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-SUR LA PLAGE DE CHESIL, Dominic Cooke 2018, Saoirse Ronan, Billy Howle (societe)@
1962. Dans une Angleterre encore corsetée par des conventions sociales étouffantes, Florence et Edward, la petite vingtaine, viennent de se marier. Aussi inexpérimentés l'un que l'autre, ils passent leur première nuit ensemble dans un hôtel guindé sous l'œil un rien moqueur du personnel.

TELERAMA
Ian McEwan a lui-même adapté son livre. Il ne pourra donc pas hurler à la trahison, d’autant que Dominic Cooke, homme influent du théâtre anglais, a réalisé un film soigné, élégant, même. Le romancier et le réalisateur débutant ont eu bien du mérite, tant leur travail repose des pensées et des sentiments que seul le style d’Ian McEwan rendait féroces et tragiques…

Pour un couple en pleine nuit de noces, tout se joue le temps d’un mauvais repas dans un hôtel désespérant et d’une étreinte ratée qui vire au cauchemar. D’un geste aussi — attendu en vain par l’une, refusé par orgueil et bêtise par l’autre —, qui scellera leur destin.

On sent le poids des rapports de classe dans l’Angleterre du début des années 1960, la morgue infinie de la bourgeoisie. Ce que les images ne parviennent pas à ­exprimer, c’est la peur, voire l’aversion, de la jeune femme pour l’acte sexuel, et la maladresse de l’homme, aussi inexpérimenté qu’elle. L’ironie avec laquelle l’écrivain disséquait la frustration et la pudibonderie de l’époque faisait mouche et mal. Sur l’écran, par pure maladresse, la comédie vaude­villesque l’emporte… Le dénouement, presque plus beau que celui du roman, serait bouleversant si la prise de pouvoir soudaine d’une horde de maquilleurs hystériques et maladroits ne le rendait ridicule.