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L ENFANT, freres Dardenne 2005, Jérémie Renier, Déborah François (societe)(palme d or)@@@
Bruno, petit truand de vingt ans, peut-il s'occuper adéquatement de l'enfant qu'il a eu avec Sonia, dix-huit ans, lui qui est obsédé par l'argent de ses trafics ? Un grand film humaniste, sur l'amour et le pardon. Et une deuxième palme d'or pour les frères Dardenne !

TELERAMA
Né de parents à peine sortis de l'oeuf, sans travail ni maison, l'enfant n'a pas de visage, ou si peu. Un petit bout de nez enfoui sous une capuche. Il n'a pas de corps non plus. Juste deux mains qui pianotent sur le blouson maternel. L'enfant a bien un prénom : Jimmy, pour l'état civil. Dans le privé, on ne s'est encore jamais adressé à lui.

Ce n'est pas la première fois que les Dardenne viennent au chevet de l'enfance blessée. Rosetta et Le Fils prêtaient déjà main-forte à de jeunes cas sociaux désespérés. Avec L'Enfant, ils font preuve d'une qualité nouvelle : la bienveillance. La force du film vient de ce qu'il se situe à hauteur de nourrisson. A première vue, Jimmy n'est qu'un paquet de chiffons. Et pourtant, ce bébé est une personne. Une éponge qui absorbe les chagrins, un miroir qui renvoie les espoirs. Un être de première importance qui doit savoir pour devenir libre. Les frères Dardenne lui apprennent tout, sans le brusquer. Comme toujours, ils osent prôner le pardon. Ils n'ont pas le culte de la noirceur. Vagabonds romantiques, les parents de Jimmy maîtrisent à merveille l'art du rétablissement. Ils ont le sens du plaisir volé, du risque grisant et de l'avenir riant. Comme Charlot, que les frères Dardenne vénèrent, avec leur kid, ils affrontent les temps modernes, et valaient bien une ruée vers la Palme d'or. — Marine Landrot