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20 JOURS A MARIOUPOL, Mstyslav Chernov 2022, (documentaire guerre ukraine)@@@


Février 2022. Des reporters ukrainiens, piégés dans la ville assiégée de Marioupol, filment les atrocités de l'invasion russe. Au plus près des civils, Mstyslav Chernov livre un témoignage capital sur la réalité de la guerre qui déchire son pays.

TELERAMA
En février 2022, une équipe de journalistes ukrainiens de l'Associated Press, piégée dans la ville assiégée de Marioupol, filme les atrocités de l'invasion russe. Seuls reporters internationaux sur place, ils capturent ce qui deviendront plus tard des images marquantes de la guerre. Au plus près des civils, le réalisateur Mstyslav Chernov et son équipe, récompensés du prix Pulitzer, livrent un témoignage capital sur la réalité de la guerre qui déchire leur pays. Ils offrent un récit puissant et déchirant des civils pris au piège, ainsi qu'une réflexion sur la responsabilité d'un reporter en zone de conflit et sur l'impact d'un tel journalisme à l'échelle mondiale.
20 JOURS A MARIOUPOL, Mstyslav Chernov 2022, (documentaire guerre ukraine)@@@ (E)
Février 2022. Des reporters ukrainiens, piégés dans la ville assiégée de Marioupol, filment les atrocités de l'invasion russe. Au plus près des civils, Mstyslav Chernov livre un témoig ...

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355, Simon Kinberg 2021, Jessica Chastain, Penélope Cruz (thriller)


L'agente de la CIA Mason "Mace" Brown s'associe à une agente allemande rivale, une informaticienne de pointe et une psychologue colombienne lorsqu'une arme top secrète tombe entre les mains d'un groupe de mercenaires. Ensemble, les quatre femmes se lancent dans une mission effrénée pour sauver le monde tout en gardant une longueur d'avance sur une mystérieuse figure qui suit chacun de leurs mouvements.

TELERAMA
Déclinaison 100 % féminine et en talons aiguilles des blockbusters du type “Mission : Impossible”, le film de Simon Kinberg, produit par Jessica Chastain, ne renouvelle en rien le genre.

L'idée lui serait venue sur le tournage du dernier X-Men (Dark Phoenix, 2019). Pour rétablir un peu l’équilibre, mettre en pratique cette foutue parité post-#MeToo, affirmer, une fois encore, son indéniable « badasserie » dans un milieu toujours gangrené par le patriarcat et, pourquoi pas, palper au passage quelques millions de dollars à la barbe de la gent masculine, Jessica Chastain a vendu au scénariste et réalisateur Simon Kinberg le concept, moyennement original, d’un film d’espionnage cent pour cent féminin. Un Mission : impossible en talons aiguilles, un James Bond qui boirait du thé. Gary Ross avait déjà tenté le coup en 2018 avec Ocean’s Eight, déclinaison féminine, et très peu féministe, de la trilogie de Steven Soderbergh, avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Rihanna et Anne Hathaway en braqueuses en robes de soirée.

Le casting de 355, coproduction américano-chinoise, fait encore mieux question diversité (ou marketing, le doute persiste). Aux côtés de l’agente secrète de la CIA (Jessica Chastain), s’agrégeront une ancienne du MI-6 britannique (Lupita Nyong’o), une Franco-Allemande ayant eu maille à partir avec le KGB (Diane Kruger), une psychologue colombienne et mère de famille (Penélope Cruz) et une mystérieuse Chinoise (Fan Bingbing). Cinq femmes issues de différentes agences de renseignement, cinq personnages lourdement lestés en clichés.

Hormis la composition progressive, tout au long du film, de l’équipe de choc, affaire d’habitude réglée dans le premier quart d’heure, le cahier des charges jamesbondien (dernière période) est dupliqué au double chromosome X près : cascades à moto dans les passages couverts parisiens, chasse à l’homme dans un souk marocain, milliardaire tchétchène dragué lors d’une vente aux enchères, explosions dans un gratte-ciel de Shanghai, corruption et haute trahison au sommet de la hiérarchie et, bien sûr, menace d’une troisième guerre mondiale à cause d’un disque dur diabolique capable de contrôler à distance tout système électrique, de l’avion de ligne à la centrale nucléaire.

Côté mise en scène, on frise aussi l’overdose : les scènes de baston sont tellement découpées qu’elles deviennent illisibles, la caméra tournoie en permanence autour des actrices dès qu’elles se posent pour discuter, manger un couscous avec les doigts, ou boire un thé, sans oublier (tout est fait pour qu’on ne l’oublie pas) cet insupportable nappage musical ininterrompu qui dramatise à outrance la moindre scène, muette ou non. Le récit rebondit paresseusement, sans véritable surprise, vers un dénouement qui laisse présager que le film pourrait, en cas de succès, devenir une franchise… Pitié !

Comme cela nous l’est scolairement expliqué par le personnage de Jessica Chastain, le titre fait référence à l’Agent 355, surnom d’une espionne qui a sévi au XVIIIe siècle pendant la guerre d’Indépendance des États-Unis contre le Royaume-Uni. Était-ce la peine d’évoquer la mémoire de cette illustre pionnière dans un film de filles aussi bas du front que ceux des garçons ?
355, Simon Kinberg 2021, Jessica Chastain, Penélope Cruz (thriller) (E)
L'agente de la CIA Mason "Mace" Brown s'associe à une agente allemande rivale, une informaticienne de pointe et une psychologue colombienne lorsqu'une arme top secrète tombe entre les mains d'un groupe de mercenaires ...

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A 2000 METRES D ANDRIIVKA, Mstvslav Chernov 2025 (documentaire guerre ukraine)@@@


Un groupe de soldats ukrainiens a pour mission de traverser deux kilomètres de forêt occupés pour libérer des forces russes le village d'Andriivka. Un journaliste les accompagne, témoin des ravages de la guerre et de l'incertitude croissante quant à son issue.

TELERAMA
Les caméras posées sur les casques des soldats ukrainiens nous projettent au milieu du chaos. Toutes les dimensions humaines du conflit dans un regard documentaire inédit, par le réalisateur de “20 jours à Marioupol”.Features

Le cinéma ne devrait-il pas regarder plus souvent du côté de l’Ukraine et de la guerre qui y fait encore rage ? Il le fait avec ce documentaire qui nous précipite sur la ligne de front et, face à ces images terribles, on se demande si l’on ne va pas devoir baisser les yeux… Il faut pourtant voir À 2 000 mètres d’Andriivka, un film bouleversant et essentiel.

Le réalisateur oscarisé de 20 jours à Marioupol (2023) a livré une retentissante bataille pour l’image, à moins de deux heures de route de sa ville natale, Kharkiv. Pour reprendre le village d’Andriivka aux troupes russes, un bataillon ukrainien a reçu l’ordre d’emprunter le seul passage possible au milieu d’un champ de mines : une forêt qui dessine une bande de 2 000 mètres. Couvrir cette petite distance sera un enfer. Avec des caméras embarquées sur les casques des soldats, on plonge d’emblée au cœur d’un déluge de tirs d’artillerie, de grenades et de drones. Un chaos où se mêlent la technologie d’aujourd’hui et la guerre de tranchées, les écrans de contrôle et le garrot qu’il faut savoir poser pour qu’un blessé ne se vide pas de son sang.

La vie, aux portes de la mort
Nous sommes en septembre 2023, l’Ukraine vient de lancer une contre-offensive dont les résultats seront décevants. Par-delà ces circonstances, Mstyslav Chernov déploie une ambition différente de celles des reporters. Ce n’est pas de l’information qu’il veut partager avec nous mais la vie, aux portes de la mort. La proximité est inédite avec ceux qui se battent et interpellent leur ennemi : « Qu’est-ce que vous êtes venus foutre ici ? » « Je ne sais pas pourquoi on est là », répond un soldat russe fait prisonnier. À hauteur d’homme, la guerre en Ukraine nous saute aux yeux, tout à la fois plus concrète, plus décisive, plus absurde, plus barbare et plus noble qu’on pourrait le croire, parce que la solidarité entre les combattants ukrainiens y préserve une grandeur vaille que vaille. Toutes les dimensions humaines du conflit se trouvent rassemblées en un geste de cinéma inoubliable.
A 2000 METRES D ANDRIIVKA, Mstvslav Chernov 2025 (documentaire guerre ukraine)@@@ (E)
Un groupe de soldats ukrainiens a pour mission de traverser deux kilomètres de forêt occupés pour libérer des forces russes le village d'Andriivka. Un journaliste les accompagne, témoin des ravages de la gu ...

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ADOLESCENTES, Sébastien Lifshitz 20219, Emma Jaubert, Anaïs (societe)@@


Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage; sans se douter qu'il s'agit de sa propre soeur jumelle dont elle ignorait l'existence.

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De leurs 13 à leurs 18 ans, la réalisateur a suivi Anaïs et Emma, à Brive. Il raconte ces années décisives, le courage des deux jeunes filles pour afrronter la vie. César 2021 du meilleur documentaire.

L'une s’appelle Anaïs, l’autre, Emma. Elles sont amies et, pendant cinq ans, un documentariste les a suivies. Le résultat de ce travail patient donne le vertige, il est d’une complexité constante sous la spontanéité de la jeunesse. Car ces cinq années comptent double. Le brevet, le bac, les choix d’orientation, l’amour, la perte de la virginité… Leur histoire ne s’écrit qu’en lettres capitales. Un peu comme celle de la France qui, au même moment, traverse les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, puis voit l’élection d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.

Sébastien Lifshitz a su garder le cap tout au long de cette traversée mouvementée. Tout y est décisif. Les obstacles sont partout, facilement identifiables dans le milieu défavorisé d’Anaïs, et plus sournois dans celui, protégé, d’Emma. Chacune, au fil de ces années de formation, devra questionner son identité même. Cette vision empreinte de gravité ne met en accusation ni le système scolaire ni les parents. En suivant les demoiselles de Brive, Sébastien Lifshitz veut montrer leur solidité, leur courage face à l’adversité. Les voir s’affirmer contre vents et marées est rassurant, réjouissant, galvanisant. Et donne le sentiment d’avoir vécu avec elles, au fil du quotidien, une expérience essentielle. Ce documentaire a trouvé un écho mérité, jusqu’aux César 2021, où il a créé l’événement en étant six fois nommé et en remportant les César du meilleur documentaire, du meilleur son et du meilleur montage.
ADOLESCENTES, Sébastien Lifshitz 20219, Emma Jaubert, Anaïs (societe)@@ (E)
Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage; sans se douter qu'il s'agit de sa propre soeur jumelle dont ell ...

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AMERICAN NIGHT, Alessio Della Valle 2021, Jonathan Rhys Meyers, Jeremy Piven


John Kaplan, ancien faussaire devenu marchand d'art, a perdu à la fois sa galerie et sa petite amie. Vincent, son demi-frère, débarque avec une authentique toile disparue d'Andy Warhol : la Marilyn Rose. Qu'importe la façon dont cette toile est arrivée ici, John pense avoir enfin trouvé une solution à tous ses problèmes. Hélas, Michael Rubino, criminel et peintre raté, enlève son ex-petit amie. L'enjeu est clair : c'est le tableau contre la vie sauve de l'amour de sa vie.

TELERAMA
La réapparition à New York du "Pink Marilyn", le célèbre tableau d'Andy Warhol, provoque le chaos dans le monde de l'art contemporain. Michael Rubino, le nouveau chef de la mafia locale, ne reculera devant rien pour s'emparer de cette oeuvre qu'il convoite depuis des années. Mais, afin d'y parvenir, il devra se battre contre John Kaplan, un marchand d'art, Sarah Flores, une conservatrice de musée, et Vincent, un cascadeur. Commence alors une lutte impitoyable pour l'art, le pouvoir et l'argent...
AMERICAN NIGHT, Alessio Della Valle 2021, Jonathan Rhys Meyers, Jeremy Piven (E)
John Kaplan, ancien faussaire devenu marchand d'art, a perdu à la fois sa galerie et sa petite amie. Vincent, son demi-frère, débarque avec une authentique toile disparue d'Andy Warhol : la Marilyn Rose. Qu'importe la f ...

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ANNA, Luc Besson 2019, Sasha Luss, Helen Mirren (thriller science fiction)@@


Derrière sa beauté stupéfiante, Anna Poliatova dissimule une force et des aptitudes hors du commun qui font d'elle l'un des assassins les plus redoutés au monde. Sa nouvelle cible étant à Paris, elle entame sa mission sans renforts et avec les autorités internationales à ses trousses.

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En 1985, le KGB transforme une junkie moscovite en agent chic pour des missions chocs. Autour de ce clone de Nikita, un film d’espionnage divertissant.
Une fille et un flingue, « a girl and a gun » comme on dit à Hollywood, cette formule intemporelle du divertissement trouve en Luc Besson un serviteur éternellement passionné. Pour les fans de cinoche toujours prêts, comme lui, à retomber en enfance, Anna enchaîne des situations de thriller d’espionnage qui procurent un vrai plaisir. Sous les conventions, une obsession personnelle est à l’œuvre, fascination inépuisable pour la femme jeune, dangereuse et en quête de liberté. Même si elle est trop simple, cette image suffit à créer une héroïne attachante. Toute la tension est centrée sur celle qui l’interprète : avec son physique parfait, la top-modèle russe Sasha Luss semble un simple cliché. Mais Luc Besson voit en elle une actrice et, sous nos yeux, elle en devient une. C’est aussi ce qui fait le charme d’Anna.

Luc Besson voit désormais son nom systématiquement associé à l’accusation pour viol dont il fait l’objet, ainsi qu’aux déboires de sa société de production, plombée par l’échec commercial de son grand rêve, Valérian et la Cité des mille planètes (2017). Fragilisé, le cinéaste revient à ses fondamentaux avec un film d’action qui a tout d’un remake de Nikita (1990) et reflète la nostalgie d’une époque où le cinéma était, pour lui, une affaire plus insouciante. Situé, justement, entre 1985 et 1990, Anna raconte comment une junkie moscovite est transformée par le KGB en agent chic pour des missions chocs qui deviennent sa prison…

ANNA, Luc Besson 2019, Sasha Luss, Helen Mirren (thriller science fiction)@@ (E)
Derrière sa beauté stupéfiante, Anna Poliatova dissimule une force et des aptitudes hors du commun qui font d'elle l'un des assassins les plus redoutés au monde. Sa nouvelle cible étant à Paris, ell ...

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ANONYMOUS, Roland Emmerich 2011, Rhys Ifans, Vanessa Redgrave (theatre cape et epee)@


De Mark Twain à Charles Dickens en passant par Sigmund Freud, tous se demandent qui a réellement écrit les œuvres attribuées à William Shakespeare.

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La vérité, enfin, sur ce pantin de Shakespeare ! C'est ce que promettait Roland Emmerich en présentant son film sur Internet. Il allait déboulonner le monument du génie anglais, prouver que cet homme issu d'une famille d'analphabètes n'était l'auteur de rien. Une vieille polémique que le réalisateur d'Independence Day et de 2012 semblait avide de régler une fois pour toutes. Il fait donc de Shakespeare un acteur sans intérêt, un jouisseur seulement intéressé par le vin, les femmes et l'argent. Tellement minable qu'il accepte sans peine d'endosser, contre rémunération et honneurs, la paternité des piè­ces écrites par un grand esprit de l'ombre, le comte d'Oxford, Edward de Vere.

Cette théorie a été combattue avec des arguments sérieux, mais Emmerich esquive le débat. Au lieu de creuser les énig­mes et les contradictions de ce micmac littéraire potentiel, il enchaîne les intrigues chargées de toutes sortes de thèmes shakespeariens. Visuellement séduisant - il lorgne beaucoup sur la série à succès Les Tudor -, le film ne tient pas debout.
ANONYMOUS, Roland Emmerich 2011, Rhys Ifans, Vanessa Redgrave (theatre cape et epee)@ (E)
De Mark Twain à Charles Dickens en passant par Sigmund Freud, tous se demandent qui a réellement écrit les œuvres attribuées à William Shakespeare.

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La vérité, enfi ...

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ANTI-SQUAT, Nicolas Silhol 2023, Louise Bourgoin, Samy Belkessa (societe)@@


Inès est menacée de se faire expulser de chez elle avec Adam, son fils de 14 ans. À la recherche d'un emploi, elle est prise à l'essai chez Anti-Squat, une société qui loge des personnes dans des bureaux inoccupés pour les protéger contre les squatteurs. Son rôle : recruter les résidents et faire respecter un règlement très strict. Inès est prête à tout pour se faire embaucher et s'en sortir avec Adam.

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Inès, menacée d’expulsion avec son fils de 14 ans, est embauchée par Anti-Squat, une entreprise qui prône la protection de bâtiments vacants par l’occupation. Remarquablement interprété et mis en scène, ce film témoigne d’un monde ultralibéral qui prospère sur la misère.

