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17 1-macchabees 11
Le roi d’Égypte rassembla une armée innombrable comme le sable qui est sur le bord de la mer, et de nombreux vaisseaux, et il cherchait à se rendre maître du royaume d’Alexandre par ruse et à l’annexer à son royaume.
Il s’avança donc vers la Syrie avec des paroles de paix ;les habitants des villes les ouvraient devant lui et accouraient à sa rencontre ; car le roi Alexandre avait ordonné d’aller au-devant de lui, parce qu’il était son beau-père.
Mais, dès que Ptolémée était entré dans une ville, il y laissait de ses troupes pour la garder.
Lorsqu’il approcha d’Azot, les habitants lui montrèrent le temple de Dagon brûlé, la ville elle-même et ses alentours en ruines, les cadavres épars et les restes de ceux qui avaient été brûlés dans la guerre ; car ils en avaient fait des monceaux sur la route.
Et ils racontèrent au roi ce qu’avait fait Jonathas, afin de le rendre odieux ; mais le roi se tut.
Jonathas se rendit auprès du roi à Joppé pour lui rendre hommage ; ils se saluèrent mutuellement et passèrent là la nuit.
Jonathas accompagna le roi jusqu’au fleuve nommé Eleuthère, puis il retourna à Jérusalem.
Le roi Ptolémée se rendit ainsi maître des villes maritimes jusqu’à Séleucie sur la mer, et il méditait de mauvais desseins contre Alexandre.
Il envoya des ambassadeurs au roi Démétrius, pour lui dire : « Viens, faisons alliance ensemble, et je te donnerai ma fille qu’Alexandre a épousée, et tu régneras dans le royaume de ton père.
Je me repens de lui avoir donné ma fille, car il a cherché à m’assassiner. »
Il le rabaissait ainsi parce qu’il avait envie de son royaume.
Ayant enlevé sa fille, il la donna à Démétrius ; dès lors il rompit avec Alexandre, et leur hostilité devint publique.
Ptolémée fit son entrée à Antioche, prit le diadème d’Asie, mettant ainsi sur sa tête deux couronnes, celle d’Égypte et celle d’Asie.
En ce temps-là, Alexandre était en Cilicie, parce que les habitants de cette contrée s’étaient révoltés.
Dès qu’il apprit la trahison de son beau-père, Alexandre s’avança contre lui pour le combattre ; le roi Ptolémée déploya son armée, marcha à sa rencontre avec de grandes forces, et le mit en fuite.
Alexandre s’enfuit en Arabie pour y chercher un asile, et le roi Ptolémée triompha.
L’Arabe Zabdiel trancha la tête à Alexandre et l’envoya à Ptolémée.
Le roi Ptolémée mourut trois jours après, et les Egyptiens qui étaient dans les forteresses furent tués par leurs habitants.
Et Démétrius devint roi, l’an cent soixante-sept.
En ces jours-là, Jonathas rassembla ceux qui étaient en Judée afin de s’emparer de la citadelle de Jérusalem, et il dressa contre elle beaucoup de machines de guerre.
Alors quelques hommes impies, qui haïssaient leur nation, allèrent trouver le roi Démétrius et lui rapportèrent que Jonathas assiégeait la citadelle.
A ce récit, Démétrius fut irrité ; dès qu’il l’eut entendu, il se hâta d’accourir à Ptolémaïs et il écrivit à Jonathas de cesser le siège de la citadelle et de venir immédiatement le trouver à Ptolémaïs, pour conférer avec lui.
Lorsque Jonathas eut reçu cette lettre, il ordonna de continuer le siège et, ayant choisi pour l’accompagner quelques anciens d’Israël et plusieurs prêtres, il s’exposa au danger.
Ayant pris avec lui de l’or, de l’argent, des vêtements et beaucoup d’autres présents, il se rendit auprès du roi à Ptolémaïs, et reçut de lui un accueil favorable.
Quelques hommes pervers de la nation portèrent contre lui des plaintes.
