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kundera


Milan

Ludvik Jahn, étudiant et activiste communiste, est exclu du Parti, renvoyé de l'Université et enrôlé de force dans l'armée avec les « noirs » (déviants politiques et ennemis de classe du régime socialiste tchèque) pour avoir, dans une carte postale destinée à une jeune étudiante qu'il courtisait, inscrit une phrase au second degré : « L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive Trotski ! »
Roman polyphonique, il fait se croiser quatre destins ; outre celui de Ludvik, narrateur des deux tiers du livre, il donne ainsi la parole à son ancien meilleur ami Jaroslav, musicien attaché à la fois au socialisme —- par pragmatisme —- et aux traditions populaires de son pays la Moravie, dont il donne une description assez détaillée (en accord avec la conception du roman que revendique Kundera comme genre pouvant inclure tous les autres). La troisième narratrice est Helena, femme de Pavel, ancien ami de Ludvik mais qui avait été à l'origine de son exclusion du Parti, et que Ludvik séduit par vengeance, cherchant à s'approprier à travers ce corps donné la substance de celui qui l'avait défait. Enfin, une autre connaissance de jeunesse, Kostka, apporte à l'histoire un point de vue de croyant.
Le retour final de Ludvik dans sa petite ville natale (qui commence aussi le roman: "Ainsi, après bien des années, je me retrouvais chez moi") est l'occasion de la rencontre de la plupart des personnages, ainsi que d'une succession accélérée des narrateurs, dessinant comme la figure musicale de la "strette".

La Plaisanterie (titre original : Žert) est un roman de Milan Kundera publié en 1967, dont l'histoire se déroule dans la Tchécoslovaquie (Kundera emploie plutôt les appellations de Bohême et Moravie) de l'immédiat après-guerre jusqu'aux années précédant le Printemps de Prague.


Kundera a déclaré, en réaction aux lectures excessivement politiques du roman (paru en France après le Printemps de Prague), que La plaisanterie était essentiellement une histoire d'amour.
On peut, en outre, assez clairement y lire plusieurs idées (romanesques) qui resteront chères à Kundera. La multiplicité de points de vue, essentielle au roman, met en évidence à quel point nos intuitions sur autrui sont souvent biaisées, voire totalement fausses. C'est particulièrement le cas de l'amour (par exemple Héléna brûle d'amour pour ce Ludvik dont elle interprète aveuglement chaque geste cynique) et plus généralement de toutes les attitudes lyriques caractéristiques de la jeunesse, dont les traits principaux sont la bêtise, l'ignorance et l'esprit de sérieux (d'où le titre - toute l'histoire de Ludvik n'étant que la conséquence, très sérieuse, d'une plaisanterie).