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idir - a vava inouva (folklore arabe) 1976 (algerie)@
A Vava Inova (Mon Petit Papa)

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.

Le vieux enroulé dans son burnous
A l'écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S'instruisent des choses d'antan

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi

La neige s'est entassée contre la porte
L'"ihlulen" bout dans la marmite
La tajmaât rêve déjà au printemps
La lune et les étoiles demeurent claustrées
La bûche de chêne remplace les claies
La famille rassemblée
Prête l'oreille au conte

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi

Le texte est consacré à l'atmosphère des veillées dans les villages du Djurdjura, hauts perchés, et au mode de transmission de la culture kabyle ancestrale. Le refrain de la chanson est une allusion à un conte (une jeune fille sauvant son père prisonnier d'une forêt peuplée d'ogres et de fauves) illustrant succinctement ces récits traditionnels transmis oralement. Les deux couplets dressent deux tableaux de la maisonnée.

Un des tableaux zoome sur l'intérieur du foyer. Chaque membre est à sa place, autour du feu. Le fils préoccupé par la nécessité de subvenir aux besoins de la famille. Son épouse, la bru, qui, bien qu'affairée derrière son métier à tisser, écoute discrètement les récits et les enseignements qu'elle aura à transmettre à son tour plus tard. La doyenne et grand-mère, qui transmet le savoir et les contes aux petits enfants. Le doyen qui écoute lui aussi, drapé dans son burnous. Le second tableau dresse un panorama de cet agora, avec ces portes bloquées par la neige, cette maisonnée qui rêve du printemps, ces étoiles et cette lune qui se sont retirées derrière les nuages

A Vava Inouva (« mon papa à moi ») est une berceuse, composée par Idir et Mohamed Benhamadouche dit Ben Mohamed, pour Nouara. Nouara était une des premières chanteuses de la musique algérienne de langue kabyle à introduire de la musique moderne dans certains de ses titres. Suite à un empêchement de cette dernière, le titre fut interprété à la radio algérienne par Idir lui-même, jeune musicien encore complètement inconnu, accompagné par la chanteuse Mila. Le succès fut immédiat. La chanson galvanisa la population algérienne. L'orchestration en était très simple, associant essentiellement des guitares acoustiques aux voix, dans un style rappelant la musique folk telle qu'interprétée Joan Baez quelques années auparavant.

Franchissant la Méditerranée, elle constitua le premier succès algérien en Europe et le premier à être joué à la radio nationale française. Ce titre marqua l'entrée de la musique d'Afrique du Nord dans la world music4. La journaliste Catherine Humblot évoqua cette chanson dans les colonnes du journal Le Monde en 1978. Et vingt ans plus tard, en novembre 1996, Idir put jouer ce même titre au Zénith de Paris, devant la jeunesse de l'immigration qui en reprenait en chœur le refrain.
En Kabylie, la chanson fut là encore accueillie avec beaucoup d'émotion. Elle engendrait à la fois un sentiment de reconnaissance d'une tradition profondément ancrée et un sentiment de nouveauté. La chanson a également fourni un contrepoids subtil mais important au discours de l’État algérien, qui valorisait fort peu la culture berbère dans ses projets de modernisation.

A Vava Inouva (A Baba-inu Ba) est le titre d'une des premières chansons du chanteur algérien de musique kabyle Idir. Ce titre fait partie de l'album du même nom sorti en 1976. Il a eu un succès considérable en Algérie, en France et au-delà. Au son d'une guitare acoustique, sur une musique rappelant à la fois les mélodies berbères et la musique folk des années 1960 et 1970, le texte évoque les veillées dans les villages des montagnes kabyles, et la transmission orale des contes et enseignements traditionnels.