Louise Bourgoin, impeccable Inès obligée d’agir à rebours des valeurs qu’elle défend. Kazak Productions
Menacée d’expulsion, Inès a besoin de décrocher un emploi stable pour ne pas se retrouver à la rue avec son fils de 14 ans, Adam. La trentenaire est prise à l’essai chez Anti-Squat, une entreprise qui, profitant d’une loi sur le logement bien réelle 1, héberge moyennant finances des résidents temporaires dans des immeubles vacants pour éviter qu’ils soient squattés. Son travail ? Être la gardienne d’un vaste ensemble de bureaux déserts dans la banlieue parisienne, recruter ses « locataires » et leur faire respecter un règlement draconien — pas d’enfants ni d’animaux, interdiction de recevoir plus de deux personnes ou de manger dans sa chambre, obligation de participer bénévolement à l’entretien des parties communes…

Inès est en quelque sorte la petite sœur d’Émilie, la responsable des ressources humaines incarnée par Céline Sallette dans Corporate (2017), le premier et déjà remarquable long métrage de Nicolas Silhol. Les deux jeunes femmes se révèlent les exécutantes plus ou moins zélées d’un système néolibéral qui prospère sur la misère et sur l’exploitation des précaires par moins précaires qu’eux. Deux salariées dont la réussite professionnelle dépend de leur capacité à refouler leurs scrupules — en d’autres termes, à être inhumaines, y compris quand des collègues ou des résidents sont dans la détresse…

L’étrangeté anxiogène des décors et la froideur assumée de la mise en scène, qui intègre avec habileté des images de vidéosurveillance, s’accordent parfaitement à la description d’un monde que l’on aimerait croire dystopique mais qui existe déjà ici et maintenant. Un monde où l’espoir viendra, peut-être, de la jeunesse : Adam a beau jeu de rappeler à Inès que son activité chez Anti-Squat bafoue les valeurs de solidarité qu’elle lui a inculquées. Les scènes de complicité puis d’affrontements entre l’adolescent révolté et sa mère sont particulièrement réussies, grâce au jeu ambivalent de Louise Bourgoin et à celui, plus explosif mais tout aussi convaincant, du nouveau venu Samy Belkessa. Deux beaux interprètes pour un thriller social qui secoue.
ANTI-SQUAT, Nicolas Silhol 2023, Louise Bourgoin, Samy Belkessa (societe)@@ (E)
Inès est menacée de se faire expulser de chez elle avec Adam, son fils de 14 ans. À la recherche d'un emploi, elle est prise à l'essai chez Anti-Squat, une société qui loge des personnes dans des bu ...

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BEAN, Mel Smith 1997, Rob Brownstein, Julia Pearlstein (comique)@


Le richissime général Newton a fait don à la Galerie Grierson de cinquante millions de dollars pour rapatrier aux Etats-Unis le chef-d'uvre de la peinture américaine.
BEAN, Mel Smith 1997, Rob Brownstein, Julia Pearlstein (comique)@ (E)
Le richissime général Newton a fait don à la Galerie Grierson de cinquante millions de dollars pour rapatrier aux Etats-Unis le chef-d'uvre de la peinture américaine. ...

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BIRDS OF PREY, Cathy Yan 2020


Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n'a d'autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman.

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Une superhéroïne déjantée s’associe avec des homologues féminines pour mettre hors d’état de nuire un ennemi qui veut s’en prendre à une jeune fille. Une nouvelle brique dans l’édifice cinématographique DC, plus orientée comédie et mauvais goût assumé.

Pour ceux qui ne maîtrisent pas leur DC Comics, sachez que Harley Quinn, la diplômée en psychiatrie, est la compagne du Joker, qu’elle a rencontré (dans les BD) à l’asile d’Arkham avant de devenir aussi timbrée que lui. Ou plutôt, elle était sa compagne, puisque ce film débute sur leur rupture. Pourquoi commencer cette critique avec cette précision peu féministe (une femme n’existe que par son compagnon) ? Parce que cette « fantabuleuse histoire » ne cesse d’évoquer ce fait, de le rappeler via la voix off, omniprésente et piailleuse, de son héroïne : je suis désespérée de cette rupture, je suis furax contre LUI, je veux m’émanciper de LUI, mais sans LUI et sa toxique protection, comment vais-je survivre contre tous les autres tordus de Gotham city ?

Pour exister, la demoiselle arlequin décide de prouver au monde à quel point elle est fondue. Face à elle, Ewan McGregor s’ennuie ouvertement à renouveler l’image du super vilain – pas Joker, un autre, dont l’activité préférée est d’arracher les visages de ses victimes. D’où sans doute l’interdiction au moins de 12 ans du film.

L’histoire ? Ah oui, on oubliait, et c’est normal tant elle est superfétatoire : un diamant ingéré par une petite pickpocket provoque un empilage, fatigant, de bastons au ralenti ou en accéléré, où Harley et d’autres pas drôles de dames balancent à répétition des coups de pieds dans l’entrejambe de tous les hommes à leur portée. Ou se lancent, à moto ou en roller, dans des courses poursuites à peine dignes des années 90. Le tout au son de tubes pop ou rock pas neufs, dont un carrément emprunté à la première version de Charlie’s angels par McG en 2000, qui passe, à côté, pour un parangon de féminisme pulp et pop.

Entre deux explosions de canons à paillettes, deux coups de batte dans le plexus, et des flashback censés dynamiter la narration mais accusant, en fait, la pauvreté du scénario, on a deux secondes pour bailler et se pincer : comment ce film dû à une scénariste, une réalisatrice et une productrice, peut, à ce point, être creux sur le sujet de la place de la femme dans la société et pervertir le concept de sororité ?

Déterminé, certes, à dénoncer la sentence du début – « Derrière chaque homme qui réussit se cache une meuf badass » –, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn prend la forme sans âme du revenge movie où chaque fille (une flic, une orpheline, une chanteuse, et Harley) se bat pour elle-même et contre les autres. Ce n’est que lors du dernier quart d’heure, que naît, enfin, une alliance de circonstances : il y a trop de mecs en face. Sororité cynique dont seule réchappe Black Canary, la chanteuse qui castagne par bonté d’âme et pour aider les copines. Quant au personnage de Harley, surjoué par Margot Robbie, il correspond exactement à cette réplique, déçue, de la jeune voleuse de diamant : « Je croyais pourtant que tu étais particulière… ». Non : seulement une créature de bruit et de fureur dans un objet « fantabuleux » comme un soda secoué.
BIRDS OF PREY, Cathy Yan 2020 (E)
Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. ...

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BLOW OUT, Brian De Palma 1981, John Travolta, Nancy Allen (thriller)@@


Jack, un ingénieur du son, sauve Sally, la passagère d'une voiture accidentée. L'étude de la bande-son révèle le bruit d'un coup de feu et non d'un pneu éclaté. Le conducteur de la voiture, un homme politique, était visé par un complot. Jack mène l'enquête, plus ou moins aidé par Sally. Il ne pourra pas empêcher l'exécution du témoin principal.

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Un preneur de son enregistre des bruits suspects. Difficile de ne pas penser à Hitchcock, à qui De Palma rend hommage une fois de plus. Brillant exercice de style.

Depuis Greetings, en 1968, on savait De Palma obsédé, traumatisé, par l’assassinat de John F. Kennedy, mythe fondateur de toute une génération et déclencheur de quantité de vocations d’artistes électrisés par sa capacité à fictionnaliser le réel. C’est une nouvelle fois ce crime irrésolu, et les multiples théories qui l’entourent, qui a inspiré à De Palma son histoire de preneur de son, témoin d’un accident de voiture, qui se transforme en enquêteur pour analyser les bruits suspects qu’il a enregistrés, à son insu, sur son magnétophone.

Plus qu’un décalque sonore du Blow up d’Antonioni, dans lequel un meurtre était élucidé à partir d’une photo, Blow out (le titre fait référence à « l’éclatement » d’un pneu) a pour matrice le fameux film d’Abraham Zapruder qui a filmé en direct l’éclatement du crâne de JFK à Dallas. Sans parler, évidemment, de Conversation secrète, que De Palma admirait plus que tout, au point d’être allé interviewer Coppola pour une revue américaine en 1973.

L’art de la citation, du dédoublement et de la mise en abyme, cher à l’auteur de Snake Eyes, atteint des sommets de virtuosité dans ce thriller paranoïaque à entrées multiples. Roi du mixage (de sons, d’images, d’influences), De Palma signe simplement l’un des meilleurs films américains des années 1980, magnifié par la photo « en couleurs en noir et blanc » de Vilmos Zsigmond.
BLOW OUT, Brian De Palma 1981, John Travolta, Nancy Allen (thriller)@@ (E)
Jack, un ingénieur du son, sauve Sally, la passagère d'une voiture accidentée. L'étude de la bande-son révèle le bruit d'un coup de feu et non d'un pneu éclaté. Le conducteur de la voi ...

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CASABLANCA, Michael Curtiz 1942, Humfrey Bogart, Ingrid Bergman (guerre sentimental)@@@


A Casablanca, pendant la Seconde Guerre mondiale, le night-club le plus couru de la ville est tenu par Rick Blaine, un Américain en exil. L'établissement sert également de refuge à ceux qui voudraient se procurer les papiers nécessaires pour quitter le pays. Lorsque Rick voit débarquer un soir le dissident politique Victor Laszlo et son épouse Ilsa, quelle n'est pas sa surprise de retrouver dans ces circonstances le grand amour de sa vie.

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1942, Casablanca. Pour l’amour d’une femme, un Américain sort de sa neutralité désabusée et aide deux résistants. Un de ces classiques qu’on ne cesse de revoir.

Dans ce café brumeux de Casablanca, au milieu de la Seconde Guerre, le port du voile intérieur est indispensable, pour cacher ses souvenirs et ne pas regarder l’avenir en face. Voilà pourquoi, au commencement, le patron, Rick, n’a pas de visage. Ce n’est qu’une main lasse et inquiète, dont la caméra capte les mouvements crispés au bas d’un chèque, puis sur une pièce de jeu d’échecs. Ilsa, la cliente qu’il ne veut pas voir, n’a d’yeux que pour d’autres mains, celles d’un pianiste qui joue un air ancien, aux parfums de madeleine de Proust. Évidemment, Ilsa et Rick se sont aimés autrefois, dans un Paris de carton-pâte dont les artifices ne font que renforcer la douleur onirique. Évidemment, leurs retrouvailles ne peuvent que secouer les murs d’une ville bâtie pour l’entre-deux…

Tourné en pleine guerre, ce classique du cinéma surprend d’abord par son ironie visionnaire : on y jette à la poubelle des bouteilles d’eau de Vichy, et la victoire de la Résistance paraît certaine. Mais c’est surtout la magie éternelle du couple Bogart-Bergman qui ébranle. L’actrice raconta que la grâce lunaire et chancelante de leur jeu venait de l’état d’incertitude dans lequel ils étaient maintenus en permanence. Leurs répliques étaient écrites au jour le jour, et le dénouement de l’histoire leur fut caché jusqu’au dernier moment. Dire qu’à l’origine les studios pensaient faire jouer ce couple mythique par Ann Sheridan et Ronald Reagan…
CASABLANCA, Michael Curtiz 1942, Humfrey Bogart, Ingrid Bergman (guerre sentimental)@@@ (E)
A Casablanca, pendant la Seconde Guerre mondiale, le night-club le plus couru de la ville est tenu par Rick Blaine, un Américain en exil. L'établissement sert également de refuge à ceux qui voudraient se procurer ...

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CHOEUR DE ROCKERS, Ida Techer et Luc Bricault 2022, Mathilde Seignier, Andrea Ferréol, Bernard Le Coq, Patrick Rocca (musical)@@@


Alex, chanteuse dont la carrière peine à décoller, accepte un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités. Elle découvre un groupe de séniors ingérables qui ne rêve que d'une chose, chanter du rock. La mission d'Alex va s'avérer plus compliquée que prévu avec la plus improbable des chorales.

TELERAMA
Porté par une solide BO rock anglo-française où Johnny Hallyday le dispute à Queen, ce premier long métrage d’Ida Techer sur une chorale de retraités a le bon goût d’un “feel good movie”, dopé par une belle brochette de personnages attachants.

Une chorale de retraités rockers… Sur le papier, ce premier long métrage d’Ida Techer – cosigné par Luc Bricault, assistant-réalisateur expérimenté – pouvait se placer sur les traces de l’affreux Sales Gosses (2017), farce du troisième âge dans une colo de seniors grossiers et / ou érotomanes. Ouf ! Il s’inspire en fait d’une histoire vraie, celle du groupe Salt and Pepper, chœur composé d’une quarantaine de membres âgés de 60 à 80 ans.

L’intrigue se déroule à Dunkerque, au bord de la Manche, comme pour mieux capter l’esprit des comédies sociales (The Full Monty, 1997) et des films juke-box (Good Morning England, 2009) venus d’Angleterre. D’où, surprise, une certaine authenticité prolétarienne, à l’image de la maison décatie de l’héroïne (Mathilde Seigner, plutôt à l’aise), prof de chant fauchée qui enchaîne les concerts de seconde zone avec son groupe de reprises.

Goûts musicaux du peuple
En dépit de ses limites évidentes, le scénario parvient à faire émerger de jolis personnages : la retraitée à la voix grave (Anne Benoît), le vieux séducteur qui ne chante pas l’anglais (Bernard Le Coq), la mamie folle du volant en 205 (Andréa Ferréol). Quant au politicard responsable de la chorale, il incarne une élite déconnectée projetant sur le groupe ses envies et ses préjugés pour en déduire les goûts musicaux du peuple.

Le film repose sur une solide BO rock (au sens large), émancipatrice et fédératrice, essentiellement anglo-française, de Johnny Hallyday à Queen, en passant par The Clash – mention spéciale à l’interprétation de Should I Stay or Should I Go. Chaque chanson doit entrer en résonance avec un moment ou un décor précis, ce qui donne lieu à des performances tantôt téléphonées (Antisocial en prison), tantôt aériennes (Space Oddity à l’église). Sans doute Chœur de rockers aurait-il mérité de déborder davantage du cadre du feel good movie, pour oser la franche comédie musicale.
CHOEUR DE ROCKERS, Ida Techer et Luc Bricault 2022, Mathilde Seignier, Andrea Ferréol, Bernard Le Coq, Patrick Rocca (musical)@@@ (E)
Alex, chanteuse dont la carrière peine à décoller, accepte un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités. Elle découvre un groupe de séniors ingérables ...

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COMPROMIS, Stephane Pezerat 2025, Pierre Arditi, Michel Leeb (theatre)@


Deux amis de trente ans sont dans un appartement vide : l'un est un comédien médiocre et l'autre un dramaturge raté. L'un vend son appartement et a demandé au second d'être présent lors de la signature du compromis, pour rassurer l'acheteur. En effet, même s'il écrit de très mauvaises pièces, il a un visage qui inspire confiance. C'est d'ailleurs sa grande qualité. En attendant l'acheteur, les deux amis parlent, se flattent, se taquinent et se moquent. Ils finissent par se lancer au visage ce qu'ils avaient gardé en eux depuis trop longtemps. Lorsqu'il arrive, l'acheteur assiste à un règlement de comptes, farcesque mais sans concession, entre les deux amis.
COMPROMIS, Stephane Pezerat 2025, Pierre Arditi, Michel Leeb (theatre)@ (E)
Deux amis de trente ans sont dans un appartement vide : l'un est un comédien médiocre et l'autre un dramaturge raté. L'un vend son appartement et a demandé au second d'être présent lors de la signatu ...

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COPACABANA, Marc Fitoussi 2010, Isabelle Huppert, Lolita Chammah (societe)@@


Inconséquente et joviale, Babou ne s'est jamais souciée de réussite sociale. Elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin quand elle découvre que sa fille a trop honte d'elle, et elle n'est donc pas invitée à son mariage. Babou se résout à vendre des appartements en multipropriété à Ostende, en plein hiver.

TELERAMA
Contrairement à ce que l'on serait tenté de penser, “Copacabana', de Marc Fitoussi, se déroule à Ostende en plein hiver. Une mère inconséquente (Isabelle Huppert) tente de reconquérir l'estime de sa fille (Lolita Chammah, sa fille dans la vie aussi), qui refuse de l'inviter à son mariage. Pour se refaire une image, elle trouve un travail… Au sommaire également de l’émission débat animée par Pierre Murat, Mathilde Blottière et Samuel Douhaire, la version écourtée du “Carlos” d'Olivier Assayas.
COPACABANA, Marc Fitoussi 2010, Isabelle Huppert, Lolita Chammah (societe)@@ (E)
Inconséquente et joviale, Babou ne s'est jamais souciée de réussite sociale. Elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin quand elle découvre que sa fille a trop honte d'elle, et elle n'est donc pa ...

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COUP DE TETE, Jean Jacques Arnaud 1979, Patrick Dewaere


Perrin, ayant perdu sa place dans l'équipe de football de la ville, perd également son emploi et son logement. Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, il perd enfin sa liberté. Pour peu de temps : par manque de joueurs qualifiés, il est sorti de prison pour aider son équipe à gagner son prochain match, ce qu'il fait en marquant les deux buts de son équipe. Il devient alors le héros de la ville et met les notables dans l'embarras : que faire de lui ? Perrin a plusieurs idées à ce sujet.

TELERAMA
Perrin, joueur de foot doué mais fort en gueule, est viré de son club, de son boulot… et emprisonné pour viol. Puis réengagé pour gagner un championnat. .Une peinture au vitriol de l’hystérie d’une petite ville de province.

Lors de son entraînement de football, le bouillant François Perrin blesse involontairement l’attaquant vedette du FC Trincamp. Or ce club amateur doit jouer les 16es de la Coupe… Perrin est aussitôt viré. Comme le président du club est aussi son patron, il perd son emploi à l’usine. Et finit par être accusé d’une tentative de viol dont il n’est pas coupable. Le voilà paria, victime d’une injustice.

Magouilles et scandales dans le foot ? A l’époque, on aurait pu croire à une caricature ; depuis, on a vu pire ! Veber et Annaud peignent au vitriol l’hystérie d’une petite ville lors d’une semaine de gloire et les traficotages de ses notables. Dewaere joue le rebelle avec conviction, brave type trop carré dans un monde où l’on doit savoir arrondir les angles. Les autres comédiens disent avec bonheur des dialogues drôles et crédibles. La scène de motivation dans les vestiaires à la mi-temps est un morceau d’anthologie. Bref, les ennemis du foot trouveront une confirmation à leur prévention, mais les fans ne peuvent que s’incliner devant la justesse du propos…
COUP DE TETE, Jean Jacques Arnaud 1979, Patrick Dewaere (societe)@@ (E)
Perrin, ayant perdu sa place dans l'équipe de football de la ville, perd également son emploi et son logement. Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, il perd enfin sa liberté. Pour peu de temps : par manque de j ...

