arpoma.com - Rep. / Data
(33 sur 137)   (liste)
◀◀         (33 sur 137)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
EMILY IN PARIS, Darren Star 2021, Lily Collins, Lucien Laviscount, Ashley Park (serie tv)@
Emily Cooper, jeune directrice marketing à Chicago, est engagée dans une célèbre agence de marketing parisienne afin de mettre sa perspective américaine au service de ses futurs clients.

TELERAMA
Dans “Emily in Paris”, à voir sur Netflix, Darren Star, le créateur de “Sex & the City”, envoie une jeune Américaine (Lily Collins) candide refaire sa vie sentimentale dans la capitale française. Entre serveurs imbuvables, cigarettes à la salle de sport et séducteurs pédants, une série très sucrée et bourrée de stéréotypes… qu’on n’arrive pourtant pas à détester tout à fait.

Dans les séries américaines, Paris ressemble souvent à une pub pour parfum avec loupiottes scintillantes et accordéons, marchés animés et cafés vintage en bord de Seine. Les personnages y prennent des lignes de métro imaginaires, passent de Bastille à Concorde au détour d’une rue, se déplaçant élégamment dans une carte postale qui n’a pas grand-chose à voir avec le quotidien de 90 % des habitants de la capitale. Les derniers épisodes de Sex & the City, en 2004, restent un sommet du genre, façon coulisses de fashion week. Son créateur Darren Star, amoureux de Paris, a décidé d’y tourner intégralement Emily in Paris, mise en ligne ce vendredi 2 octobre sur Netflix.

L’héroïne, Emily Cooper (Lily Collins), est une jeune Chicagoane envoyée dans la capitale par son employeur, une puissante société de marketing pour l’industrie du luxe, et chargée d’inculquer les « bonnes manières » à sa branche parisienne. Au menu : pains au chocolat, incompréhensions linguistiques, clash culturel et romance.

Une grosse meringue artificielle
La bande annonce d’Emily in Paris nous préparait au pire. La série serait à n’en pas douter le punching-ball de la critique française, un sommet de hate watching, cette pratique qui consiste à regarder un programme pour le seul plaisir (pervers) d’en dire du mal. Sa première saison ne « déçoit » pas, la caricature grotesque de la capitale est bien au rendez-vous…

Et pourtant, on peine à détester cette grosse meringue sérielle, artificielle de bout en bout, sauvée par l’énergie de l’écriture de Darren Star et le charisme de son interprète principale. On ne doute pas un instant de la sincérité du showrunner et de son amour pour Paris, où il réside dans les plus beaux hôtels, ne sortant jamais d’un périmètre allant du Panthéon (où habite Emily) à Opéra. Il s’amuse ici à y parachuter le cliché d’une Américaine – trop enthousiaste, trop souriante, trop entreprenante, trop premier degré... –, qui of course va joyeusement se casser les dents sur une population mondialement réputée pour sa mauvaise humeur.

À Paris, tout le monde a une maîtresse
Emily in Paris ressemble à un grand Loto des stéréotypes parisiens. Préparez-vous à cocher les cases : absence d’ascenseur, serveur désagréable, merde de chien sur les trottoirs, bidet dans la salle de bain, cigarettes jusqu’à la salle de sport, boulangerie rustique... La série bat des records quand elle s’attaque au mode de vie français vu d’Amérique : arrivée au bureau à 10h30, restaurant tous les soirs (« on travaille pour vivre, pas l’inverse », « sans plaisir, qui sommes-nous ? ») ; tout le monde a une maîtresse et c’est normal, les hommes sont des « séducteurs » pédants, clairement pas à jour sur #MeToo. Il faut un sacré sens du second degré et une bienveillance à toute épreuve envers nos amis d’outre-Atlantique pour garder ses nerfs.

L’impressionnante garde-robe d’Emily, qui coûte certainement quelques centaines de milliers de dollars, n’a aucune chance de rentrer dans sa chambre de bonne. Autour d’elle, tout le monde est incroyablement beau, soit très riche, soit intellectuel, soit chef cuisinier, soit artiste. À un tel degré de caricature, on est contraint de lâcher prise... Contre toute attente, on se laisse pourtant convaincre par l’énergie de Lily Collins, rapidement « attachiante », et par l’interprétation globalement correcte d’une distribution essentiellement française, qui joue en « vrai » français et non dans la purée francophone que servent souvent les séries américaines.

Côté clash des cultures, Emily in Paris est du niveau d’un débat lancé après quelques coupes de champagne au bar du Crillon. Mais un jeune public hexagonal en quête de sucrerie post-Gossip Girl y trouvera peut-être de quoi occuper un week-end pluvieux.