LE QUAI DES BRUMES, Marcel Carne 1938, Jean Gabin, Michele Morgan, Michel Simon (societe)@@@
Un déserteur de la Coloniale arrive au Havre, espérant s'y cacher puis repartir à l'étranger. Dans la baraque du vieux Panama, où il trouve refuge grâce à un clochard, il rencontre le peintre fou Michel Kross, et une orpheline, Nelly, dont il tombe amoureux.
TEMERAMA
Le crépuscule sur les pavés mouillés, la fatalité qui poursuit Gabin et les beaux yeux de Morgan. Jean Renoir, qui goûtait peu le réalisme poétique de Carné, avait inventé une contrepèterie vacharde :« le cul des brèmes ». Injuste !
r Très Bien
On peut se demander comment une réplique aussi plate que « T’as de beaux yeux, tu sais » (même avec, en fond, la musique de Maurice Jaubert) est devenue aussi célèbre. Il faut dire que les yeux étaient ceux de Michèle Morgan et que la voix qui disait cette ineptie était celle de Gabin. Ça change tout.
Début étincelant, avec un Le Vigan magnifique. Avouons que l’histoire d’amour fatale, forcément fatale, entre un déserteur de l’infanterie coloniale et une pupille de la nation, désirée par quelques ordures, a pris un léger coup de vieux. Jean Renoir, qui savait être féroce, appelait Le Quai des brumes « le cul des brèmes », et peut-être n’avait-il pas tort. Gabin sera nettement meilleur et plus ambigu dans Gueule d’amour, de Grémillon, tourné la même année et, bien sûr, dans Le jour se lève, du même Carné, l’année suivante.
Reste Morgan, son béret et son ciré noirs. Un brin malhabile encore, mais déjà splendide.