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DOGMAN, Luc Besson 2023, Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs (thriller)@


Enfant, Douglas a été abusé par un père violent qui l'a ensuite jeté aux chiens. Au lieu de l'attaquer, ces derniers l'ont protégé et ils sont devenus ses alliés. Devenu adulte, encore traumatisé et menant une vie de marginal avec ses chiens, Douglas sombre peu à peu dans une folie meurtrière.

TELERAMA
Héros fracassés, dialogues naïfs, fusillades inévitables… on retrouve tout l’univers des années 1990 cher au réalisateur. Un immense fatras que la performance sincère de Caleb Landry Jones ne parvient pas à sauver.

enterrer trop tôt la carrière d’un homme puissant, malgré ses déboires tant commerciaux que judiciaires (1). Tourné dans une discrétion totale et présenté aux professionnels du marché de la Berlinale en février, son DogMan a vogué jusqu’à la lagune précédé d’une réputation de quasi-chef-d’œuvre que l’on mettra, maintenant qu’on a vu la bête, sur le compte d’un abus de schnaps.

Le film s’ouvre sur une citation de Lamartine : « Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien. » Pour Douglas (Caleb Landry Jones), Dieu a poussé jusqu’à la meute. L’ex-enfant martyr, handicapé depuis que son père lui a tiré dessus, vit en effet avec tout plein de toutous qui lui obéissent au doigt et à l’œil et, miracle, le comprennent mieux que les humains. Les premières minutes, après que la caméra a filé sur une route mouillée rappelant le début de Nikita (1990), posent l’intrigante étrangeté du protagoniste : quand la police arrête Douglas, il porte une robe rose, une perruque platine, et son maquillage dégouline, transformant la Marilyn en cousine tragique du Joker. Conduit au poste, le travesti en fauteuil roulant accepte, fort aimablement d’ailleurs, de raconter son histoire pas piquée des vers à une psychiatre raide comme l’injustice (Jojo T. Gibbs).

Montrer papatte blanche à l’ère #MeToo
Du chenil où l’avait encagé son paternel au drag show où il se produit à présent, Douglas déroule l’itinéraire d’un môme pas gâté, devenu mi-vengeur masqué, mi-Christ (lourdement) sacrifié sur l’autel de la violence masculine. On retrouve tout ce qui a fait le cinéma de Besson dans les années 1990, héros infantiles, science du décor (ici, un squat piégeux), dialogues naïfs (« Les chiens ne mentent jamais quand ils parlent d’amour ») et fusillades en clou du spectacle.

Lequel prend cette fois une opportune teinte queer qu’on n’avait pas vu venir, un peu comme s’il s’agissait de montrer papatte blanche à l’ère #MeToo. Il y a malgré tout, dans ce fatras citant Shakespeare, quelques séquences étonnantes, comme celle où, grimé en Édith Piaf et le visage cramé par la lumière, un Caleb Landry Jones chancelant assure le playback de La Foule. L’acteur texan, primé à Cannes pour Nitram en 2021, joue sa partition avec une sincérité accrocheuse pour qui ne craint pas le pathos.
DOGMAN, Luc Besson 2023, Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs (thriller)@ (E)
Enfant, Douglas a été abusé par un père violent qui l'a ensuite jeté aux chiens. Au lieu de l'attaquer, ces derniers l'ont protégé et ils sont devenus ses alliés. Devenu adulte, encore ...

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ENTRE LES LIGNES, Eva Husson 2023, Odessa Young, Josh O'Connor, Colin Firth (drame sentimental)@@@


1924, Beechwood en Angleterre. Jane Fairchild est la bonne d'une famille d'aristocrates, les Niven. À l'occasion de la fête des mères, ses patrons lui accordent une journée de repos. Jane profite de l'occasion pour retrouver son amant, Paul. Ce dernier est le fils des voisins des Niven et il est fiancé à Emma Hobnay. Les Niven qui ont perdu leur fils lors de la Première Guerre mondiale se réjouissent du futur mariage de Paul comme si celui-ci était leur propre enfant.

TELERAMA
Après Bang Gang et Les Filles du soleil, la réalisatrice Eva Husson change radicalement de cap, à bon escient, avec cette adaptation en anglais, dentelles comprises, du roman de Graham Swift, Mothering Sunday. Elle déploie un sens sophistiqué de la narration entre plusieurs époques, et une mise en scène voluptueuse, discrètement funèbre, pour suivre les amours d’un fils de famille et d’une petite bonne que le goût des livres, du sexe, mais aussi un deuil soudain vont transformer en écrivaine. Le film révèle la sublime Odessa Young dans le rôle de cette amante qui n’a d’ancillaire que la naissance, ici entourée d’une belle aristocratie de cinéma : Josh O’Connor, si singulièrement séduisant, Olivia Colman et Colin Firth, très émouvant. Un vrai drame romantique, élégamment douloureux.

Synopsis
En1924, à Beechwood, en Angleterre. Jane Fairchild est la femme de chambre d'une famille d'aristocrates, les Niven. A l'occasion de la fête des mères, ses patrons lui accordent une journée de repos bien méritée. Orpheline, Jane profite de cette aubaine inattendue pour filer retrouver son amant, Paul. Ce dernier est le fils des voisins des Niven, et il est fiancé à Emma Hobnay. Les Niven, qui ont perdu leur fils lors de la Première Guerre mondiale, se réjouissent du futur mariage de Paul comme si celui-ci était leur propre enfant. Quelques années plus tard, Jane, devenue écrivaine, est mariée à Donald, un philosophe...



ENTRE LES LIGNES, Eva Husson 2023, Odessa Young, Josh O Connor, Colin Firth (drame sentimental)@@@ (E)
1924, Beechwood en Angleterre. Jane Fairchild est la bonne d'une famille d'aristocrates, les Niven. À l'occasion de la fête des mères, ses patrons lui accordent une journée de repos. Jane profite de l'occasion pou ...

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EVAPORES (Johatsu Into thin Air), Arata Mori, Andreas Hartmann 2024 (societe japon)@


Chaque année, des milliers de personnes disparaissent sans laisser de traces au Japon. Connues sous le nom de Johatsu, ou "évaporées", elles abandonnent leur vie face aux difficultés rencontrées. Par le prisme d'une gérante d'une société de déménagements de nuit (yonige-ya), le film compose un portrait intime et sensible en forme de mosaïque décrivant un phénomène social touchant tous les milieux et nous invitant à une réflexion universelle sur notre rapport à la modernité.

TELERAMA
L'estimation varie selon les sources : 80 000 ? 90 000 ? 100 000 ? Toujours est-il que, chaque année, des dizaines de milliers de Japonais se soustraient à une existence devenue trop pénible, qu’ils croulent sous les dettes, soient menacés par la mafia, soient victimes de violences conjugales ou qu’une faute commise les expose à la honte. Alternative au suicide, le jōhatsu (« évaporation ») est un phénomène fréquent au Japon, où sont allés tourner Andreas Hartmann et Arata Mori, auteurs de ce documentaire composé de témoignages intéressants.

On y croise un homme fuyant ses créanciers, un jeune couple réfugié dans un love hotel, mais aussi une mère désespérant de retrouver son fils, butant sur une législation garantissant le droit de disparaître. S’il croise une grande variété de cas, Évaporés procède par petites touches, peinant à construire un propos qui se tienne tout à fait. Et l’on se dit qu’il eût sans doute été plus judicieux de suivre d’un bout à l’autre l’activité d’une de ces agences proposant aux candidats à l’évaporation toutes sortes de services, de l’évasion nocturne à la fourniture d’un logement, d’un emploi… À voir celle qui la dirige organiser des enlèvements pour ceux-là même qu’elle enlève, on ne doute pas qu’il y avait là matière à une narration plus forte, à un film plus prenant.

EVAPORES (Johatsu Into thin Air), Arata Mori, Andreas Hartmann 2024 (societe japon)@ (E)
Chaque année, des milliers de personnes disparaissent sans laisser de traces au Japon. Connues sous le nom de Johatsu, ou "évaporées", elles abandonnent leur vie face aux difficultés rencontrées. ...

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FARGO, Joel Coen 1996, Frances McDormand (thriller)@@


Quelque part dans le Minnesota, en plein hiver, Jerry Lundegaard, un minable vendeur de voitures, contacte un petit escroc, Carl Showalter, et son inquiétant compère, Grimsrud. Il leur demande d'enlever sa femme, Jean, dont le père, Wade, un richissime homme d'affaires, ne manquera pas de régler la rançon exigée. Les choses se gâtent quand ses complices abattent 3 témoins, dont un flic. La machine sanglante commence à s'emballer.

TELERAMA
Criblé de dettes, un vendeur de bagnoles veut faire enlever sa propre femme pour empocher la rançon. Avec une rare économie de moyens et un humour acide, les frères Coen filment la dérive de gens ordinaires pris dans la spirale de l’échec.

Un trou perdu du Minnesota. Jerry Lundegaard, directeur d'une concession automobile au bord de la faillite mais par ailleurs doté d'un riche beau-père, a l'idée de sa vie : faire enlever sa propre femme par deux tocards à qui le beau-père versera la rançon...

Fargo vaut d'abord par ses personnages. Dès lors qu'apparaît Jerry Lundegaard, sourire de hamster jovial contredit par un regard douloureux, on sait que ce benêt n'est pas né sous une bonne étoile. Tout le contraire du policier Marge Gunderson, épouse heureuse et future mère comblée, sorte de Droopy sanglé dans un uniforme... Jerry et elle ont la même obstination tranquille, qui aurait pu les réunir si le destin ne s'en était mêlé. Et c'est avec la même application jusqu'au-boutiste que les deux crétins kidnappeurs vont semer la désolation. Ainsi va Fargo, dans une horreur crescendo mais tranquille, ponctuée des gestes et des mots de tous les jours, d'un train-train de petites manies et de vieilles habitudes. Ces personnages simples pris dans la glace d'une situation inextricable, puis ces corps en morceaux dans une nature immuable finissent par dessiner une vraie tragédie, celle de la violence banale, donc fatale. On songe à Continents à la dérive, de Russell Banks : un jour, un type dérape, et la mort atroce est au bout du chemin. C'est la dérive des gens ordinaires, pris dans la spirale de l'échec : l'échec, ce vieux cauchemar américain.

FARGO, Joel Coen 1996, Frances McDormand (thriller)@@ (E)
Quelque part dans le Minnesota, en plein hiver, Jerry Lundegaard, un minable vendeur de voitures, contacte un petit escroc, Carl Showalter, et son inquiétant compère, Grimsrud. Il leur demande d'enlever sa femme, Jean, dont le ...

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FATAL ATTRACTION, Adrian Lyne 1987, Glenn Glose Michael Douglas (vo)(thriller)@@


Heureux en ménage, Dan Gallagher ne résiste pourtant pas au charme d'Alexandra Forrest, l'une de ses collaboratrices. Après un week-end en compagnie de la jeune femme, Dan réalise qu'il commet une erreur et met un terme à leur aventure passagère. Mais Alex ne l'entend pas de cette oreille. Folle de désir et de jalousie, elle se met à suivre Dan, à l'appeler à son domicile de jour comme de nuit. Son comportement devient de plus en plus intrusif et inquiétant.

TELERAMA
Dan traîne dans un cocktail avec sa femme Beth. Une femme le toise avec insistance et l’invite à prendre un verre. Sans plus, mais son sourire carnassier et ses yeux de braise ne trompent pas. Le week-end suivant, Dan laisse son épouse et sa petite fille partir seules en week-end : il doit participer à une réunion de travail. Et qui retrouve-t-il parmi les invités de ce séminaire ? L’inconnue du cocktail, dont le regard a la même fixité scrutatrice... Emballé, c’est pesé, Dan accepte de passer la nuit avec Alex. Une passade sans lendemain, pense-t-il. Erreur, répond-elle, tous crocs dehors.

Alors que brontosaures et tricératops envahissaient récemment les couvertures des magazines, un autre monstre cinématographique faisait la une des journaux américains, il y a six ans : la femme vengeresse, briseuse de couple. Psychiatres et sociologues accumulaient les théories, tâchant d’expliquer l’engouement du public pour ce mélodrame sanguinolent. On remercia même Adrian Lyne, auteur de Flashdance et de Neuf Semaines et demie, d’avoir réalisé le premier film de l’ère du sida. Le compliment était un peu excessif et tiré par les cheveux : jamais il n’est question de la maladie, les risques que court Michael Douglas sont ici plus moraux et psychiques que médicaux. Le cinéaste s’est à l’évidence contenté de suivre le fil, très mince, d’une intrigue vaudevillesque qui tourne au vinaigre. Tour à tour bouleversant et grotesque, le film ne peut pas laisser indifférent.
FATAL ATTRACTION, Adrian Lyne 1987, Glenn Glose Michael Douglas (thriller)@@ (E)
Heureux en ménage, Dan Gallagher ne résiste pourtant pas au charme d'Alexandra Forrest, l'une de ses collaboratrices. Après un week-end en compagnie de la jeune femme, Dan réalise qu'il commet une erreur et met u ...

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FOURMI, Julien Rappeneau 2019, Francois Damiens, Andre Dussolier, Ludivine Sanier, Maleaume Paquin (sport)


Le jeune Théo, surnommé "Fourmi", aimerait redonner de l'espoir à son père, Laurent, un grand gaillard solitaire et désabusé par la vie. L'occasion se présente quand Théo est sur le point d'être recruté par un grand club de soccer anglais.

TELERAMA
Dans son club de foot, il se fait remarquer par sa grande agilité et sa petite taille : encore haut comme trois pommes malgré ses 12 ans, Théo (campé par l’étonnant Maleaume Paquin) a été surnommé Fourmi. Tout un programme pour le réalisateur Julien Rappeneau, qui, après Rosalie Blum (2015), réaffirmait son talent pour les miniatures. Quand Théo dribble sur le terrain, le plan fourmille de détails. Ici, son père, Laurent (François Damiens), qui a trop souvent la gueule de bois. Là, Claude (André Dussollier), l’entraîneur sérieux comme un pape, flanqué d’un neveu qui l’appelle Tonton, se passionne pour la pâtisserie et, au lieu de suivre le jeu, distribue des gâteaux.

La comédie se niche dans les détails. Et le scénario, adapté d’un roman graphique (Dream Team, de Mario Torrecillas et Artur Laperla), compose avec patience une belle mosaïque : dans son petit club, Fourmi est repéré par le recruteur d’un grand club, et pour aider son père, qui a tellement besoin de trouver l’espoir ailleurs qu’au fond d’un verre, le gamin dit qu’il a été engagé. Un mensonge qui fera beaucoup de ricochets, tous orchestrés avec une précision d’horloger et un amour infini pour les personnages secondaires, la minutie du trait. En semant ses plans com­me des graines, le film parle de grandir, quand on est fils comme quand on est père...
FOURMI, Julien Rappeneau 2019, Francois Damiens, Andre Dussolier, Ludivine Sanier, Maleaume Paquin (sport) (E)
Le jeune Théo, surnommé "Fourmi", aimerait redonner de l'espoir à son père, Laurent, un grand gaillard solitaire et désabusé par la vie. L'occasion se présente quand Théo est ...

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GISCARD ET L EUROPE chronique d un reve inacheve (documentaire)


GISCARD ET L EUROPE chronique d un reve inacheve (E)
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GOUTTE D OR, Clement Cogitore 2022, Karim Leklou, Ahmed Benaissa (societe drame)@


Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d'or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L'arrivée d'enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu'insaisissables, vient perturber l'équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu'au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.

TELERAMA
À Barbès, un “médium” doué en affaires prospère, puis chavire. L’exploration onirique d’un quartier parisien sous tension.
Il s’appelle Ramsès et la Goutte d’Or est son royaume. Au pied du métro Barbès, ses rabatteurs appâtent le client, distribuant par milliers des petits papiers imprimés d’une promesse : « Médium ». Ramsès reçoit, dans une pénombre travaillée à la bougie, des endeuillés prêts à payer en liquide pour des nouvelles de leurs chers disparus. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise, d’ailleurs ses concurrents du quartier, voyants et autres « professeurs » d’origines diverses, lui reprochent de rafler leurs parts de marché. Ramsès s’en fiche, business is business.

Sa prospérité s’explique : il est bon, bluffant même. On jurerait que les morts lui parlent pour de vrai — d’une mamie retrouvée dans l’au-delà, d’une maison aux volets bleus, de souvenirs précieux, d’amour et de pardon. Le soir, dans un gymnase, Ramsès se produit en public, micro en main, mystifiant des familles éplorées de ses murmures consolateurs. « Je fais des petits spectacles. Quand les gens sont contents, ils reviennent », résume en coulisses le mage qui ne croit pas à la magie. Car il y a un truc, évidemment, une arnaque bien huilée que Goutte d’Or révèle habilement, sans hâte, sans rire, et que l’escroc n’a aucune envie de raconter aux gamins de Tanger qui font irruption dans sa vie. Moineaux livrés à la rue, à la drogue, à la violence, ils ont eu vent de ses talents et, au moins aussi effrayants que Les Oiseaux de Hitchcock, exigent qu’il retrouve un copain envolé.

