arpoma.com - Rep. / Data
(196 sur 1467)   (liste)
◀◀         (196 sur 1467)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
CHRONIQUE D UE LIAISON PASSAGERE, Emmanuel Mouret 2022, Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne (sentimental)@@
Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n'éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité naissante.

TELERAMA
Une célibataire entreprenante et un homme marié entament une relation où l’avenir est d’emblée exclu. Emmanuel Mouret signe une comédie réjouissante, portée par des acteurs remarquables.

«On va boire un verre ou deux mais je ressens une envie irrésistible de faire l’amour avec toi. » Charlotte (Sandrine Kiberlain), bloody mary à la main, affiche la couleur sans rougir. Le film vient à peine de commencer. « Ça va vite, là », confirme son rencard, ­Simon (Vincent Macaigne). La quinqua enthousiaste, mère célibataire libre comme l’air, le suit chaque fois qu’il s’éloigne. Le quadra lent à la détente, marié avec enfants, avance et ­recule, déchiré entre son désir et sa peur du « bazar ». Chronique d’une liaison passagère démarre sur ce feu d’artifice, alimenté par la fantaisie charmante de deux ­acteurs exceptionnels — elle, radieuse et conquérante en « femme brute », lui émouvant car désarçonné en « homme délicat ».

Alors que Charlotte et Simon passent un contrat explicite – jouir sans entraves –, l’auteur chronique, au fil de leurs rendez-vous, une cristallisation que chacun sait inéluctable. L’intérêt de ce suspense éventé ? Son éblouissante sophistication.

Le onzième long métrage d’Emmanuel Mouret (Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait) évoque un Woody Allen grand cru – les clins d’œil à Annie Hall (1977) foisonnent –, mais aussi le Lubitsch de Sérénade à trois (1933) pour l’élégance ludique et cet art de ne penser qu’à « ça » sans verser dans l’égrillard. Il faut dire que le sexe, s’il figure au centre ou, plutôt, au cœur (et c’est bien là qu’est l’os !) du propos, ­demeure obstinément dans le hors-champ de l’image. Le réalisateur filme la parole en mouvement avec une invention constante, entraînant ce pas de deux « éroticomique » vers la mélancolie. Les choses qu’on ne dit pas, les choses qu’on rate… En attendant, même si c’était éphémère – mais l’était-ce vraiment ? –, on aura été très heureux.