Mais le roi fit pour lui ce qu’avaient fait ses prédécesseurs : il le combla d’honneurs, en présence de tous ses amis,
lui confirma le souverain pontificat et toutes les distinctions qu’il avait précédemment, et le fit inscrire au nombre de ses premiers amis.
Jonathas demanda au roi d’affranchir de tout tribut la Judée et les trois toparchies de la Samarie, et il lui promit en retour trois cents talents.
Le roi y consentit, et il écrivit surtout cela à Jonathas une lettre ainsi conçue :
« Le roi Démétrius à son frère Jonathas et à la nation des Juifs, salut !
Nous vous adressons une copie de la lettre que nous avons écrite à votre sujet à Lasthénès, notre cousin, afin que vous la connaissiez :
« Le roi Démétrius à Lasthénès, son père, salut !
Nous avons résolu de faire du bien à la nation des Juifs, qui sont nos amis et observent ce qui est juste envers nous, à cause des bons sentiments qu’ils nous ont témoignés.
Nous leur confirmons et le territoire de la Judée et les trois cantons détachés de la Samarie peur être réunis à la Judée, savoir Ephraïm, Lydda et Ramathaïm avec toutes leurs dépendances ; en faveur de tous ceux qui vont sacrifier à Jérusalem nous faisons cette concession, au lieu des redevances qu’auparavant le roi recevait d’eux chaque année sur les productions du sol et les fruits des arbres.
Et tous les autres droits qui nous appartiennent, à dater de ce jour, soit sur les dîmes et les tributs qui nous appartiennent, soit sur les marais salants et les couronnes qui nous étaient dues,
nous leur en faisons encore remise complète. Il ne sera dérogé désormais et en aucun temps à aucune de ces faveurs.
Maintenant donc, prenez soin de faire une copie de ce décret, et qu’elle soit, donnée à Jonathas et déposée sur la montagne sainte dans un lieu apparent. »
Le roi Démétrius, voyant que le pays était en paix devant lui, et qu’il n’avait plus à vaincre aucune résistance, renvoya toute son armée, chacun dans ses foyers, à l’exception des troupes étrangères qu’il avait recrutées dans les îles des nations ; et ainsi toutes les armées de ses pères devinrent ses ennemies.
Tryphon, qui avait été auparavant un des partisans d’Alexandre, voyant que toute l’armée murmurait contre Démétrius, alla trouver l’Arabe Emachuel, qui élevait Antiochus, jeune fils d’Alexandre.
Il le pressa de le lui livrer, afin de le faire régner à la place de son père ; il lui raconta tout ce que Démétrius avait fait et la haine de ses troupes contre lui, et il demeura là un grand nombre de jours.
Jonathas envoya demander au roi Démétrius de retirer les troupes qui étaient dans la citadelle de Jérusalem et dans les autres forteresses de la Judée, parce qu’elles faisaient la guerre à Israël.
Démétrius fit répondre à Jonathas : « Je ne ferai pas seulement cela pour toi et pour ta nation ; mais je veux te combler d’honneurs, toi et ta nation, aussitôt que les circonstances le permettront.
Maintenant donc, tu feras bien d’envoyer des hommes à mon secours, car toute mon armée a fait défection. »
Jonathas lui envoya à Antioche trois mille hommes des plus vaillants ; ils se rendirent auprès du roi, qui se réjouit de leur arrivée.
Les habitants de la ville se rassemblèrent dans l’intérieur même de la ville, au nombre de cent vingt mille, voulant tuer le roi.
Le roi s’étant réfugié dans le palais, les habitants occupèrent les rues de la ville et commencèrent à combattre.
Alors le roi appela les Juifs à son secours ; tous ensemble se réunirent autour de lui, puis se répandirent à travers la ville ; ils y tuèrent ce jour-là environ cent mille hommes ;
ils brûlèrent la ville, firent en ce jour-là un butin considérable et délivrèrent le roi.