Tension et atmosphère semblent d’abord ancrer le film sur le terrain connu du polar social —on pense au cinéma de Jacques Audiard, dont le complice, Thomas Bidegain, figure au générique en tant que consultant au scénario. Qui a vu Ni le ciel ni la terre, son premier long métrage de fiction (2015), le sait pourtant : Clément Cogitore, plasticien, metteur en scène et documentariste, a les pieds dans le réel et la tête ailleurs. Tordant le bras au film de guerre, il y confrontait déjà un territoire précis — une zone de désert montagneux à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan — à une menace invisible, surnaturelle, semant la panique tant chez les soldats français que chez les talibans. Point de terreur, ici, mais l’exploration fiévreuse, hallucinée presque, d’un arrondissement parisien en mutation, un coin du 18e populaire allant de Barbès à la porte de la Chapelle, entre trottoirs bondés et colossaux chantiers d’urbanisation, misère noire des mineurs exilés et inéluctables lendemains gentrifiés. Et un même goût pour le mystère, l’inexplicable, du fantastique à bas bruit, tenu hors champ, qui contamine le récit de son étrangeté.

En accordant une vision incroyable à Ramsès le mécréant, arroseur arrosé, Goutte d’Or le fait chavirer, et Paris avec lui. La ville se charge d’étincelles, transformant l’arrière-boutique d’une épicerie indienne en fonderie clandestine et un chantier à l’arrêt en tombeau à ciel ouvert. L’envoûtant ballet de bulldozers du début, sur une musique signée Couperin, rappelle l’oxymore à l’œuvre dans Les Indes galantes, où Cogitore mariait danses nées du hip-hop et tubes baroques de Rameau. Le réalisateur nimbe la dureté de Goutte d’Or d’une beauté onirique, tandis que l’excellent Karim Leklou, tout en opacité, colère et cynisme rentrés, troque la tristesse mesquine de son personnage contre la possibilité d’un émerveillement. Un rai de lumière dans les ténèbres.
GOUTTE D OR, Clement Cogitore 2022, Karim Leklou, Ahmed Benaissa (societe drame)@ (E)
Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d'or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L'arrivée d'enfants ...

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GRAND CENTRAL, Rebecca Zlotowski 2013,Tahar Rahim, Léa Seydoux (drame sentimental)@@


Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole, la femme de Toni, son superviseur. L'amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary.

TELERAMA
Engagé dans une centrale nucléaire, un jeune homme commence une dangereuse histoire d’amour. Un deuxième film brillamment dialogué et interprété par Léa Seydoux et Tahar Rahim.

Si les films étaient projetés sans générique, il n’est pas sûr qu’on aurait reconnu en Grand Central, brillant mélodrame dont l’intrigue se situe chez les travailleurs du nucléaire, la patte de la jeune réalisatrice Rebecca Zlotowski, révélée il y a trois ans par Belle Épine. Ce premier film était mutique, volontiers mystérieux dans la progression du récit ; le deuxième est brillamment dialogué, très habile dans sa capacité à faire vivre ses personnages, extrêmement rigoureux dans la montée de la tension dramatique. Presque l’exact opposé…

On y croit dès la première scène, quand Gary (excellent Tahar Rahim) rejoint une équipe d’intérimaires à l’œuvre dans une centrale nucléaire. Boulot de chien, qui ne s’exerce que par intermittence tant la contamination menace. Intégré au groupe des ouvriers qui logent sur le site, Gary découvre une petite communauté attachante et singulière. Dont Karole, la femme de Toni : Léa Seydoux incarne avec douceur et aplomb cette femme fatale malgré elle. Cheveux courts, minishort et débardeur cachent à peine un corps sensuel. Désormais, le danger est partout. À l’intérieur de la centrale, où la moindre inattention suffirait à mettre en danger sa santé ou celle de ses camarades ; le long des mobile homes qui la bordent, où le désir peut tout à coup dresser les nouveaux amis les uns contre les autres.

Rebecca Zlotowski excelle dans les scènes de groupe : sorties collectives, repas en commun, hommes au travail. Les formidables « seconds rôles » (Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau, etc.) y trouvent de quoi jouer, et ces moments évoquent le cinéma français d’antan — le Renoir d’avant-guerre, par exemple. Mais jamais l’évidente cinéphilie de Rebecca Zlotowski n’altère les qualités dramatiques de Grand Central, poignante tragédie populaire.

À
GRAND CENTRAL, Rebecca Zlotowski 2013,Tahar Rahim, Léa Seydoux (drame sentimental)@@ (E)
Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole, la femme de Toni, son superviseur. L'amour ...

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HAPPY FEW, Antony Cordier 2010, Marina Foïs, Elodie Bouchez, Roschdy Zem, Nicolas Duvauchelle (moeurs)@


Rachel travaille dans une boutique de bijoux. Lorsqu'elle rencontre Vincent à l'atelier, elle est séduite par son franc-parler et décide d'organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck et Teri. Les deux couples ont à peine le temps de devenir amis qu'ils tombent presque aussitôt amoureux. Sans l'avoir cherché, spontanément, les nouveaux amants deviennent inséparables. Ils avancent à l'aveugle dans leur passion, sans règles et sans mensonges.

TELERAMA
Tentative, certes ambitieuse, de proposer une vision moderne de l’adultère avec une infidélité croisée et acceptée entre deux couples amis. Malheureusement, une morale bien molle rend le tout carrément tarte.

Que veut montrer Antony Cordier ? L’adultère mode d’emploi des quadras 2010 ? Leur nouvel ordre moral ? Ou leurs désillusions, genre Claude Sautet moderne ? Peu importe puisque tout cloche dans ce deuxième film du réalisateur remarqué de Douches froides. Les corps infidèles n’ont pas l’air d’exulter, même lorsque Marina Foïs découvre l’amour vache.

Tout devient carrément tarte, lors d’une scène où les deux couples font l’amour ensemble dans la farine ( !). Pas l’amour à quatre, attention, chacun avec son partenaire extraconjugal et sans regarder à côté : bien « sagement », si l’on peut dire. Un adultère bourgeois, la fécule en plus… On s’en amuse, et, pourtant, il n’y a pas de quoi rire : tout cela est très sérieux, comme le démontre la fin de cette infidélité croisée. Tout se délite, lorsque l’un des couples infidèles découvre que l’autre lui a caché quelque chose. C’est vrai, c’est pas bien d’avoir des secrets pour son mari quand on le trompe ! En gros, Happy Few nous explique qu’il n’y a point de salut hors de l’adultère organisé. Une morale bien morne. Chez Sautet, le désenchantement amoureux avait plus de gueule, et la chair était moins triste.
HAPPY FEW, Antony Cordier 2010, Marina Foïs, Elodie Bouchez, Roschdy Zem, Nicolas Duvauchelle (moeurs)@ (E)
Rachel travaille dans une boutique de bijoux. Lorsqu'elle rencontre Vincent à l'atelier, elle est séduite par son franc-parler et décide d'organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck et Teri. Les de ...

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HAUT LES COEURS, Antoine Garceau 2025, Antoine Garceau, Alizee Costes (social sentimental)@@


En 2024, Pablo, 60 ans, va épouser la femme de sa vie. Quarante ans plus tôt, en 1985, la Cantine Solidaire vient d'ouvrir ses portes pour la première fois en banlieue parisienne afin de servir des repas aux plus démunis. Gabrielle, 19 ans, étudiante en médecine décide de rejoindre les bénévoles et de s'engager contre l'avis de ses parents. Elle y rencontre Malika, 20 ans étudiante en marketing, militante dans l'âme et bénévole également. Ainsi qu'un bénéficiaire, Pablo, enfant de la DDASS, SDF et musicien de rue qui deviendra bénévole à son tour et dont toutes deux vont tomber amoureuses...

TELERAMA
Pablo, 60 ans, raconte son histoire à sa petite-fille. Elle commence en 1985, alors que, musicien fauché, il fait une rencontre cruciale : celle de Malika et Gabrielle…

C'est le jour J : Pablo, 60 ans, est sur le point de se marier. Mais avant, il va raconter son histoire à sa petite-fille Thelma. Celle-ci commence en 1985, alors que Pablo a 20 ans et qu’il fait la manche avec sa guitare. Ayant intégré le petit groupe des bénévoles et des bénéficiaires de la Cantine solidaire, une association qui distribue des repas aux démunis, il y fait deux rencontres déterminantes. Celle de Malika, une jeune fille issue d’un milieu modeste avec qui il noue une liaison. Et celle de Gabrielle, qui cherche à s’émanciper de sa famille très conservatrice. Au sein de ce triangle amoureux naîtra un enfant : Victor, le père de Thelma…

Alain Bashung, les Restos du cœur, les Rita Mitsouko, Mitterrand… Les références nostalgiques à l’ambiance des années 80 sont nombreuses dans ce téléfilm. Mais elles ne viennent jamais encombrer une histoire qui, si elle a recours à quelques facilités scénaristiques, se révèle finalement aussi sincère qu’émouvante. En particulier grâce à son attachant trio de protagonistes, (anti-)héros au grand cœur emportés dans une spirale de sentiments et d’idéaux contradictoires. Une jolie réussite.

HAUT LES COEURS, Antoine Garceau 2025, Antoine Garceau, Alizee Costes (social sentimental)@@ (E)
En 2024, Pablo, 60 ans, va épouser la femme de sa vie. Quarante ans plus tôt, en 1985, la Cantine Solidaire vient d'ouvrir ses portes pour la première fois en banlieue parisienne afin de servir des repas aux plus d&eacut ...

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JAQUELINE SAUVAGE c etait lui ou moi, Yves Rénier 2018, Muriel Robin, Olivier Marchal (drame moeurs)@


47 ans de mariage. D'abord une histoire d'amour, comme il y en a tant d'autres, puis, très vite, les insultes, les coups, l'engrenage de la violence. L'homme à qui Jacqueline Sauvage a confié sa vie l'a transformée en enfer, régnant sur le foyer en véritable tyran. Il abat sa violence sur Jacqueline qu'il blesse, qu'il torture au quotidien, mais aussi sur leurs enfants qu'il humilie, qu'il frappe, qu'il terrorise. Tous partagent le même sentiment paralysant : la peur.

TELERAMA
Le 10 septembre 2012, vers 19 heures, Jacqueline Sauvage abat son mari de trois balles dans le dos. Condamnée à dix ans de prison, elle voit sa peine confirmée en appel : la sexagénaire ne réussit pas à convaincre les jurés qu’elle a tué l’homme qui la battait depuis quarante-sept ans pour ne pas mourir, elle. A son corps défendant mais avec l’aide de deux vibrionnantes avocates, elle incarne pourtant la cause des femmes battues, au point de convaincre François Hollande de lui accorder une grâce partielle, puis une libération anticipée.

Construit sur des allers-retours entre le prétoire et des scènes de la violence conjugale ordinaire (insupportables mais nécessaires), ce téléfilm épouse la cause de Jacqueline Sauvage avec la même ferveur que celle qui, à l’époque de son procès en appel, avait saisi l’opinion publique. Le réalisateur ne s’embarrasse d’aucune nuance, ni ne cherche à explorer les zones d’ombre d’un cas judiciaire complexe. Porté par un scénario solide, Yves Rénier décrit avec justesse l’emprise qu’un homme violent exerce sur ses proches, jusqu’à donner au film une valeur pédagogique. Muriel Robin est marmoréenne.

JAQUELINE SAUVAGE c etait lui ou moi, Yves Rénier 2018, Muriel Robin, Olivier Marchal (drame moeurs docu fiction)@ (E)
47 ans de mariage. D'abord une histoire d'amour, comme il y en a tant d'autres, puis, très vite, les insultes, les coups, l'engrenage de la violence. L'homme à qui Jacqueline Sauvage a confié sa vie l'a transformé ...

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JUGE COUPABLE, Clint Eastwood 1999, Clint Eastwood, Diane Venora (thriller)@@


Cabochard, amateur de femmes et de boissons fortes, Steve Everett, grand reporter qui avoue son penchant immodéré pour les sujets chocs, finit par se faire licencier du New York Time. Il échoue sur la côte Ouest à l'Oakland Tribune. Il est chargé de reprendre une enquête interrompue après la mort accidentelle d'une jeune collègue. Cette dernière était chargée de couvrir l'exécution d'un criminel noir, Frank Beechum, qui est condamné pour le meurtre d'une caissière.

TELERAMA
Un condamné à mort et un journaliste usé et porté sur le bourbon pour le sauver. Intrigue pas neuve, suspense nonchalant… Quel intérêt trouver alors à ce petit thriller ? Justement, qu’Eastwood prenne élégamment son temps.

Un homme va mourir, un autre enquête pour le sauver. Schéma typique de thriller, en général créateur de suspense. L'enquête, c'est ici ce qu'il y a de moins intéressant. On a le sentiment qu'Eastwood fait son film « contre » l'intrigue. Steve Everett cherche à peine. Du coup, il reste du temps. La mise en scène dilate des séquences sans raison. D'action, il n'y en a pas, ou si peu. La plus spectaculaire a lieu au zoo, au cours d'une visite aussi rapide que celle du Louvre dans Bande à part, de Godard.

Eastwood ne se prive pas d'éreinter la presse, de railler la religion et de pointer l'indifférence vis-à-vis des laissés-pour-compte. Tout cela sans rien asséner. Malgré une course contre la montre finale un peu trop conforme aux lois du genre, on garde en mémoire le portrait d'un homme infantile et largué qui livre sa dernière croisade.
JUGE COUPABLE, Clint Eastwood 1999, Clint Eastwood, Diane Venora (thriller)@@ (E)
Cabochard, amateur de femmes et de boissons fortes, Steve Everett, grand reporter qui avoue son penchant immodéré pour les sujets chocs, finit par se faire licencier du New York Time. Il échoue sur la côte Ouest & ...

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KIKI LA PETITE SORCIERE, Hayao Miyazaki 1989,(animation japon)@


Comme toutes les sorcières qui atteignent l'âge de 13 ans, Kiki doit quitter ses parents et s'établir pendant un an dans une autre ville, en exerçant un métier lié à son état de sorcière. Dans la ville de Koriko, la jeune et espiègle Kiki, accompagnée de son chat noir Jiji et aux côtés de Osono, une gentille boulangère qui lui propose un emploi, va commencer une activité de livraison de colis en volant sur son balai.
KIKI LA PETITE SORCIERE, Hayao Miyazaki 1989,(animation japon)@ (E)
Comme toutes les sorcières qui atteignent l'âge de 13 ans, Kiki doit quitter ses parents et s'établir pendant un an dans une autre ville, en exerçant un métier lié à son état de sorci&e ...

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L AMOUR ET LES FORETS, Valerie Donzelli 2023, Virginie Efira, Melvil Poupaud (drame sentimental)@@


Quand Blanche croise le chemin de Greg, elle croit rencontrer celui qu'elle cherchait. Les liens qui les unissent se tissent rapidement, leur histoire s'écrit dans l'emportement. Blanche fait taire ses appréhensions, s'éloigne de sa famille, de sa soeur jumelle, pensant se réinventer.

TELERAMA
La réalisatrice adapte un roman d’Éric Reinhardt et signe son meilleur film depuis “La guerre est déclarée”. Ce récit sur les violences conjugales convoque Demy et Hitchcock et pulvérise le réel par sa stylisation. Virginie Efira brille face à Jekyll-Poupaud.

Le patronyme trompe son monde, qui fait de Grégoire Lamoureux un amoureux par définition (Melvil Poupaud). Tel un prince, il séduit Blanche (Virginie Efira), l’épouse et la déracine : au revoir la côte normande, Rose la sœur jumelle et le bleu de la mer ; bonjour les mystères de l’Est, Metz, Nancy et leurs profondeurs d’émeraude.

L’Amour et les forêts s’ouvre sur cette esquisse de conte auquel ne manque que le loup. Lequel va sortir du bois et percer sous la peau du mari, puisque le film, adapté du roman d’Éric Reinhardt, narre un enfer conjugal… En s’aventurant du côté du thriller, Valérie Donzelli réussit son meilleur film depuis La guerre est déclarée (2009). Sur un scénario coécrit avec Audrey Diwan (L’Événement), qui tord le cou au récit d’origine, elle pulvérise le réel et préside à la collision d’univers disparates — Demy, Hitchcock, avec un zeste flamboyant de giallo à la Argento —, en procédant par éclats de couleur. Très Dr Jekyll et Mr Hyde, Melvil Poupaud transforme le « mec parfait » en hideux « petit monsieur », jusqu’à s’effrayer face à son miroir. Dédoublée comme en écho à Madeleine Collins (Antoine Barraud, 2021), prof de lettres comme dans Les Enfants des autres (Rebecca Zlotowski, 2022), Virginie Efira arrive à ce stade d’une carrière où les beaux rôles dialoguent les uns avec les autres. Star de proximité, elle oscille ici entre l’ombre et la lumière avec mille variations subtiles.
L AMOUR ET LES FORETS, Valerie Donzelli 2023, Virginie Efira, Melvil Poupaud (drame sentimental)@@ (E)
Quand Blanche croise le chemin de Greg, elle croit rencontrer celui qu'elle cherchait. Les liens qui les unissent se tissent rapidement, leur histoire s'écrit dans l'emportement. Blanche fait taire ses appréhensions, s'é ...

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L ATELIER, Laurent Cantet 2017, Marina Fois (societe social)@@


La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d'écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l'aide d'Olivia, une romancière connue. Le travail d'écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n'intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l'anxiété du monde actuel, il va s'opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire.

TELERAMA
Une autrice de polars parisienne (Marina Foïs, formidable) est fascinée par un jeune désœuvré de La Ciotat, prêt à basculer dans la violence (la révélation Matthieu Lucci). Un beau portrait d’une jeunesse aux motivations troubles.

Antoine, bel adolescent mutique et solitaire de La Ciotat, cultive sa misanthropie en nageant seul dans l’eau bleu marine et contemple ses muscles dans la glace entre deux jeux vidéo guerriers. Il a accepté de suivre un atelier où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une autrice parisienne reconnue.

