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brown (ford madox) - The Last of England. 1855 huile sur toile Manchester Art Gallery
le tableau illustre le thème de l’émigration britannique au XIXe siècle. D’un format beaucoup plus modeste que Le travail, elle représente un ménage qui quitte les falaises de Douvres sur l’Eldorado pour émigrer en Australie avec son jeune enfant enfoui sous la cape de la mère (dont le modèle est Emma, la deuxième femme de Ford Madox Brown, lui-même s’étant représenté comme le père). Leur visage fermé exprime le fait qu’ils auraient aimé rester dans leur pays natal, mais qu’il n’a point de place pour eux. Quant aux deux ouvriers édentés de l’arrière-plan, ils tendent le poing vers cette terre qu’ils maudissent pour les mêmes raisons. Point d’animal à bord : le détail « naturaliste » est fourni par la provision de choux, au premier plan, pour lutter contre le scorbut. Naturellement, il lui faut un centre d’intérêt « rouge », presque devenu sa signature : ce sera le ruban de chapeau magnifiquement plissé par le vent de la jeune mère. Là où il avait choisi l’ovale très allongé pour encadrer Un après-midi d’automne anglais, l’auteur opte ici pour un ovale très proche du cercle, la composition mettant les visages du mari et de la femme à égale distance de la circonférence, avec leurs yeux exactement à la même hauteur. Les tenants actuels de l’égalité des sexes en tireront les conclusions qu’ils voudront : ceux de l’époque étaient fort rares, mais il a peint un double portrait de deux des plus connus d’entre eux, Henry Fawcett et son épouse Millicent Garret Fawcett, lui député libéral devenu aveugle à la suite d’un accident de chasse et elle l’une des premières militantes féministes et suffragistes, occupée ici à lui relire une lettre qu’il lui dicte.