LA DARONNE, Jean-Paul Salome, Isabelle Huppert (comique thriller)@@,
Patience Portefeux gagne sa vie en traduisant de l'arabe au français des écoutes téléphoniques pour la brigade des stups. Elle peine à payer la maison de retraite de sa mère à 3.000 euros par mois. Patience entre à son tour dans le business et devient la 'Daronne'. Sous ce nom, elle se met à vendre la marchandise d'un Go Fast.
TELERAMA
Elle travaille pour la police, mais se révèlera dans la pègre. Isabelle Huppert palpe les billets et emmène allègrement cette comédie tonique, adaptée du roman d’Hannelore Cayre.
Elle n’avait pas de quoi payer l’Ehpad de sa mère et la voilà devenue dealeuse de choc, pleine aux as… Mais comment Patience, qui traduisait gentiment pour la police les propos musclés de trafiquants arabes, s’est-elle muée en Daronne, sorte de mère sévère et de patronne pour des petits revendeurs de drogue à Barbès ? Très facilement… La fantaisie prend vite le pouvoir dans ce film qui passe d’une atmosphère à une autre, comme son héroïne passe du blouson de cuir à la djellaba flashy.
Un même amour du jeu réunit le réalisateur Jean-Paul Salomé et sa Daronne, Isabelle Huppert. Dans le polar noir et drôle qu’avait écrit Hannelore Cayre, ils ont trouvé matière à un divertissement plein de surprises. D’abord, le grand numéro d’actrice, sur lequel tout repose, s’accompagne d’un retour à la tradition des grands seconds rôles. Et, à travers eux, la note comique s’affirme. Savoureusement avec Jade-Nadja Nguyen, qui joue la gardienne chinoise de l’immeuble de Patience, complice de toutes les entourloupes ; royalement avec Hippolyte Girardot, irrésistible en commandant de la brigade des stups, tellement amoureux de Patience qu’il ne peut reconnaître en elle la Daronne…
L’histoire d’une rennaissance
Cette héroïne à double fond a droit à un film à double détente. Sous la drôlerie du déguisement, Jean-Paul Salomé soigne ce portrait d’une femme qui accomplit aussi une mue intérieure. À travers des souvenirs, une photo du passé, la traductrice sans le sou redécouvre une audace oubliée, un goût du risque, de la liberté. En changeant d’apparence et de vie, elle va à la rencontre de celle qu’elle était… Ce mouvement se mêle subtilement à la cocasserie pour nous conduire jusqu’à assister, avec un joli frisson, à la renaissance d’une parfaite aventurière.