Depuis ses premiers films, Laurent Cantet se passionne pour les classes sociales dans lesquelles les individus sont enfermés. La classe, de collège cette fois, était le sujet même d’Entre les murs, Palme d’or en 2008. Avec L’Atelier, le cinéaste révèle, dans le sud de la France, d’autres jeunes, plus vrais que nature, et tous épatants. Mais c’est bien sur Antoine que le réalisateur resserre son objectif, comme Olivia, l’intellectuelle, braque son regard sur lui : leur duo, leur duel devient l’enjeu du film. À la fois préoccupée et fascinée par le jeune homme qui aime les armes et adhère aux discours nationalistes, elle tente même de s’en inspirer pour un prochain livre. Plus elle essaie de l’amadouer, plus Antoine se referme.

Et L’Atelier tourne, ainsi, au film noir : la mise en scène réaliste devient baroque. Sous la lune, la mer et les rochers prennent une superbe dimension poétique. Jusqu’à ce discours final d’Antoine, bouleversant, sur l’acte gratuit, qui évoque fortement L’Étranger, de Camus. C’est ce que ce grand film politique réussit à saisir : les motivations troubles d’une jeunesse qui a « le soleil dans les yeux » et qui, par ennui, par dégoût, pourrait tuer… Une jeunesse qu’il va falloir écouter, sans la juger, à la manière de Laurent Cantet.
L ATELIER, Laurent Cantet 2017, Marina Fois (societe social)@ (E)
La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d'écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l'aide d'Olivia, une romancière connue. Le travail d'& ...

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L IMMENSITA, Emanuele Crialese 2022, Penelope Cruz, Luana Giuliani (moeurs metoo transgenre)@@@


Rome dans les années 1970. Dans la vague des changements sociaux et culturels, Clara et Felice Borghetti ne s'aiment plus, mais sont incapables de se quitter.

TELERAMA
À Rome, dans les années 1970, une femme trouve joie et tendresse auprès de ses enfants, tandis que son mari infidèle la traite comme une potiche. Coup de cœur pour cette bulle affective où l’on retrouve Penélope Cruz au top, entre rires et larmes.

Dès les premières scènes, c’est le coup de cœur… Parce qu’on est à Rome, dans les années 1970, et parce que Clara et ses trois enfants mettent la table en dansant. Dans la joie produite par cette chorégraphie avec assiettes plates, un mot de passe nous est donné : la complicité. Elle est spontanée, décontractée, mais les sentiments les plus forts s’y engouffrent, l’amour partagé, la plénitude protectrice. Cette vibration intense est au cœur de L’immensità, qui explore la relation de la mère avec l’aînée de la fratrie, Adri. Deux femmes coupées en deux.

La resplendissante Clara, merveilleusement joueuse, est en effet aussi une potiche comme les aime son époque, une poupée que son mari sort en société pour parader et trouver de nouvelles maîtresses… Combien de temps la maman comblée pourra-t-elle cacher qu’elle est une épouse malheureuse ? Et combien de temps Adri devra-t-elle cacher que, si elle se donne des airs de garçon manqué, c’est parce qu’elle en est vraiment un, même si elle est née fille ? Sous la loi du mari ou sous la loi du père, chacune a un combat à mener. Mais elles préfèrent s’évader en regardant les émissions de variétés à la télévision, au risque de perdre pied dans la réalité…

On devine les origines autobiographiques de cette chronique familiale si singulière et si expressive. Que le réalisateur Emanuele Crialese (Respiro, Terraferma) soit bel et bien devenu l’homme qu’il se sentait être n’est cependant qu’un détail, une information que son film ne donne d’ailleurs pas. L’important est dans la parenthèse qu’ouvre le bonheur partagé avec une mère de rêve, idéalement et subtilement interprétée par Penélope Cruz. Pour raconter cette bulle affective qui est à la fois intimiste et immense, le film aussi se coupe en deux. Il développe des scènes spectaculaires, parfois même grandioses, comme celle où les enfants se perdent dans le sous-sol d’une villa, symbole d’une recherche de l’identité souterraine… Mais il reste aussi au plus près des visages, pour faire vivre des portraits poignants, le temps d’un arrêt sur un moment éphémère et inoubliable de la vie.
L IMMENSITA, Emanuele Crialese 2022, Penelope Cruz, Luana Giuliani (moeurs metoo transgenre)@@@ (E)
Rome dans les années 1970. Dans la vague des changements sociaux et culturels, Clara et Felice Borghetti ne s'aiment plus, mais sont incapables de se quitter.

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À Rome, dans les années 1970, une femm ...

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LA BATAILLE DE SAN SEBASTIEN, Henri Verneuil 1968, Antony Quinn (guerre western histoire)@@


Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans un Mexique sous domination espagnole, un hors-la-loi pris malgré lui pour un prêtre aide les habitants d'un village à reconquérir leur liberté.

TELERAMA
Mexique, 1750. Un bandit devenu prêtre défend un village contre une tribu indienne. Verneuil a très bien mis en scène les séquences d’action, sans négliger l’aspect psychologique du personnage (Anthony Quinn, dont on note la sobriété inhabituelle).

Au milieu du XVIIIe siècle, à Chihuahua, au Mexique. Poursuivi par les troupes gouvernementales, le rebelle Leon Alastray est hébergé et soigné par un vieux père franciscain, le père Joseph. Ce dernier est envoyé dans le village de San Sebastian, où il emmène Alastray. Après un long trajet à travers le désert, les deux hommes atteignent enfin San Sebastian, où une violente attaque des Indiens yaquis vient de se produire. Le père Joseph est tué par un pillard, et Alastray, habillé en franciscain, est pris par les habitants pour le prêtre qu’ils attendaient…

Henri Verneuil a manifestement tenté de retrouver le style et le succès des Sept Mercenaires, de célèbre mémoire et auxquels on ne peut s’empêcher de penser, ne serait-ce qu’en raison de la présence de Charles Bronson. Comme Les Sept Mercenaires, La Bataille de San Sebastian est l’histoire d’un village qui va faire face à ses agresseurs habituels et combattre pour sa liberté. À cet argument du scénario s’ajoute celui du bandit que l’on prend pour un prêtre et qui, peu à peu, s’amendera.

Plus habitué à diriger Gabin qu’Anthony Quinn, Henri Verneuil n’a pas démérité et même si plus d’une fois on regrette que les rapports d’Alastray avec les bandits ou les Indiens n’aient pas plus de relief, la bataille finale reste un spectaculaire morceau de bravoure, digne des réussites américaines du genre. Anthony Quinn, que l’on a parfois connu inégal, parvient à donner à son personnage une véritable intensité, son jeu semblant d’ailleurs par moments curieusement inspiré de certains acteurs japonais.
LA BATAILLE DE SAN SEBASTIEN, Henri Verneuil 1968, Antony Quinn (guerre western histoire)@@ (E)
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans un Mexique sous domination espagnole, un hors-la-loi pris malgré lui pour un prêtre aide les habitants d'un village à reconquérir leur liberté.

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LA CIBLE, Peter Bogdanovitch 1968, Tim O'Kelly, Boris Karloff (drame thriller)@


Tandis que l'acteur Byron Orlok annonce sa retraite au grand désespoir du réalisateur Sammy Michaels, un jeune homme, Bobby, vétéran du Viêtnam et assureur, se prépare à commettre une série de meurtres, tuant d'abord sa femme puis sa mère.

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Un vieil acteur de films d’épouvante annonce sa décision de prendre sa retraite. Parallèlement, un jeune Américain se met à flinguer tout ce qui bouge… C’est Roger Corman qui offrit à Peter Bogdanovich, critique de cinéma, de réaliser ce film, son premier, mais sous conditions : il utiliserait ­Boris Karloff — qui « devait » deux jours de tournage à Corman ! — et recyclerait les chutes de The Terror, film de Corman avec Karloff. Non seulement Bogdanovich remplit le contrat, mais il construisit deux intrigues, qui se commentent l’une l’autre, pour aboutir à une réflexion en miroir : celle, ­cinéphile, sur l’évolution de l’angoisse au ­cinéma, et celle, prémonitoire, sur une nouvelle forme de violence dans la société.

Pour le personnage du tueur lisse, élevé dans le culte des armes, Bogdanovich s’inspire de Charles Whitman, un sniper qui ­venait de traumatiser l’Amérique en tuant quatorze personnes. L’acteur a donc bien raison de se comparer à une antiquité de la peur, en comparaison de tels faits divers. Bogdanovich finit par les confronter dans un drive-in, lors d’une grande scène de mise en abyme. Ou comment un tueur fou panique à la vue d’un personnage de fiction horrifique… De ce film glacé, on retient aussi un superbe gag : un plan improvisé par Karloff où l’acteur est effrayé par son reflet dans la glace.
LA CIBLE, Peter Bogdanovitch 1968, Tim O Kelly, Boris Karloff (drame thriller)@ (E)
Tandis que l'acteur Byron Orlok annonce sa retraite au grand désespoir du réalisateur Sammy Michaels, un jeune homme, Bobby, vétéran du Viêtnam et assureur, se prépare à commettre une sé ...

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LA LUTTE DES CLASSES, Michel Leclerc 2019, Edouard Baer, Leila Behkti (social)@@


Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d'origine maghrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l'âme, cultive un manque d'ambition qui force le respect !

TELERAMA
Michel Leclerc, le cinéaste du “Nom des gens”, confronte les idéaux d’un couple de bobos au réel. Et signe un film malin et plein d’espoir.

Dix ans après Le Nom des gens, leur comédie sur l’engagement — à gauche toute —, Michel Leclerc et Baya Kasmi continuent le combat. Depuis toujours, Paul (Édouard Baer, baerissime !) emmerde le système… qui le lui rend bien. Il vit avec Sofia (Leïla Bekhti, parfaite), brillante avocate qu’on aurait qualifiée de « beurette » dans les années Mitterrand. Ils élèvent leur fils selon des principes d’ouverture d’esprit, de tolérance et d’alimentation bio. Mais quand ils déménagent à Bagnolet, leurs certitudes percutent la grande mixité de l’école publique du quartier. Parce que leurs potes passent à l’ennemi (l’école privée), Paul et Sofia vont durcir leur position, jusqu’à risquer de mettre leur couple, et leur fils, en danger. Le monde devient fou ? Oui, et si on ne fait pas attention la catastrophe guette, prévient Michel Leclerc.

Sans moralisme, il guide Paul et Sofia vers le chemin de la réconciliation. À l’aide d’un scénario à l’humour malin qui s’amuse à retourner les clichés ou à les confronter à une réalité absurde. De quoi la peur se nourrit-elle ? De l’ignorance plus que des différences. On pourrait reprocher aux scénaristes d’enfoncer des portes ouvertes, mais leur propos échappe au manichéisme grâce à la poésie qui s’invite ici ou là, sur un air de Jeanne Cherhal. Tant qu’il y a de l’amour, de l’humour — et des luttes à mener —, il y a de l’espoir.
LA LUTTE DES CLASSES, Michel Leclerc 2019, Edouard Baer, Leila Behkti (social)@@@ (E)
Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d'origine maghrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l'âme, cultive un manque d'ambition qui ...

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LA SEPARATION 1905, Francois Hanss 2005, Pierre Arditi, Claude Rich(docu fiction)


La loi promulguant la séparation de l'Eglise et de l'Etat célèbre en 2005 son centième anniversaire. A cette occasion, le réalisateur François Hanss propose de revivre ce débat-fleuve, qui dura plus de dix mois et occupa quarante-huit séances à la Chambre des députés. Depuis l'hémicycle du Palais Bourbon, il met en scène le débat parlementaire de l'époque, interprété par des comédiens tels que Pierre Arditi, Claude Rich, Jean-Claude Drouot, Michael Lonsdale, Pierre Santini et Jacques Gallo. Les textes, écrits par Bruno Fuligni, sont directement inspirés des comptes-rendus officiels de ces discussions. Un prologue, des intermèdes et un épilogue permettent de mieux appréhender les enjeux de l'époque et de mieux cerner la portée de cette loi sur la laïcité.

TELERAMA
Noble ambition que d’avoir voulu rendre accessibles les débats qui, en 1905, opposèrent les députés de la Chambre et permirent l’adoption de la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Ce docu-fiction donne à entendre les arguments des uns et des autres, brillants orateurs : ceux d’Aristide Briand, rapporteur de la loi, et ceux de Jean Jaurès, mais aussi ceux de leurs contradicteurs, démocrates-chrétiens, royalistes vendéens et anticléricaux d’extrême gauche.
LA SEPARATION 1905, Francois Hanss 2005, Pierre Arditi, Claude Rich, Michael Lonsdale(docu fiction religion) (E)
La loi promulguant la séparation de l'Eglise et de l'Etat célèbre en 2005 son centième anniversaire. A cette occasion, le réalisateur François Hanss propose de revivre ce débat-fleuve, qui du ...

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LA TAVERNE DE L IRLANDAIS, John Ford 1963, John Wayne (western)@


Trois amis, restés après la guerre dans une île française du Pacifique, voient l'arrivée de la fille de l'un d'eux déclencher bagarres et quiproquos.

TELERAMA
Deux anciens combattants du Pacifique se la coulent douce en Polynésie. Une ­tradition veut qu’ils célèbrent leur anniversaire commun par une baston homérique… Débarque la fille oubliée de leur ami médecin. Celui-ci, absent, étant le père de trois enfants métis, on décide de cacher cette réalité compromettante à l’intruse, originaire de Boston, que l’on présuppose donc raciste et coincée…

Ford a 70 ans lorsqu’il réalise cette ­comédie, apparemment sans prétention. Considérée au mieux comme mineure, au pire comme un joli navet misogyne, elle sera sa dernière collaboration avec John Wayne. Ford, qui réside à bord de son yacht, a probablement utilisé la production pour subventionner des vacances de rêve pour ses potes… Dans un cadre (et hors cadre) paradisiaque, nos célibataires endurcis au grand cœur, bourrus, machos et bagarreurs, vont nous donner, sans le moindre souci de réalisme, une élégante, enivrante et inhabituelle leçon de tolérance, de paix entre les peuples et d’art de vivre. Pour apprécier comme il le mérite le charme insolite de cet ovni « pacifique », autant l’appréhender comme une comédie musicale… La scène de la messe de Noël vaut à elle seule son pesant de noix de coco !
LA TAVERNE DE L IRLANDAIS, John Ford 1963, John Wayne (western)@ (E)
Trois amis, restés après la guerre dans une île française du Pacifique, voient l'arrivée de la fille de l'un d'eux déclencher bagarres et quiproquos.

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Deux anciens combattants du ...

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LA TETE DANS LES ETOILES, Emmanuel Gillibert 2023, François-Xavier Demaison (espace comique)


Ali, trentenaire de banlieue, vit encore chez sa mère avec sa fille de 8 ans. Sans ambition, il vit grâce à son travail de livreur. À la suite d'une livraison, il va se retrouver accidentellement propulsé dans l'espace, à bord de la station ISS. La conquête spatiale s'apprête à écrire un chapitre surprenant et inédit de son histoire avec cet homme claustrophobe, asthmatique et maladroit.

TELERAMA
LA TETE DANS LES ETOILES, Emmanuel Gillibert 2023, François-Xavier Demaison (espace comique) (E)
Ali, trentenaire de banlieue, vit encore chez sa mère avec sa fille de 8 ans. Sans ambition, il vit grâce à son travail de livreur. À la suite d'une livraison, il va se retrouver accidentellement propulsé d ...

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LAST DAYS OF SUMMER, Jason Reitman 2013, Kate Winslet, Josh Brolin (societe)@@


À l'âge de 13 ans, Henry Wheeler est aux prises avec les difficultés de l'adolescence et doit s'occuper de sa mère troublée et recluse, Adele. Un jour, alors qu'ils achètent des fournitures scolaires, Henry et Adele rencontrent Frank Chambers, un homme intimidant, mais qui a clairement besoin de leur aide.

TELERAMA
Fin d'été mordorée et brûlante, quelque part dans l'Amérique des années 1980. Depuis son divorce, Adele vit seule avec Henry, son fils pré-adolescent, dans une grande maison dont le bois écaillé se confond presque avec les arbres environnants. Arrive un homme, Frank, taulard en cavale...

Tout au long de ce mélo intimiste, on cherche à reconnaître la patte de Jason Reitman : son ironie mordante (Thank you for smoking), son goût pour les outsiders acides et attachants (Juno, Young Adult). En vain. Dans la maison des bois, tous les sentiments sont beaux, tous les habitants sont nobles. A peine installé, le dangereux criminel se met à réparer les fuites, le moteur de la voiture et prépare de délicieuses tartes. Quand il a cinq minutes, il apprend le base-ball au jeune Henry : il est trop beau pour être vrai. Ce côté artificiel est heureusement compensé par la délicatesse des interprètes : Josh Brolin et Kate Winslet sont si sobres et émouvants qu'on finit par admettre que oui, peut-être, ces deux-là pourront panser ensemble leurs blessures. Quant au jeune Gattlin Griffith (How I met your mother, à la télé, L'Echange de Clint Eastwood, au cinéma), il est grave et attendrissant.
LAST DAYS OF SUMMER, Jason Reitman 2013, Kate Winslet, Josh Brolin (societe)@@ (E)
À l'âge de 13 ans, Henry Wheeler est aux prises avec les difficultés de l'adolescence et doit s'occuper de sa mère troublée et recluse, Adele. Un jour, alors qu'ils achètent des fournitures scolaires ...