Voyant que les Juifs tenaient la ville à leur discrétion, les habitants perdirent courage et firent entendre au roi des cris suppliants :
« Accorde-nous la paix, et que les Juifs cessent de combattre contre nous et contre la ville ! »
En même temps, ils jetèrent leurs armes et firent la paix. Les Juifs acquirent beaucoup de gloire devant le roi et devant tous ceux qui étaient dans son royaume, et ils retournèrent à Jérusalem avec de riches dépouilles.
Le roi Démétrius put s’asseoir sur le trône de son royaume, et le pays fut en paix devant lui.
Mais il renia toutes les promesses qu’il avait faites ; il s’éloigna de Jonathan et ne réalisa pas les intentions bienveillantes qu’il lui avait témoignées, et il l’affligea beaucoup.
Après cela, Tryphon revint, amenant avec lui Antiochus, un jeune entant, et il le proclama roi et lui mit le diadème.
Autour de lui se rassemblèrent toutes les troupes que Démétrius avait licenciées ; elles combattirent contre ce dernier, qui prit la fuite et fut défait.
Tryphon s’empara des éléphants et occupa Antioche.
Alors le jeune Antiochus écrivit à Jonathan une lettre ainsi conçue : « Je te confirme dans le sacerdoce et je t’établis sur les quatre territoires, et te donne le rang d’ami du roi. »
Il lui envoyait en même temps des vases d’or et un service de table, avec l’autorisation de boire dans une coupe d’or, de se vêtir de pourpre et de porter une agrafe d’or.
Et il établit Simon, son frère, gouverneur du pays qui s’étend de l’Echelle de Tyr à la frontière d’Egypte.
Alors Jonathan sortit et se mit à parcourir le pays au-delà du fleuve ainsi que les villes ; et autour de lui se rassemblèrent, pour combattre avec lui, toutes les troupes de Syrie. Il vint donc à Ascalon, dont les habitants vinrent au-devant de lui, lui rendant de grands honneurs.
De là, il passa à Gaza. Les habitants lui ayant fermé leurs portes, il assiégea la ville, en brûla les alentours et les pilla.
Alors ceux de Gaza implorèrent Jonathan, et il leur accorda la paix ; mais il prit pour otages les fils de leurs chefs et les envoya à Jérusalem. Il parcourut ainsi la contrée jusqu’à Damas.
Jonathas apprit alors que les généraux de Démétrius se trouvaient à Cadès en Galilée, à la tête d’une armée nombreuse, avec l’intention de le détourner de son entreprise.
Il marcha contre eux, après avoir laissé son frère Simon dans le pays.
Simon s’avança vers Bethsur, l’assiégea pendant beaucoup de jours et la cerna.
Les assiégés lui ayant demandé la paix, il la leur accorda, les fit sortir de la ville, en prit possession et y mit une garnison.
Jonathas et son armée campèrent prés des eaux de Génésar, et le lendemain, dès l’aurore, ils pénétrèrent dans la plaine d’Asor.
Et voici que des troupes étrangères s’avançaient au-devant de lui dans la plaine, après avoir détaché contre lui une embuscade dans les montagnes, et elles marchèrent droit à sa rencontre.
Tout à coup les hommes de l’embuscade sortirent de leur cachette et engagèrent le combat ; et les gens de Jonathas prirent tous la fuite.
Personne ne resta, à l’exception de Mathathias, fils d’Absalom, et de Judas, fils de Calphi, généraux des troupes.
Alors Jonathas déchira ses vêtements, mit de la poussière sur sa tête et pria ;
puis il retourna contre eux au combat, les fit reculer et les mit en fuite.
A cette vue, ceux des siens qui s’enfuyaient revinrent auprès de lui, et tous ensemble ils poursuivirent l’ennemi jusqu’à Cades, où était son camp, et eux-mêmes campèrent en cet endroit.
Il périt ce jour-là trois mille hommes de troupes étrangères, et Jonathas retourna à Jérusalem.