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Rien n'a l'éclat de Paris dans la poudre
Rien n'est si pur que son front d'insurgé
Rien n'est si fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n'est si beau que ce Paris que j'ai

Aragon










Où fait-il bon même au cœur de l'orage
Où fait-il clair même au cœur de la nuit
L'air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l'espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits

Jamais éteint renaissant dans sa braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu'au Père Lachaise
Ce doux rosier au mois d'août refleuri
Gens de partout c'est le sang de Paris

Rien n'a l'éclat de Paris dans la poudre
Rien n'est si pur que son front d'insurgé
Rien n'est si fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n'est si beau que ce Paris que j'ai

Rien ne m'a fait jamais battre le cœur
Rien ne m'a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n'est si grand qu'un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré

Louis Aragon - Paris



O Paris, ville ouverte
Ainsi qu'une blessure,
Que n'es-tu devenue
De la campagne verte.

Te voilà regardée
Par des yeux ennemis,
De nouvelles oreilles
Écoutent nos vieux bruits.

La Seine est surveillée
Comme du haut d'un puits
Et ses eaux jour et nuit
Coulent emprisonnées.

Tous les siècles français
Si bien pris dans la pierre
Vont-ils pas nous quitter
Dans leur grande colère ?

L'ombre est lourde de têtes
D'un pays étranger.
Voulant rester secrète
Au milieu du danger

S'éteint quelque merveille
Qui préfère mourir
Pour ne pas nous trahir
En demeurant pareille.

Jules Supervielle - Paris




Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans 1'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer an soleil de mon cœur et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

Charles BAUDELAIRE, 1821-1867
Tableaux Parisiens - Les fleurs du mal



La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis ta nuit! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Charles BAUDELAIRE, 1821-1867
Tableaux Parisiens - Les fleurs du mal



Fragments...
Charles BAUDELAIRE

Il portait dans ses yeux la force de son cœur.
Dans Paris son désert vivant sans feu ni lieux,
Aussi fort qu'une bête, aussi libre qu'un Dieu.



AU PÈRE-LACHAISE
Antoine BLONDIN, né en 1922

J'ai vu tout de suite que ce cimetière n'était pas comme les autres... Celui-ci appartient déjà à l'autre monde par sa porte en demi-lune, la pente douce de ses verts paradis, la rocaille tortueuse de ses mausolées. Avant d'y pénétrer, on devine qu'on ne fera jamais le tour, qu'on ne parviendra pas à épuiser le labyrinthe de ses allées, ni les prières et les promenades qu'elles suggèrent. Cette chapelle qu'il faut gagner par paliers, cet azur allégé au-delà des cheminées, ces peupliers fervents, comme des cyprès bien tempérés, c'est un coin céleste soudain dans une banlieue de faits divers et, dans la symphonie qu'on laisse derrière soi, c'est aussi un point d'orgue, de grandes orgues.
... Parti d'un bon pas, je ne tardai point à m'égarer... Je perdis le fil du système... pour m'enfoncer davantage au fond d'un taillis chaotique de chapelles dentelées, de temples arides, de tumulus cubistes, de pagodes biscornues, de blockhaus funéraires et d'édicules votifs où le fer forgé, le marbre, le granit, se chevauchaient à l'envi. Il s'en dégageait une majesté cosmique et brouillonne, comme si la création entière y fût empilée... et l'impression qu'en fouillant plus avant on retrouverait Adam et Eve.
... Ici c'était la vraie ville de morts, en marge de l'autre, avec ses palais et ses taudis, ses fastes superbes et ses humilités agressives.




44 AVENUE DU MAINE
Athanas DALTCHEV, né en 1904 / Bulgare

Quel mauvais destin m'a amené
dans cette cour sombre, en cul-de-sac ?
Le jour y est deux fois plus court
et il n'y a pas un seul arbre.

Tel un foyer éteint
non loin la gare fume
et jour après jour ma fenêtre
regarde et ne voit rien.

Sifflent et partent des trains,
et sans répit les rails résonnent
comme des cordes de violons - et il me semble
être en route depuis des mois.

Toujours cette cour et sur trois côtés
huit rangées de fenêtres
et à celles-ci jamais tu n'apercevras
quelque enfant ou quelque femme.

Mais aujourd'hui les ténèbres sont tombées tôt
et soudain il a commencé à bruiner.
Quelqu'un est entré, s'est arrêté dans la cour
avec un violon et un imperméable.

Et une vieille chanson s'est répandue,
monotone comme la pluie,
s'est élevée jusqu'aux toits,
et subitement a tari.

Il s'est tu. A toutes les fenêtres
se penchaient des femmes en pleurs
et sur les dalles de la cour
pleuvaient des mots et des sous :

Qui que tu sois, homme sans gîte
ou adolescent ayant perdu la vue,
pourquoi es-tu venu ici nous rappeler
notre destin cruel ?

Nous nous taisons et travaillons de l'aube à la nuit close
attendons des jours plus clairs
et les jours s'égrènent un à un, et nous
quand donc allons-nous vivre ?



QUAND JE ME PROMENE DANS PARIS (chanson)
Paroles de Jacques Vauclair 
Musique de Didier Roland

Quand je me promène dans Paris 
Il m'arrive de penser he he he he 
Que si mon coeur l'a conquis
Il a fallu des années 
Aussi j'en suis très fière
Et je n’en veux plus partir 
Je suis votre martyr

(Chœurs) 
Petula es-tu-là ?
Petula ne t'en vas pas
Petula reste-la 
Où tu le regretteras

Je crois que j'entends des voix 
Depuis que je vis en France 
Est-ce de ma faute a moi 
Si j'aime l'histoire de France
Je veux chanter pour elle 
Les rêves de ma jeunesse 
Pour vous je me fais belle 
Paris me tient en laisse

Quand je me promène dans Paris 
Il m'arrive de penser he he he he 
A mon ancienne patrie 
Il y a bien des années 
Aussi j’e suis très fière
Et je ne veux plus partir 
Gardez-moi prisonnière 
Je suis votre martyr

Je crois que j'entends des voix 
Et je me sens tout en transe
Est-ce de ma faute a moi 
Ou bien à l'histoire de France



Paris de Joséphine Baker
« J’ai deux amours: mon pays et Paris."