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LE GESTE DE TROP, Lars Becker, Natalia Woerner


Avocate spécialisée dans les violences sexuelles, Annabelle Martinelli est appelée par Layla Rekabi, une policière qui a roué de coups l’un de ses collègues, Tommy Bockhorn. La jeune femme affirme qu’elle ne faisait que se défendre contre cet homme qui l’a agressée sexuellement et la harcelait depuis longtemps. Mais la relation entre eux deux semble avoir été plus complexe qu'il n'y paraît, et les collègues de Layla brossent un tout autre portrait d'elle : elle aurait déjà fait preuve de violence lors d'interventions, notamment contre un prévenu dénommé Ayman Darwich. Les autres policiers affirment avoir couvert Layla parce qu'ils avaient conclu avec Darwich un accord secret…
LE GESTE DE TROP, Lars Becker, Natalia Woerner (E)
Avocate spécialisée dans les violences sexuelles, Annabelle Martinelli est appelée par Layla Rekabi, une policière qui a roué de coups l’un de ses collègues, Tommy Bockhorn. La jeune femme aff ...

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LE JEUNE EINSTEIN, Yahoo Serious 1988


Albert Einstein, natif de Tasmanie, est un employé de bureau qui ne se satisfait pas d'avoir découvert la théorie de la relativité. Il présente la théorie traditionnelle du rock en transformant son violon classique en une guitare électrique.

Les personnages sont complètement loufoques. L'intrigue est totalement déjantée et tout simplement fantastique !
LE JEUNE EINSTEIN (E)
Albert Einstein, natif de Tasmanie, est un employé de bureau qui ne se satisfait pas d'avoir découvert la théorie de la relativité. Il présente la théorie traditionnelle du rock en transformant son ...

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LE LION ET LE VENT. John Milius 1975, John Huston, Sean Connery, Candice Bergen (aventure)


Par une belle journée d'octobre 1904, un groupe de cavaliers, mené par le chef berbère al-Raisuli le Magnifique, enlève, en plein quartier européen de Tanger, Eden Pedecaris, une jeune Américaine et ses deux enfants.

TELERAMA
LE LION ET LE VENT. John Milius 1975, John Huston, Sean Connery, Candice Bergen (aventure) (E)
Par une belle journée d'octobre 1904, un groupe de cavaliers, mené par le chef berbère al-Raisuli le Magnifique, enlève, en plein quartier européen de Tanger, Eden Pedecaris, une jeune Américaine et ...

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LE RAVISSEMENT, Diris Kaltenback 2023, afsia Herzl,Alexis Manenti, Nina Meurisse (societe)@@


Le jour où Lydia recroise Milos, une conquête d'un soir, alors qu'elle tient le bébé de son amie Salomé dans les bras, elle s'enfonce dans un mensonge, au risque de tout perdre.

TELERAMA
Hafsia Herzi, poignante de sobriété, incarne une jeune sage-femme qui s’enferre dans le mensonge après l’accouchement de son amie. Un premier film ample et subtil, à la mise en scène remarquable.

Ouvert au double sens, voilà un titre séduisant. Le ravissement comme extase ou comme rapt ? Ces deux acceptions différentes peuvent se rapprocher : dans l’extase, on est transporté, ravi à soi-même. La réalisatrice Iris Kaltenbäck ne cache pas s’être inspirée du Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras, livre qui l’a marquée et dont on retrouve plusieurs thèmes, comme l’obsession et le déni de chagrin. Le film, ancré dans un Paris hivernal plutôt rude, reste malgré tout éloigné de l’univers durassien. Lydia (Hafsia Herzi) y est une sage-femme d’aujourd’hui, consciencieuse, investie dans un travail qu’elle aime beaucoup. On l’imagine stable, équilibrée. Quelque chose va pourtant la faire dérailler, qui est exploré d’emblée par une voix off, celle d’un homme ayant connu Lydia et refaisant l’historique des événements. Le Ravissement, et c’est là une partie de son attrait romanesque, ne se situe pas dans un présent immédiat. Il est raconté avec la distance du passé, rendant les images marquantes et indécises à la fois.

Cette héroïne a une amie très proche, Salomé. Entre elles, c’est un peu le jour et la nuit. Salomé a du tempérament, elle est spontanée, bavarde, bouillonnante. Lydia est réfléchie et secrète, plus opaque. Cette dissemblance les a sans doute attirées, a fondé leur lien. Ce type d’amitié forte, passionnelle, peut-être amoureuse, a rarement été abordé ainsi, en écartant l’idée convenue de rivalité. Au contraire, il n’est question que d’entraide, jusqu’à une forme de fusion, symbolisée par la scène très réaliste, à teneur documentaire, de l’accouchement, compliqué, difficile, de Salomé. Où Lydia est là, du début à la fin, pour assister son amie. Et recevoir, si l’on peut dire, un enfant d’elle. Ce bébé est une fille, qui porte un prénom (Esmée) suggéré par Lydia. Laquelle s’attache à l’enfant, le garde volontiers pour soulager son amie, en pleine dépression post-partum. Rien de mal a priori. À ceci près que Lydia s’enferme peu à peu dans une spirale de mensonges. Qui embarque ses proches, complices malgré eux d’une fiction à laquelle ils veulent, eux aussi, croire.

Tumulte intériorisé
La force étrange du Ravissement tient dans l’addition discrète de ses enjeux, comme ce besoin fou d’amour de l’héroïne, sa solitude enfouie, son refus d’appeler à l’aide. À titre d’exemple, elle ne dit rien à Salomé de ses chagrins amoureux. Après une rupture douloureuse avec un garçon qui l’a blessé, elle rencontre un chauffeur de bus (Alexis Manenti) d’origine serbe. C’est ce Milos, taciturne mais prévenant, qui parle en voix off, pour dire qu’il est difficile de cerner la sage-femme, déracinée comme lui. Et que le hasard, après une première séparation, va étrangement ramener à lui — la scène est magnifique, car filmée comme une sorte de miracle.

À travers ce premier long métrage, Iris Kaltenbäck fait preuve d’une grande maîtrise. Sa mise en scène est d’autant plus louable qu’elle est invisible. Le Ravissement est un film pensé et épuré, mais qui ne s’affiche jamais comme tel. Un film d’apparence simple, qui recèle bien du mystère, invite à des interprétations diverses, mythologique ou psychanalytique — sur le refoulement, le désir inconscient. En madone tendre et inquiétante, Hafsia Herzi y est poignante de sobriété, de tumulte intériorisé. La dérive de son personnage mène, on s’en doute assez tôt, au fait divers, mais filmé sans dramatisation, avec beaucoup de retenue. Surtout, la réalisatrice imagine un après, déploie une perspective optimiste, démontrant que le geste de Lydia, aussi fou soit-il, donne naissance à un amour singulier.
LE RAVISSEMENT, Diris Kaltenback 2023, afsia Herzl,Alexis Manenti, Nina Meurisse (societe)@@ (E)
Le jour où Lydia recroise Milos, une conquête d'un soir, alors qu'elle tient le bébé de son amie Salomé dans les bras, elle s'enfonce dans un mensonge, au risque de tout perdre.

TELERAMA
Hafsia ...

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LE REGNE ANIMAL, Thomas Cailley 2023, Paul Kircher, Romain Duris, Adèle Exarchopoulos (science fiction)@@


Un père et son fils se battent pour survivre dans un monde où de plus en plus de personnes se transforment en animaux. Les autorités obligent les mutants à quitter leur foyer et leur famille et ils sont internés dans des cliniques spéciales. François fait tout pour sauver sa femme touchée par ce mystérieux phénomène.

TELARAMA
Un père et son fils affrontent une étrange épidémie qui transforme les hommes en animaux. Un film fascinant qui interroge notre rapport à l’autorité et à la liberté.

Des griffes poussent sous les ongles, une fourrure ou des écailles colonisent la peau. Des tentacules, des mandibules, des membranes. La fonction du langage se dérobe lentement, au profit des râles bruts de la nature, cris, grognements, stridulations… Les symptômes varient, mais le phénomène est identique, inexorable, étrange épidémie dont on ne connaît ni l’origine ni le remède. Partout, dans notre monde familier, avec ses agglomérations ordinaires, ses embouteillages et ses supermarchés, des êtres humains se transforment, peu à peu possédés par la bête qui s’éveille en eux, remodèle leur chair et leur esprit.

Femme-fauve, morse difforme, poulpe en devenir… Tel est le spectaculaire Règne animal dans lequel nous plonge le cinéaste Thomas Cailley, au sein d’une société qui ne sait que faire de ce surgissement, face à un nouveau peuple instable, effrayant et poignant. Mutant, comme le film lui-même, prouesse à la croisée des genres, de l’anticipation la plus sombre (avec un brin d’épouvante) au conte lumineux, du réalisme abrupt à la pure poésie. Avec, en son centre, un cœur sensible, heurté et fébrile : l’histoire d’amour inconditionnelle qui unit un père, François, à Émile, son fils adolescent.

Ces deux-là sont seuls au monde. Lana, épouse de l’un et mère de l’autre, n’est plus tout à fait Lana. Telle qu’elle est devenue, personne ne peut la soigner. Les autorités sanitaires se contentent d’organiser son transfert dans un centre pour les « créatures » comme elle, quelque part dans les Landes. François et Émile déménagent à sa suite. Nouveau travail de cuisinier dans un camping des environs, nouveau lycée, tout est prévu… Sauf que Lana n’arrive jamais à destination. Le convoi qui la transportait, avec d’autres compagnons d’infortune, a eu un accident. Les « bêtes humaines » ont disparu dans les bois…

En cherchant Lana, jusqu’au fond d’un paysage énigmatique et dense, rendu à sa dimension sauvage, comme les êtres qui s’y cachent, père et fils vont se trouver eux-mêmes. Un chemin d’urgence et d’évolution intime, qui rappelle irrésistiblement Adèle Haenel et Kévin Azaïs, le couple improbable et touchant perdu dans la forêt des Combattants, le précédent long métrage de Thomas Cailley, il y a presque dix ans. Où la puissance d’un lien affectif se cogne à celle de la nature, et de ses exigences.

Faire le deuil de ce qui fut, accepter la séparation, la mort réelle ou symbolique qui s’attache à tout changement étaient aussi les sujets de la série d’anticipation Ad vitam, cocréée par le cinéaste et Sébastien Mounier en 2018. Ici, c’est le jeune Émile qui est, à son tour, touché par les premiers signes d’une irréversible mutation. Fable sur la puberté, sur la transformation du corps adolescent, entre dégoût et désir, terreur et exaltation, le film creuse autant la question de l’animalité camouflée sous les habits de la civilisation que la nécessité pour un parent de laisser grandir et partir son enfant.

Cet enjeu central est porté avec une délicatesse fiévreuse, un charisme magnétique par un Romain Duris brûlé, tendu, vrai, déchirant de dévouement opiniâtre, et le jeune comédien Paul Kircher, révélé par Le Lycéen (de Christophe Honoré) : avec son phrasé particulier, sa grâce hésitante et bourrue de garçon perdu, il incarne tous les tourments et les élans de son âge. Entre les deux acteurs, l’alchimie est parfaite, culminant dans une bouleversante séquence nocturne en voiture, exaltée par un vieux tube de Pierre Bachelet au titre parfaitement raccord avec l’étrange bestiaire du film : Elle est d’ailleurs.

Elles sont « d’ailleurs », ces créatures inédites, dont les apparitions sont d’abord aussi frappantes que furtives. Thomas Cailley les filme à la dérobée, comme du coin de l’œil, à demi cachées, entraperçues dans le feu bref d’un éclair d’orage, ou drapées dans l’obscur tissu de la nuit. Effet de mystère extraordinaire, qui nous mène insensiblement des figures de film d’horreur à la vérité émouvante de ces corps d’un nouveau genre, pionniers d’un singulier retour à la nature, tels cet enfant-caméléon fragile et mutique ou cet inoubliable homme-oiseau (impressionnant Tom Mercier, l’acteur de Synonymes, de Nadav Lapid), qu’Émile apprend à connaître et à aimer, au fond la forêt. Créatures, « bestioles », comme disent tous ceux qui ne veulent pas de « ça » chez eux. Des monstres ? Non, des « victimes », corrige Adèle Exarchopoulos, dans le rôle d’une jeune femme gendarme qui vient en aide aux deux héros.

Sans rien asséner ni caricaturer, Le Règne animal est aussi un vaste conte politique, une réflexion ouverte sur notre époque troublée, qui évoque, indirectement, aussi bien la gestion du Covid que la question des migrants. Le racisme, la peur et le rejet de l’autre en général. Les nombreux changements qui poussent une société à restreindre les libertés publiques. « Désobéir, c’est ça le courage aujourd’hui », s’exclame François au début du récit. Il s’agit en effet, précisément, de répondre à toutes les mutations par la tolérance et la solidarité, envers et contre les dérives autoritaires. De rester libre, insaisissable et hybride, comme ce film exceptionnel. Pour nous, c’est sûr, il est d’ailleurs.
LE REGNE ANIMAL, Thomas Cailley 2023, Paul Kircher, Romain Duris, Adèle Exarchopoulos (science fiction)@@ (E)
Un père et son fils se battent pour survivre dans un monde où de plus en plus de personnes se transforment en animaux. Les autorités obligent les mutants à quitter leur foyer et leur famille et ils sont intern&ea ...

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LE RIDEAU DECHIRE, Alfred Hitchcock 1966, Paul Newman, Julie Andrew (thriller)@@


À l'occasion d'un congrès à Copenhague, Michael Armstrong, un savant atomiste américain, annonce brusquement son intention de se rendre à Stockholm.

TELERAMA
Un savant américain (Paul Newman) se rend à Berlin et passe à l’Est ; il mène en fait double jeu… Un Hitchcock très méprisé à sa sortie, à tort, car on y trouve des moments superbes.

Le film fut très méprisé (à tort) à sa sortie, sans doute parce que Julie Andrews et Paul Newman forment un couple très « frigide ». Au début, c’est logique. Mais il devrait s’embraser, ce couple, au fur et à mesure des épreuves qu’il traverse, comme ceux des Trente-Neuf Marches ou des Enchaînés. Or non : aucune complicité ne semble lier les héros. Restent des moments superbes. À commencer par le meurtre du méchant (coups de pelle et tête dans un four à gaz), où Hitchcock montre qu’il n’est pas toujours facile de tuer un homme. Il y a aussi la fuite des héros dans un faux autobus, lentement rattrapé par le vrai. La scène de la poste avec Lila Kedrova, inquiétante et blessée. Sans oublier — magistrale leçon de suspense — le long moment où un savant qui ressemble à Tryphon Tournesol révèle, sans le vouloir, à Paul Newman, la formule secrète qu’il était venu chercher à Berlin-Est. C’est sans nul doute le dernier grand film de Hitchcock.
LE RIDEAU DECHIRE, Alfred Hitchcock 1966, Paul Newman, Julie Andrew (thriller)@@ (E)
À l'occasion d'un congrès à Copenhague, Michael Armstrong, un savant atomiste américain, annonce brusquement son intention de se rendre à Stockholm.

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Un savant américain (Paul N ...

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LEMMING, Dominik Moll 2005, Laurent Lucas, Charlotte Gainsbourg (drame sentimental)@@


Bénédicte et Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d'Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l'harmonie du jeune couple.La découverte du cadavre d'un mystérieux rongeur dans l'évacuation bouchée de leur évier n'arrange pas les choses et annonce l'irruption de l'irrationnel dans ce qui était jusqu'alors une vie bien rangée.

TELERAMA
Que se passe-t-il sous la surface des choses, derrière les murs crépis d'une pimpante banlieue pavillonnaire, au-delà d'un apparent bonheur sans nuages ? Et s'il suffisait d'un rien pour rompre à jamais l'équilibre ? Dans le troisième film de Dominik Moll, « l'incident déclencheur » est un rongeur scandinave. Une bestiole à poils soyeux et à dents tranchantes, un lemming, dont le petit corps obstrue la bonde d'un évier. Cette eau stagnante prend illico valeur de métaphore. Chez le jeune couple qui trouve l'animal dans sa cuisine, elle est ce qui d'habitude s'évacue sans heurt, et qui, ici, ne passe pas : s'y formera le limon insondable du non-dit.

Il y a cinq ans, le précédent opus du cinéaste, Harry, un ami qui vous veut du bien, jouait déjà du double fond : sous la comédie policière perçait une réflexion assez amère sur l'obsession de l'accomplissement personnel. Lemming reprend cette structure duelle, l'étoffe, la prolonge. Il y a d'un côté la mécanique narrative, qui conduit le film aux confins du fantastique. Et de l'autre le thème qu'elle illustre, clairement identifié : l'impossible fusion amoureuse, l'impasse du couple. Mais si le film est moins abouti, moins plaisant que ne l'était Harry, c'est parce que ces deux logiques, celle du film de genre et celle de l'introspection psychologique (Antonioni n'est pas si loin), se développent souvent séparément, sans s'enrichir mutuellement.

Ça commence pourtant comme du bon Chabrol. Alain vient d'emménager avec Bénédicte dans le sud de la France, près de l'entreprise qui l'emploie et pour laquelle on l'a vu inventer une excentrique caméra volante. Le soir où le couple modèle reçoit à dîner Richard et Alice, les patrons d'Alain, le ver pénètre le fruit. Le repas est une jolie scène, entre satire sociale et absurde ordinaire. Plaisirs d'acteurs, d'abord : Laurent Lucas, impeccable en cadre à qui tout (pour l'instant) réussit ; Charlotte Gainsbourg, délicieuse en compagne (jusque-là) innocente. Face à eux, des monstres sacrés : André Dussollier joue en maître des ridicules de son personnage ; et Charlotte Rampling, visage fermé, lunettes noires, excelle à troubler le jeu social. C'est par elle que le vaudeville bascule vers le cauchemar.

Plus il avance, néanmoins, plus le film semble tiré à hue et à dia. Son vrai sujet, on l'a dit, c'est l'intimité, l'abandon amoureux. Et pourtant Dominik Moll ne cesse de placer ses pions hitchcockiens, de veiller à ce que son récit avance à coups de rebondissements et de machinations surprises. Or, on a compris depuis longtemps que l'histoire est prétexte à autre chose, que l'on attend désormais en priorité. Par intermittence, les deux ambitions se rejoignent et le film retrouve sa plénitude.

