Rose, 78 ans, vient de perdre son mari, l’homme de sa vie. C’est d’abord le vide, et beaucoup d’heures mal comblées devant la télé. Entre lit et canapé, Rose devient une petite dame grise, Rose se néglige. Mais quand sa fille (Aure Atika) la force à l’accompagner à un dîner chez des amis, voilà Rose, en pull fuchsia, qui sort de sa bulle, prend goût à la vodka et tombe en admiration devant l’insolente vitalité de la rescapée de la Shoah Marceline Loridan — merveilleuse Michèle Moretti, dans une apparition explosive. Et si Rose profitait du temps qui reste pour laisser refleurir sa féminité et sa fantaisie de Juive orientale ?
TELERAMA
Quel film pimpant que ce premier long métrage de la chanteuse Aurélie Saada (l’une des deux Brigitte) ! À la manière d’une partition pop mélancolique, il alterne sens de la fête et déprime sentimentale, au gré du regain de gourmandise et de sensualité de Rose, dont l’émancipation tardive sidère et inquiète ses enfants : à force de la voir comme une mère, ils ignoraient qu’elle était une femme. Plusieurs séquences charment particulièrement par leur pudeur exquise. Les moments burlesques séduisent aussi, à l’image de ce retour de soirée où l’héroïne s’écroule de tout son long dans l’entrée de son appartement. « Je ne tomberai pas plus bas », marmonne alors Françoise Fabian, géniale en phénix qui renaît de ses cendres.