arpoma.com - Rep. / Data
(134 sur 285)   (liste)
◀◀         (134 sur 285)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
LE CAIMAN, Nanni Moretti 2006, Cecilia Dazzi, Silvio Orlando (societe)@@@
Bruno est au bord du gouffre. Il n'arrive plus à produire un film. Sa femme veut le quitter et il risque de perdre ses enfants, qu'il adore. Lors d'une des émissions-débats auxquelles il est encore invité, une femme lui confie son scénario, Le Caïman. Il va s'accrocher à ce nouveau film. Seul problème, Le Caïman est une biographie critique de Berlusconi, président du Conseil, propriétaire de toutes les télévisions privées et terreur de la Rai.

TELERAMA
Un producteur de série Z en pleine débine accepte un projet autour de Berlusconi. À la fois farce et mélo, un rappel à la raison et à l’engagement.
Cela débute par une pantalonnade. Cinéphile atypique qui a sans cesse lutté contre la « dictature du cinéma d’auteur », Bruno est un producteur de série Z qui s’en est toujours sorti. Aujour­d’hui, plus rien ne va. Son bras droit a démissionné. Et sa femme souhaite la sé­paration…
Une tragédie aux accents shakespeariens
Bruno, c’est l’Italie d’aujourd’hui, sa caricature. Un Latin charmeur, baratineur et truqueur, brutalement mis hors jeu. À l’image d’un pays d’opérette en plein marasme. Moretti a l’idée de faire le portrait de son pays en crise à travers la situation d’un homme. L’important, au fond, n’est pas tant Berlusconi que ce fameux « peuple » sur lequel le Cavaliere ne cesse de s’appuyer pour légitimer ses manœuvres. Moretti semble prendre son adversaire au mot : « Tenez, j’ai déniché un spécimen populaire, voyons comment il va se comporter… » Le Caïman crève l’abcès, se voulant un rappel à la réaction, à la raison et à l’engagement, également au sens physique du terme. Commencé dans la farce grossière, le film se ramifie, passe par des registres différents, y compris celui d’une tragédie aux accents shakespeariens, dévoilant soudain une forme perverse de fascisme démocratique.
À ce moment fantomatique, l’acteur Moretti refait surface, après s’être éclipsé pour la première fois d’une de ses fictions. Il incarne alors un Berlusconi dangereusement séduisant. Risque suprême et suprême loyauté que celle de se mettre dans la peau de son adversaire.