Un exemple. Alain (Laurent Lucas), de retour chez lui, est aux prises avec la prolifération des lemmings. Cauchemar ? Réalité ? Peu importe. Ce qui compte, c'est le plan où l'on croise son regard éperdu. L'effroi se transmet enfin et révèle la solitude de l'âme humaine. Plus tard, Alain et Bénédicte sont au bord d'un lac de montagne. C'est une séquence d'intimité amoureuse, et aussi un piège dans lequel Alain tombe. Le cadrage est simple, mais évocateur : l'un est de profil, l'autre de face. Deux amants ensemble, mais pas tout à fait ? Ce qui passe alors sur le visage de Charlotte Gainsbourg fait basculer la séquence dans l'onirisme. Et suggère l'horreur de l'incommunicabilité, la découverte glaçante de l'altérité au coeur même du familier.

Lemming doit beaucoup à la comédienne. C'est elle qui permet au récit de s'ancrer dans une forme de réalité. Tour à tour effacée et effrontée, enfantine et mûre, triviale et sublimée, elle est la très étonnante femme fatale de ce faux film noir. On pourra trouver inaboutie cette tentative de réconcilier deux formes de cinéma, de raconter les épreuves symboliques traversées par un jeune couple à la façon d'un film d'horreur. Mais l'ambition est évidemment louable, à partir d'un pur « trip » de cinéma, de donner à voir des personnages qui sont nos doubles, nos alter ego fantomatiques.
LEMMING, Dominik Moll 2005, Laurent Lucas, Charlotte Gainsbourg, Charlotte Rampling (drame sentimental)@@ (E)
Bénédicte et Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d'Alain, Richard Pollock, et son épou ...

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LES AMES SOEURS, André Téchiné 2023, Benjamin Voisin, Noémie Merlant (guerre sante)@@


En pleine opération Barkhane, au Mali, le véhicule blindé dans lequel se trouve David roule sur une mine avant d'exploser. Grièvement blessé, le soldat est rapatrié en France, hors de danger, mais souffrant de pertes de mémoire. Sa sœur Jeanne décide de s'occuper de lui durant sa convalescence.

TELERAMA
Entre un frère, soldat revenu mutilé du Mali, et sa sœur, qui s’occupe de lui, plane le tabou de l’inceste. Porté par un duo d’acteurs intenses, André Téchiné filme brillamment les cicatrices encore vives d’une relation fraternelle troublante.

André Téchiné, le grand cinéaste des élans idéalistes ou juvéniles (Les Roseaux sauvages), est aussi celui de la transgression, du franchissement des lignes et de la perte de soi (Les Voleurs). Ces deux pôles se retrouvent dans Les Âmes sœurs, plein de lueurs, mais également de gouffres. Sur les montagnes de l’Ariège, entre Jeanne et son frère, David, deux jeunes adultes que l’absence précoce de parents a rapprochés, plane le tabou de l’inceste.


Suspense romanesque au bord du drame, le film ne dévoile son sujet que peu à peu, car il met d’abord en scène un corps démoli et une mémoire effacée. David, soldat au Mali, est rapatrié en France après une explosion. Des mois plus tard, c’est une sorte de fantôme qui revient s’installer dans le petit logement montagnard de sa sœur, les brûlures sur son torse encore non cicatrisées, et les images d’avant l’accident inaccessibles à sa conscience.

L’attraction interdite, Téchiné l’envisage selon plusieurs points de vue alternés. Celui de l’amnésie et de l’obscurité (David), celui des souvenirs encombrants (Jeanne), mais aussi celui de la loi, ou du moins de la règle : la maire du village se chargera d’incarner la rationalité refusée par le convalescent… Outre cet art de la nuance, on retrouve, dans Les Âmes sœurs, une éblouissante direction d’acteurs, consistant à ramener vers la page blanche les interprètes élus : Noémie Merlant, émouvante sans apprêt, et Benjamin Voisin, vulnérable et enfantin. Demeurent, aussi, le tranchant et la luminosité de la mise en scène. Ou comment quelques plans de bord de mer peuvent esquisser un avenir à des personnages auparavant piégés en eux-mêmes, et sans qu’une ligne de dialogues soit nécessaire.
LES AMES SOEURS, André Téchiné 2023, Benjamin Voisin, Noémie Merlant (guerre sante)@@ (E)
En pleine opération Barkhane, au Mali, le véhicule blindé dans lequel se trouve David roule sur une mine avant d'exploser. Grièvement blessé, le soldat est rapatrié en France, hors de danger, mais s ...

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LES ENFANTS DE DIEU, Frauke Lodders 2024


Élevés dans la foi chrétienne évangélique, Hannah et son frère cadet Timotheus sont déchirés entre désirs intimes et poids écrasant de leur éducation... Servi par un excellent casting, un regard implacable sur l’emprise religieuse et ses conséquences.

Aînés d’une fratrie de quatre enfants sous la ferme autorité de leurs parents, Hannah, 17 ans, et Timotheus, 15 ans, ont grandi dans le strict respect des préceptes bibliques. La première professe la chasteté auprès des jeunes femmes de sa communauté tandis que le second se prépare au baptême. Mais l’obsession du péché n’empêche pas l’éveil du désir. Max, un jeune voisin rebelle, attire Hannah et bouscule ses convictions, quand Timotheus se découvre des sentiments pour un camarade de classe.

Séisme intime
Alors que le protestantisme évangélique étend sa toile dans le monde, cette fiction scrute, à travers le dilemme de ses jeunes protagonistes, les vives tensions que ses valeurs conservatrices génèrent dans nos sociétés sécularisées. A priori, rien ne distingue Hannah et Timotheus, incarnés avec sensibilité par Flora Li Thiemann et Serafin Mishiev, des autres garçons et filles de leur âge, confrontés à l’éveil de la sexualité. Mais face au trouble qui les traverse, leur éducation, pétrie d'une morale d’un autre âge, les laisse désemparés. Comment s'abstraire du monde décrété "décadent" qui les entoure ? La quête identitaire relève ici du combat à la frontière des normes, en particulier pour Timotheus, qui s’acharne à nier l’évidence de son homosexualité. Se gardant de juger ses personnages, Les enfants de Dieu dénonce les thérapies de conversion promues par les mouvements évangéliques malgré de récentes interdictions et, dans leur sillage, le contrecoup réactionnaire des tendances masculinistes actuelles.
LES ENFANTS DE DIEU, Frauke Lodders 2024 (religion)@@ (E)
Élevés dans la foi chrétienne évangélique, Hannah et son frère cadet Timotheus sont déchirés entre désirs intimes et poids écrasant de leur éducation... Servi par ...

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LES GOONIES, Richard Donner 1985, Sean Astin, Josh Brolin


Alors que leurs maisons du quartier des Goon Docks vont être prochainement saisies et qu'ils passent leurs derniers jours ensemble, quatre adolescents, Mickey, Brand, Mouth et Data, découvrent dans un grenier une carte dessinée par le célèbre pirate Willy-le-Borgne.

TELERAMA
La plus eighties des chasses au trésor ! Le film s’essouffle de temps en temps, mais de bonnes idées scotcheront encore les enfants devant leur écran.

Il y avait une vie pour le cinéma d'aventures avant la 3D et les images de synthèse ! La preuve avec ce petit film très connoté années 1980 par la coupe de cheveux de ses interprètes et leur veste à épaulettes. Les Goonies occupe une bonne place dans le genre « film de copains », entre Stand by me et le plus récent Super 8. Il faut dire qu'il a été bricolé par des vieux briscards du cinéma familial : Richard Donner (Superman), Chris Columbus (Harry Potter) et Steven Spielberg.

Dans une petite ville paisible de l'Ouest, comme les aime tant le réalisateur d'E.T., des ados casse-cou partent à la recherche d'un trésor. Même si le film s'essouffle de temps en temps, quelques bonnes idées (le « monstre » sympathique, le bateau pirate échoué dans une grotte...) scotcheront encore les enfants d'aujourd'hui devant leur écran, le seau de pop-corn XXL sur les genoux.
LES GOONIES, Richard Donner 1985, Sean Astin, Josh Brolin (E)
Alors que leurs maisons du quartier des Goon Docks vont être prochainement saisies et qu'ils passent leurs derniers jours ensemble, quatre adolescents, Mickey, Brand, Mouth et Data, découvrent dans un grenier une carte dessin&e ...

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LETHAL SEDUCTION, Nancy Leopardi 2015, Dina Meyer, Amanda Detmer, Caleb Ruminer (film e)


Lorsqu'il quitte enfin le bercail pour finir ses études à Princeton, Mark fera la rencontre d'une femme beaucoup plus âgée qui lui fera découvrir sa sexualité. Il se trouvera plongé dans une guerre entre sa mère et son amante.

TELERAMA
LETHAL SEDUCTION, Nancy Leopardi 2015, Dina Meyer, Amanda Detmer, Caleb Ruminer (film e) (E)
Lorsqu'il quitte enfin le bercail pour finir ses études à Princeton, Mark fera la rencontre d'une femme beaucoup plus âgée qui lui fera découvrir sa sexualité. Il se trouvera plongé dans une g ...

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LIFE origine inconnue, Daniel Espinosa 2017, Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson (espace)@


L'histoire d'un équipage de six personnes à la station spatiale internationale. Pour la première fois de l'histoire, ils sont sur le point de découvrir que la vie existe sur Mars. Leurs méthodes de recherche provoquent des conséquences inattendues, et l'organisme s'avère plus intelligent que prévu.

TELERAMA
Un vaisseau spatial, un équipage hollywoodien (Jake Gyllenhaal, Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson) et un passager indésirable, abominable créature... C'est tellement Alien, c'est tellement simple qu'on a tout de suite l'envie de se prêter au jeu. Mais la partie se révèle curieusement embrouillée. Sympathique pochette surprise cachant à la fois un monstre de l’espace et une hypothèse de parodie comique, cette variation sur “Alien” manque finalement d’un vrai caractère.

S'il ne déborde pas d'imagination, le scénario de Life peut être crédité d'un esprit taquin : il est signé par Rhett Reese et Paul Wernick, duo rendu fameux par l'irrespectueux Deadpool (2016) et par Bienvenue à Zombieland (2009). Avec ces deux-là, l'horreur et le rire peuvent être aussi cruels l'un que l'autre. Dès les premières scènes de Life, cette possibilité de mélange des genres flotte dans l'air rationné du vaisseau spatial : tout l'équipage se réjouit d'avoir trouvé de la vie sur Mars et, à la vue de ces mines ravies, le spectateur ricane doucement. Comme lorsque l'astronaute scientifique se met en tête de faire grossir cette toute petite vie de rien du tout, qui commence à ressembler à une fleur, puis trouve malin de la booster avec des décharges électriques... Nul doute qu'on soit ici face à une expérience de greffe entre le sérieux le plus classique de la science-fiction et une variation légèrement humoristique, et vaguement sadique aussi, qui invite à apprécier avec un regard amusé ces situations devenues des clichés. Une veine que confirmera la dernière scène du film, inattendue, méchante et drôle. Mais entre le début et la fin, il manque un pilote à bord du vaisseau.

Arrivé à Hollywood comme une belle promesse, le Suédois Daniel Espinosa avait eu du mal à faire tenir debout son intéressant Enfant 44 (2015). Le voilà à nouveau à la peine. Il met en scène Life en donnant l'impression de ne pas savoir quoi en faire. Tantôt il vise Alien et tantôt Gravity, il flotte comme ses personnages en apesanteur, se lance dans une grande scène d'action pour la laisser se terminer, lamentablement, dans le fouillis des lumières rouges et des bruits assourdissants... L'idée que le scénario pourrait être une presque parodie ne semble ni lui plaire, ni lui déplaire. Cette neutralité sans saveur déteint sur les comédiens, extraordinairement plats. Alors que Jake Gyllenhaal adore en rajouter et que Ryan Reynolds, alias Deadpool, a vraiment l'air d'être venu pour s'amuser. Même si, au final, Life est loin d'être antipathique, il lui faudrait beaucoup plus de caractère pour s'imposer. En France comme aux Etats-Unis, le public ne s'est pas précipité, préférant attendre le retour d'Alien (dans Alien: Covenant) le 10 mai prochain. L'invitation à la projection de presse nous est arrivée.
LIFE origine inconnue, Daniel Espinosa 2017, Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson (espace)@ (E)
L'histoire d'un équipage de six personnes à la station spatiale internationale. Pour la première fois de l'histoire, ils sont sur le point de découvrir que la vie existe sur Mars. Leurs méthodes de recherc ...

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LOGAN LUCKY, Steven Soderbergh 2017, Daniel Craig, Channing Tatum, Riley Keough (thriller)@@


Deux frères pas très futés décident de monter le casse du siècle : empocher les recettes de la plus grosse course automobile de l'année. Pour réussir, ils ont besoin du meilleur braqueur de coffre-fort du pays : Joe Bang. Le problème, c'est qu'il est en prison.

TELERAMA
Au fin fond de la Virginie-Occidentale, deux frères déclassés, dont l’un estropié, décident d’organiser un casse. Épaulé par Channing Tatum et Adam Driver, un casting haut de gamme, le réalisateur virtuose et joueur, signe un film élégant.

Il n’y a plus rien de vaniteux chez Steven Soderbergh — qui reste le plus jeune lauréat de la Palme d’or de Cannes. Longtemps il a donné l’impression de dominer son sujet, presque trop. Ses facilités laissaient un glacis de satisfaction cool sur des films enchaînés à toute vitesse. Après d’improbables adieux au cinéma, en 2013, et une reconversion remarquable dans la série (The Knick), il revenait en 2017, changé en mieux : toujours virtuose et délicieusement joueur, mais l’empathie et l’élégance morale en plus.

Un signe évident de changement est la catégorie sociale des héros de ce nouveau film de braquage. Fini les gangsters en costume cintré de Las Vegas, professionnels, comme dans Ocean’s Eleven et ses deux suites. Cette fois, place aux amateurs, aux estropiés, aux mal logés de l’Amérique profonde — la Virginie-Occidentale, du côté des mobile homes. Mais c’est surtout le regard posé sur ce monde prolétaire qui fait la différence. Soderbergh manifeste autant de tendresse que d’amusement pour la sous-culture populaire et son folklore. Ses personnages déclassés, abîmés, il les filme avec une franche fraternité, en sachant les rendre beaux et proches.
LOGAN LUCKY, Steven Soderbergh 2017, Daniel Craig, Channing Tatum, Riley Keough (thriller)@@ (E)
Deux frères pas très futés décident de monter le casse du siècle : empocher les recettes de la plus grosse course automobile de l'année. Pour réussir, ils ont besoin du meilleur braqueur de c ...

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MANIPULATIONS, Shintaro Shimosawa 2016, Al Pacino, Antony Hopkins (thriller)@


Ben est un jeune et ambitieux avocat travaillant pour le cabinet dirigé par Abrams. Il se met en tête d'attaquer le dirigeant d'un important groupe pharmaceutique et se retrouve alors impliqué dans une spirale de chantage et de corruption. Une entrée brutale dans la cour des grands dont il ne pourra sortir indemne.

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Ben, un jeune avocat ambitieux, est marié à Charlotte, qui souffre de dépression depuis une récente fausse couche. Il travaille sur un dossier concernant Arthur Denning, le PDG milliardaire d'un puissant groupe pharmaceutique. Il découvre que l'homme dissimule des centaines de morts liées à la prise d'un médicament produit par sa société. Mais Denning trouve le moyen de le faire chanter, car Ben a une liaison avec une certaine Emily, une maîtresse du milliardaire. Avec l'aide de son patron Charles Abrams mais aussi d'Emily, qui lui communique des informations sur les méfaits d'Arthur Denning, Ben va tout faire pour confondre le puissant PDG...
MANIPULATIONS, Shintaro Shimosawa 2016, Al Pacino, Antony Hopkins (thriller)@ (E)
Ben est un jeune et ambitieux avocat travaillant pour le cabinet dirigé par Abrams. Il se met en tête d'attaquer le dirigeant d'un important groupe pharmaceutique et se retrouve alors impliqué dans une spirale de chantag ...

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MEMOIRE TROUBLE, Denis Malleval 2021, Pierre Arditi, Nicolas Grandhomme (thriller)@@


Garlat, un ancien flic, est soupçonné de manipulation de preuves dans l'une de ses enquêtes : une affaire jugée est déterrée par l'avocat de celui qu'il a fait mettre en prison, Thomas Sentier. Ce dernier, accusé d'un meurtre sauvage, est innocent, affirme le juriste qui pointe des fautes graves dans l'enquête policière. Mais Garlat ne se souvient pas. Il y a tellement de choses dont il ne se souvient pas. Avec son fils, Nicolas, flic comme lui, il va revenir à Paris et reprendre son enquête.

TELERAMA
Solide téléfilm policier que cette enquête à rebours où le doute s’installe dans la mémoire d’un flic. Pierre Arditi est charismatique en diable.

