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DRIVE MY CAR, Ryusuke Hamaguchi (road movie)@@@
Un acteur veuf et vieillissant cherche un chauffeur. L'acteur se tourne vers son mécanicien habituel, qui finit par lui recommander une jeune fille de 20 ans. Malgré leurs réticences initiales, une relation très spéciale se développe entre les deux.

TELERAMA
Mensonges, deuil, sensualité... Le film du réalisateur d’Asako I & II est un voyage hypnotique d’une grâce absolue.
Érotisme et mystère nimbent l’ouverture de Drive My Car. La femme est scénariste. Son mari est metteur en scène de théâtre. Leur lien est profond, renforcé par une épreuve qu’ils ont su surmonter. Peu après pourtant, le mari surprend sa femme dans les bras d’un autre, sans que celle-ci le sache. Il garde pour lui la terrible révélation. Mais un drame survient, qui serre davantage le nœud d’incertitude et de jalousie en lui.
Mensonges, long travail de deuil, tristesse… Assurément le sujet du film n’est guère souriant. Et pourtant quel plaisir, quelle volupté de suivre les méandres de cette construction sophistiquée, où plusieurs destins s’entrecroisent. Comme son titre le suggère, Drive My Car (« conduis ma voiture » ) donne à voir la route. En l’occurrence des trajets romanesques, un cheminement au sens large, autant géographique que mental. Un moment, le mari part travailler à Hiroshima où il a accepté de monter Oncle Vania. Le théâtre lui a assigné une jeune chauffeuse, qui parle peu mais conduit tout en douceur, depuis son adolescence où elle a appris à rouler, la peur au ventre, pour ne pas réveiller sa mère schizophrène, sur la banquette arrière. Entre la conductrice et son passager, une relation inédite s’instaure, ni amitié ni amour, sur la base d’échanges de plus en plus intimes.

Se laisser transporter, au sens propre comme au figuré, pour mieux affronter le passé, pour tenter de déchiffrer des secrets et des actes refoulés, mais aussi pour viser un horizon moins pesant, une possible reconstruction de soi. Voilà à quoi nous invite ce film splendide. Parce que les défunts occupent une place de choix ici, Drive My Car semble souvent au bord du surnaturel. C’est une hantise douce et triste, qui échappe à l’ordinaire, en donnant accès au monde intérieur des personnages.