkins dans Psychose. Fleuve noir est de cette eau-là, toxique, marécageuse. Un adolescent a disparu, et François Visconti, le flic usé et alcoolique chargé du dossier, y voit le prétexte de deux fixations. D’abord sur la mère, perdue, et en charge de son autre enfant, handicapé. Puis sur un étrange voisin, un professeur fouineur, très (trop ?) concerné par l’enquête… Tout le monde est bizarre, se désire et se surveille dans ce thriller ivre de névroses, où il ne fait pas bon se prendre pour Zorro ni trop protéger son prochain… Sandrine Kiberlain, elle l’a dit, ne fut pas heureuse sur le tournage : à l’écran, cela donne des absences fascinantes à son personnage. Face à Romain Duris, tout en fantasmes inassouvis, Vincent Cassel compose un Columbo suintant le mal-être, le manque d’amour. De grands acteurs pour un film sur le besoin maladif d’aimer. — G.O.
Contre
oDès les premières séquences, la pauvre Sandrine Kiberlain semble implorer du regard une âme charitable qui voudra bien la délivrer d’un tel naufrage. On la comprend : rien ne fonctionne dans ce polar glauque. Ni l’intrigue (peu crédible), ni le rythme (apathique), ni le cabotinage (ridicule) de ses stars. Remercions toutefois Vincent Cassel et Romain Duris de nous avoir bien fait rigoler avec leur interprétation sans filtre d’un inspecteur alcoolo (pour le premier) et d’un enseignant pervers (pour le second). Même si ce n’était sans doute pas l’effet recherché…. — S. D.