Shéhérazade op. 35, est un poème symphonique de Nikolaï Rimski-Korsakov créé à Saint-Pétersbourg le 3 novembre 1888 dans le cadre des Concerts symphoniques russes.
Shéhérazade est en quelque sorte à mi-chemin entre la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz (1830) et le poème symphonique "Les Préludes" composé par Franz Liszt en 1854. C'est une pièce en quatre mouvements comportant deux thèmes principaux : celui de Shéhérazade (violon et harpe) et celui du sultan (cuivres). Ils subissent tous deux des transformations expressives à l'image du thème de la femme aimée chez Berlioz. C'est en cela que cette pièce conserve certains critères habituels de la suite.
Cependant, son argument (les contes des Mille et une nuits) est plus proche du poème symphonique, en ce sens qu'il est moins précis que celui de la Symphonie fantastique. Il sert ainsi l'ébauche du futur poème symphonique. À cela il faut ajouter que le compositeur s'est toujours insurgé à ce qu'on fasse une lecture « habituelle » de cette œuvre, en y voyant par exemple des personnages évoluer et agir clairement. C'est tout à fait l'inverse de la démarche de Vivaldi dans sa partition des Quatre Saisons accompagnée de quatrains poétiques évoquant précisément le programme de chaque mouvement, ou de ce que fera Prokofiev dans Pierre et le Loup, avec des instruments représentant des personnages par le biais de thèmes récurrents.
Deux ans après la mort de Rimski-Korsakov, Michel Fokine crée, le 4 juin 1910, une chorégraphie pour les Ballets russes, utilisant une compilation de l’œuvre originale du compositeur.
Shéhérazade est un personnage de fiction du livre des Mille et Une Nuits. Le roi de Perse, Shahryar, fait exécuter sa femme pour cause d'adultère. Prétendant que toutes les femmes sont perfides, il décide d'épouser chaque jour une vierge qu'il fait exécuter au matin de la nuit de noces pour se venger. Shéhérazade, fille aînée du grand vizir, se porte alors volontaire pour faire cesser le massacre, et met au point un stratagème avec sa sœur cadette Dinarzade.
Après son mariage, le soir venu, elle raconte une histoire palpitante au sultan sans la terminer. Son époux veut alors tellement connaître la suite qu'il lui laisse la vie sauve pour une journée de plus. Ce stratagème dura pendant mille et une nuits au bout desquelles le sultan abandonne sa résolution et décide de garder Shéhérazade auprès de lui pour toujours, ayant reconnu ses qualités de cœur et d'esprit.