A LA DERIVE, Baltasar Kormákur 2018, Shailene Woodley, Sam Claflin (sport drame)@
Avec ce long métrage qui reconstitue un accident maritime survenu en 1983, Baltasar Kormákur (“Everest”) rate le mariage entre récit de survie et mélo pour jeunes adultes. La structure du film et le jeu des acteurs sont, parmi d’autres mauvaises idées, en cause.
On attendait mieux de Baltasar Kormákur, qui s’est récemment fait remarquer avec deux excellents récits de survie, l’un tourné dans son Islande natale (Survivre, 2012), l’autre à Hollywood (Everest, 2015). Il reconstitue ici l’accident d’un couple de navigateurs, surpris par un ouragan en plein océan Pacifique, en 1983. A la dérive démarre d’ailleurs sous de bons auspices, par un saisissant plan-séquence à l’intérieur d’un bateau de plaisance inondé, où décors et personnages semblent s’être liquéfiés.
Le film aurait pu être une version hollywoodienne de Survivre, également inspiré d’une histoire vraie – un marin-pêcheur ayant survécu dans l’eau glacée après un naufrage. Mais, sans doute pour satisfaire un public adolescent, Kormákur saborde son film en adoptant une structure en flashbacks : on assiste, en parallèle, à l’avant et à l’après tempête. D’abord, ces retours en arrière sont extrêmement mièvres : il faut entendre la conversation du premier rendez-vous amoureux, succession de clichés sur la navigation en solitaire. Ensuite, ils diluent l’efficacité des scènes spectaculaires, y compris celle de l’ouragan, censée constituer l’acmé du film.
Cette volonté de marier survival et mélo pour jeunes adultes se lit aussi dans le casting, qui réunit deux héros de dystopies adolescentes : Shailene Woodley de la saga Divergente et Sam Claflin de la franchise Hunger Games. La première a un jeu trop démonstratif, le second est transparent. Dommage… Avec une meilleure caractérisation des personnages, A la dérive aurait pu devenir la représentation, quasi littérale, des tempêtes traversées par un couple en crise.