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THE SHAPE OF WATER, Daniel Kraus (science fiction)@
Elisa Esposito est muette. Elle travaille dans un laboratoire gouvernemental ultrasecret comme concierge. Elle mène une existence routinière et sans histoire mais sa vie bascule à jamais lorsqu'elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres : elle découvre l'existence d'une créature amphibie cachée dans l'un des bassins de l'établissement.

TELERAMA
Fin des années 1950, en pleine guerre froide. Muette, Elisa est une jeune femme rêveuse, qui travaille comme femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental tenu secret. Un agent à l’allure de milicien sadique y débarque un soir, accompagné d’une mystérieuse cargaison : une créature capturée dans un fleuve d’Amérique du Sud. La douce et téméraire Elisa entre vite en contact avec la créature. Laquelle s’exhibe sans gêne : il s’agit d’un homme-poisson, certes visqueux, pourvu de branchies, mais aussi joliment fuselé et musclé, à l’épiderme luminescent.

Vert d’eau, céladon, avec variantes de bleu, de kaki : le réalisateur, magicien baroque ami des monstres (Hellboy, Le Labyrinthe de Pan), se plaît à composer un camaïeu, autant qu’il s’amuse à multiplier les emprunts (de Jules Verne à Jean-Pierre Jeunet), à pasticher les films sur la guerre froide, à rendre hommage au cinéma fantastique de série B. Son film enveloppant déborde d’idées et de métaphores. Au risque parfois de la surcharge — musicale surtout. On reste néanmoins captivé par ce récit jonglant avec les genres, d’où émergent une histoire d’amour insolite et une ode à la différence, où l’union des bannis et des humiliés fait la force. Le monde décrit est sombre. On n’y voit quasiment jamais la lumière du jour. C’est pourtant un conte enchanteur.