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BIENVENUE A GATTACA, Andrew Niccol 1997, Ethan Hawke, Uma Thurman (science fiction)@@@
Dans un futur proche, notre société pratique l'eugénisme à grande échelle : les gamètes des parents sont triés et sélectionnés afin de concevoir in vitro des enfants quasi parfaits. Malgré l'interdiction officielle, les entreprises recourent à des tests ADN discrets afin de sélectionner leurs employés. Ainsi, les personnes conçues naturellement se voient reléguées à des tâches subalternes.

TELERAMA
Le film d’Andrew Niccol a 27 ans, mais sa société futuriste, régie par l’eugénisme, où les ADN “parfaits” dominent, est toujours aussi glaçante. Une partition en or pour un formidable trio d’acteurs, Ethan Hawke, Jude Law et Uma Thurman.

Bienvenue… dans une dystopie, même si ce mot n’était pas encore à la mode lors de la sortie du film, à la fin du siècle dernier. Andrew Niccol (qui poursuivra ensuite dans l’anticipation, de S1mOne à Anon) peint en effet un cauchemar élégant, librement inspiré d’un grand classique du genre, Le Meilleur des mondes, du Britannique Aldous Huxley. Où le progrès scientifique — ici, la possibilité de « parfaire » l’ADN des individus — façonne une société eugéniste et inégalitaire, où l’élite est réservée à ceux qui peuvent s’offrir ce luxe. La preuve avec Vincent (Ethan Hawke), un jeune homme intelligent et ambitieux, mais condamné à des tâches subalternes, parce qu’il est « naturel », c’est-à-dire conçu sans manipulations génétiques. Pour accéder à son rêve et devenir astronaute, Vincent doit donc tricher, et emprunter l’ADN d’un autre, Jerome (Jude Law), un sujet « amélioré », mais cassé par un accident, qui a besoin d’argent. Cheveux, empreintes, lentilles de contact : le déguisement est presque parfait.

Fable politique sur les fantasmes de pureté et leurs dérives fascisantes, et, plus largement, sur le déterminisme social, Bienvenue à Gattaca est aussi un formidable récit d’imposture, un thriller qui enserre les individus et leurs émotions dans la prison froide et clinique des images, angles durs et lumières bleutées de fond de laboratoire. Loin d’avoir vieilli, la performance farouche et tendue d’Ethan Hawke, le dandysme désespéré de Jude Law ou la fragilité d’Uma Thurman appartiennent encore à un futur glaçant.