Garlat, un ancien flic connu pour son intégrité, se retrouve obligé de sortir de sa retraite car un nouvel élément rebat les cartes de sa dernière affaire et pourrait le salir. L’homme qui est en prison à cause de lui a-t-il vraiment assassiné cette jeune fille un soir de pluie ? Garlat aurait-il fabriqué une preuve, à l’époque ? Avec son fils, devenu policier comme lui, il fouille ses souvenirs, mais, hélas, sa mémoire fiche le camp depuis un moment…

Solide téléfilm que cette enquête à rebours qui ré-interroge, avec un suspense bien ficelé, l’intime conviction d’un flic, mais aussi la culpabilité d’un jeune homme aux motivations troubles. Si on regrette cette manie (nouvelle plaie des fictions télé ?) de filmer le moindre paysage de campagne au drone, en revanche, les scènes dans les locaux modernisés du Quai des Orfèvres imposent leur efficacité et leur précision psychologique, grâce à une écriture de bonne facture et un casting de haute tenue. Face à Florence Muller, parfaite en commissaire divisionnaire à l’autorité souriante sans une once de caricature, et à la si naturelle Clémence Boisnard, Pierre Arditi livre un numéro qui emporte le morceau : tour à tour irascible, perdu ou pointilleux en vieux routard obsédé par la vérité, il met tout son charisme au service de son personnage et le rend joliment réaliste.
MEMOIRE TROUBLE, Denis Malleval 2021, Pierre Arditi, Nicolas Grandhomme (thriller)@@ (E)
Garlat, un ancien flic, est soupçonné de manipulation de preuves dans l'une de ses enquêtes : une affaire jugée est déterrée par l'avocat de celui qu'il a fait mettre en prison, Thomas Sentier. Ce de ...

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MON CRIME, François Ozon 2023, Nadia Tereszkiewicz, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier, Daniel Prévost (thriller)@@


Dans les années 30 à Paris. Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d'un célèbre producteur. Après avoir été acquittée, elle commence sa nouvelle vie, faite de gloire et de succès. Jusqu'à ce que la vérité éclate au grand jour.

TELERAMA
Dans le Paris corseté des années 30, deux femmes luttent. Un Ozon enlevé, aux thèmes très actuels.

Depuis Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, son troisième long métrage adapté en 2000 d’une pièce méconnue de Rainer Werner Fassbinder, le théâtre est une source d’inspiration majeure pour François Ozon. Le réalisateur de Potiche adore travailler sur les artifices de la représentation scénique. Mais il aime aussi jouer sur la théâtralité pour, de manière un rien paradoxale, mieux célébrer le cinéma. 8 Femmes (2002) partait d’un vaudeville très misogyne des années 1950 pour mettre en valeur les actrices et retrouver les couleurs flamboyantes, la démesure baroque des mélodrames de Douglas Sirk. Son nouveau film utilise un grand succès du boulevard de l’entre-deux-guerres — et guère plus tendre avec le beau sexe… — pour retrouver avec bonheur l’élégance, le glamour et l’esprit des screwball comedies, ces comédies sophistiquées de l’âge d’or hollywoodien sublimées, entre autres, par Ernst Lubitsch et Howard Hawks, où les personnages s’affrontent à coups de répliques façon rafales de mitraillette… et où les femmes portent volontiers la culotte. Dans Mon crime, deux jeunes Parisiennes sont bien décidées à se faire une place dans la société française corsetée des années 1930. Madeleine, comédienne sans le sou, est accusée du meurtre d’un producteur de cinéma qui a tenté de la violer. Son amie et colocataire, Pauline, avocate sans clients, va prendre en charge sa défense lors d’un procès très médiatisé…

Dans ce film d’époque aux décors et aux costumes aussi rétro que rutilants, Ozon s’amuse à multiplier les clins d’œil aux problématiques d’aujourd’hui. Dénonciation du patriarcat, lutte pour la parité et l’égalité des droits entre les sexes, éloge de la sororité sont au cœur de situations et de dialogues à l’humour vif, piquant… et un brin perfide : le féminisme affiché par Mon crime ne manque pas d’ambiguïté, puisque l’émancipation et la réussite des héroïnes passent forcément par les mensonges et la manipulation.

Pas de quoi, cependant, bouder son plaisir devant ce divertissement de haute volée. Le casting, impressionnant, y est pour beaucoup. Nadia Tereszkiewicz (tout juste sacrée du César du meilleur espoir féminin) et Rebecca Marder, les deux jeunes actrices qui montent, sont parfaitement complémentaires — et irrésistibles. Ozon, en bon admirateur du cinéma français des années 1930, a aussi soigné ses seconds rôles. Fabrice Luchini, plus Louis Jouvet que jamais dans son incarnation d’un juge d’instruction imbu de sa personne, et André Dussollier, dans son registre favori de patriarche bonhomme, sont très drôles. Et Isabelle Huppert propose une performance sidérante — une de plus — en ex-gloire du muet, mi-Sarah Bernhardt mi-Gloria Swanson, qui tente de faire son grand retour sous les feux de la rampe. On appréciera, au passage, l’autodérision de l’actrice… et la perversité de son metteur en scène : confier à une star qui semble rajeunir à l’écran avec les années un personnage de comédienne ringarde qui prétend rivaliser avec des jeunes premières, il fallait oser !
MON CRIME, François Ozon 2023, Nadia Tereszkiewicz, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier, Daniel Prévost (thriller)@@ (E)
Dans les années 30 à Paris. Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d'un célèbre producteur. Après avoir été acquittée, elle ...

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MON GARCON, Christian Carion 2017, Guillaume Canet, Melanie Laurent (thriller)@


Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l'étranger. Ce manque de présence a fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d'une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d'un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l'arrêter.

TELERAMA
Un homme qui ne s’est pas beaucoup occupé de son fils apprend qu’il a été enlevé. Il va tenter de le retrouver. La réalisation très sèche de ce thriller n’empêche pas une certaine complaisance.

Julien, père trop absent, très pris par son métier, séparé de son épouse, apprend la disparition de son petit garçon lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Il se lance alors avec la violence du désespoir à sa recherche… Le principe de ce thriller était excitant : plonger Guillaume Canet dans un scénario filmé en temps réel, dont l’acteur lui-même ignorait les rebondissements… Le résultat ne convainc qu’à moitié. Canet est parfait, d’abord dans l’emploi du père désemparé, puis dans celui du justicier prêt à toutes les brutalités façon Charles Bronson. Mais le réalisateur Christian Carion (Joyeux Noël, En mai fais ce qu’il te plaît…) l’entoure d’une mise en scène naturaliste, ultra sèche, censée éviter toute complaisance : malheureusement ce n’est pas tout à fait le cas…
MON GARCON, Christian Carion 2017, Guillaume Canet, Melanie Laurent (thriller)@ (E)
Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l'étranger. Ce manque de présence a fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d'une escale en France, il déc ...

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MYSTÈRE AU LOUVRE Léa Fazer 2017, Alice Taglioni, Philippe Torreton (thriller)


Mercure, célèbre cambrioleur que le tout-Paris craint ou admire, est en fait une cambrioleuse. Constance de Coulanges, de son vrai nom, s'apprête à réaliser un coup de maître : dérober une parure qui appartenait à l'impératrice Eugénie le soir même de son premier jour d'exposition au Louvre. Pour cela, elle s'adjoint les services de Frédéric Delage, un séduisant funambule. Mais l'opération s'annonce périlleuse, car le Louvre est sous haute surveillance et l'inspecteur Thénard a mis la tête de Mercure à prix. En théorie, le coup est impossible...

TÉLÉRAMA
Paris, fin du xixe siècle. Un mystérieux cambrioleur qui se fait appeler « Mercure » multiplie les vols. Mais contrairement à ce que pense son ennemi juré, l’inspecteur Thenard, Mercure est… une femme. Celle-ci s’apprête à réaliser un coup de maître en dévalisant de précieux bijoux entreposés au Louvre. Pour ce faire, elle recrute un funambule virtuose, Frédéric. Le duo va devoir jouer serré pour échapper aux griffes de l’implacable Thenard…
Une histoire de voleurs dans le Paris des années 1880, ça change un peu des sempiternels polars touristiques de France Télévisions. Malheureusement, le résultat n’est guère folichon. Car ce Mystère au Louvre pas très inspiré emprunte sans se gêner à gauche et à droite : une héroïne entre Adèle Blanc-Sec et Arsène Lupin, un méchant flic joué par Torreton qui rappelle énormément le Javert des Misérables, une scène de cambriolage en suspension copiée sans vergogne sur le premier Mission : Impossible, avec Tom Cruise… Ça fait beaucoup. Et comme les dialogues sont assez fadasses et les rebondissements, très convenus, l’intérêt reste limité.
MYSTÈRE AU LOUVRE Léa Fazer 2017, Alice Taglioni, Philippe Torreton (thriller) (E)
Mercure, célèbre cambrioleur que le tout-Paris craint ou admire, est en fait une cambrioleuse. Constance de Coulanges, de son vrai nom, s'apprête à réaliser un coup de maître : dérober une paru ...

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NESS ET RYAN, Julie Manoukian 2025


Ness, femme flic expérimentée, arrête un jour Rayan, jeune délinquant qui vient de lui voler son portefeuille. Condamné à effectuer un Travail d'Intérêt Général dans un commissariat, Rayan y retrouve avec effroi sa victime dont les circonstances l'obligent à devenir le chauffeur. Ce duo improbable va peu à peu apprendre à se connaître et à rapprocher la loi et la rue.
NESS ET RYAN (E)
Ness, femme flic expérimentée, arrête un jour Rayan, jeune délinquant qui vient de lui voler son portefeuille. Condamné à effectuer un Travail d'Intérêt Général dans un com ...

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NI UNE NI DEUX Anne Giafferi 2019, Mathilde Seigner, François-Xavier Demaison (comique)@@@


Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage; sans se douter qu'il s'agit de sa propre soeur jumelle dont elle ignorait l'existence

TELERAMA
Mathilde Seigner joue un double rôle : des jumelles séparées durant l’enfance (une actrice, une coiffeuse). Certes, la réalisation manque de lâcher-prise. Mais Anne Giafferi sait imaginer de vraies idées de comédie.
Petite surprise que cette comédie avec Mathilde Seigner dans un double rôle : des jumelles séparées durant l’enfance. Une actrice et une coiffeuse. La seconde va bien sûr remplacer la première sur les plateaux. La réalisatrice (créatrice de Fais pas ci, fais pas ça ) ne tire pas toujours le meilleur de chaque situation, mais déploie de belles idées loufoques, tendance Hollywood des années 1930. Elle égratigne gentiment le milieu du cinéma, ose la mise en abyme. Léger vertige.
NI UNE NI DEUX Anne Giafferi 2019, Mathilde Seigner, François-Xavier Demaison (comique)@@@ (E)
Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage; sans se douter qu'il s'agit de sa propre soeur jumelle dont ell ...

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OBSESSION, Goran Dukic 2019, Mekhi Phifer, Elika Portnoy, Brad Dourif (thriller)


Sonny, un mécanicien au chômage, sauve un vieil homme et commence à éprouver des sentiments pour sa femme. Ce dernier projette de construire un hippodrome, et sa femme ourdit un complot pour l'assassiner et le dépouiller de sa fortune, entraînant Sonny dans cette affaire.
OBSESSION, Goran Dukic 2019, Mekhi Phifer, Elika Portnoy, Brad Dourif (thriller) (E)
Sonny, un mécanicien au chômage, sauve un vieil homme et commence à éprouver des sentiments pour sa femme. Ce dernier projette de construire un hippodrome, et sa femme ourdit un complot pour l'assassiner et le d&e ...

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OVERDRIVE, Antonio Negret 2017, Scott Eastwood, Freddie Thorp


Les frères Andrew et Garrett Foster sont des pilotes d'exception, mais aussi des voleurs d'exception. Leur spécialité : voler les voitures les plus chères au monde. A Marseille, ils parviennent à dérober une sublime BUGATTI 1937, joyau de l'exceptionnelle collection de Jacomo Morier, parrain de la Mafia locale. Ce dernier décide alors d'utiliser leur talent à son profit contre son ennemi juré, Max Klemp.
OVERDRIVE, Antonio Negret 2017, Scott Eastwood, Freddie Thorp (sport thriller)@@ (E)
Les frères Andrew et Garrett Foster sont des pilotes d'exception, mais aussi des voleurs d'exception. Leur spécialité : voler les voitures les plus chères au monde. A Marseille, ils parviennent à dé ...

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PAPA OU MAMAN 2, Martin Bourboulon 2016, Marina Fois, Laurent Laffitte (comique)@


Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Cependant, l'apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre le feu aux poudres. Le match entre les ex-époux reprend.

TELERAMA
Laurent Lafitte et Marina Foïs, une fois divorcés, se détestent et se voient encore plus : malgré les évidentes redites, un portrait cynique et drôle de la famille progressiste.

Triomphe inattendu de 2015 (près de trois millions d’entrées), Papa ou maman a eu déjà droit à sa suite. Elle semble d’abord supérieure au premier épisode. Les modalités de vie familiale imaginées par les divorcés Marina Foïs et Laurent Lafitte tournent à l’absurde. Le va-et-vient des trois ados entre leurs deux maisons en vis-à-vis obéit à un système de garde alternée d’une rare complexité. Un quatrième enfant, en bas âge, est né après le divorce…


Entre lapsus et actes manqués, personne ne semble sûr de sa place ou de son statut, d’autant que les deux ex s’échinent à refaire leur vie, chacun avec un(e) autre partenaire. D’où un portrait cynique et drôle de la famille progressiste, en état de crise et de confusion maximales. Dommage que les quarante-cinq minutes suivantes reproduisent à l’identique certaines scènes du premier opus et ramènent tout le monde sur les rails des conventions, y compris comiques.
PAPA OU MAMAN 2, Martin Bourboulon 2016, Marina Fois, Laurent Laffitte (comique)@ (E)
Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Cependant, l'apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre ...

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PAR SOUCI PEDAGOGIQUE, Hassan Benali, Charlotte Cayeux 2025


Béatrice, la cinquantaine, est prof d'EPS dans un lycée. Déplorant l'absence de garçons dans l'option danse qu'elle anime, elle tente de convaincre l'un de ses élèves dont elle a perçu le potentiel, Krimo, d'y participer. Mais Krimo ne se laisse pas facilement persuader et quand Béatrice, fatiguée d'entendre ses insultes permanentes, lui retourne la pareille, les choses dégénèrent.
PAR SOUCI PEDAGOGIQUE, Hassan Benali, Charlotte Cayeux 2025 (E)
Béatrice, la cinquantaine, est prof d'EPS dans un lycée. Déplorant l'absence de garçons dans l'option danse qu'elle anime, elle tente de convaincre l'un de ses élèves dont elle a perçu le pot ...

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PORCO ROSSO, Hayao Miyazaki 1992 (animation japon italie)@@


Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Marco doit à une mystérieuse malédiction d'avoir troqué sa tête d'humain contre un groin de cochon. Il n'en continue pas moins de piloter son avion de combat et s'acharne contre les pirates de l'air qui terrorisent l'Italie. Sa seule consolation sur cette terre est d'aller boire un verre chez Gina, une tenancière d'hôtel qui l'a connu lorsqu'il avait visage humain. Les pirates se donnent pour chef le bellâtre Curtis et parviennent à mettre Marco en échec. Plus grave encore, l'appareil du pilote porcin est endommagé. A Milan, où Marco tente de faire réparer son engin, une petite fille débrouillarde et experte en mécanique vole à son secours...

TELERAMA
Les aventures romanesques, humanistes et aériennes, d’un aviateur… à tête de cochon, dans l’Italie de l’entre-deux-guerres. L’un des chefs-d’œuvre les moins connus du génial réalisateur Hayao Miyazaki.

Une histoire de cochon volant, aventureux et romantique ? Vous ne rêvez pas, vous êtes bien dans l’univers à part de Hayao Miyazaki, le grand magicien de l’animation japonaise. Presque dix ans avant Le Voyage de Chihiro, qui devait le révéler au public français, et après des chefs-d’œuvre comme Nausicaä de la vallée du vent ou encore Mon voisin Totoro, ce dessin animé-là est l’un des plus adultes, des plus mélancoliques que le maître des studios Ghibli ait jamais réalisés.

Avec lui, Miyazaki délaisse un temps ses marottes (l’antagonisme entre l’homme et la nature, la mythologie shintoïste) pour voyager dans l’Italie de l’entre-deux-guerres. Un as de l’aviation, solitaire et mystérieux, rumine ses traumatismes post-14-18 dans les îles de l’Adriatique. Si Miyazaki lui a offert un groin de cochon, c’est pour que l’on voie mieux son âme humaniste et tourmentée. Sa trogne porcine, lunettes opaques et clope au bec, contraste avec la somptueuse limpidité des décors, ciels immaculés et côtes verdoyantes. Mais à bord de son hydravion rouge, c’est un héros, un vrai, qui refuse les compromis et « vole » au secours des opprimés, en pleine montée du fascisme. Un personnage subtil, viril et blessé, que l’on croirait sorti d’un roman de Hemingway ou d’une BD d’Hugo Pratt, tout comme son entourage, formidable clique d’originaux et de rêveurs. Un joyau singulier, dans la vaste collection de trésors miyazakiens.
PORCO ROSSO, Hayao Miyazaki 1992 (animation japon italie)@@ (E)
Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Marco doit à une mystérieuse malédiction d'avoir troqué sa tête d'humain contre un groin de cochon. Il n'en continue pas moins de piloter son avion d ...

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RAZZIA, Nabil Ayouch 2017, Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Amine Ennajj (sentimental racisme)@@


A Casablanca, Salima fume des cigarettes, veut travailler et porte des jupes courtes au grand dam de son mari qui contrôle ses faits et gestes. Hakim, jeune garçon des quartiers populaires, se réfugie parfois, lui aussi, sur le toit de son immeuble : un havre où il écoute Freddie Mercury, le chanteur de Queen, l'inspirateur d'un look qui fait honte à son père. Au coeur des quartiers bourgeois, l'adolescente Inès étouffe dans son ghetto de riches, qu'elle quitte seulement pour aller au lycée français, conduite par un chauffeur. Dans le centre-ville, Joe, parce qu'il est juif, sent désormais les comportements se crisper...

TELERAMA
En mettant à nouveau en scène le Maroc, après, notamment, Les Chevaux de Dieu (2012) et Much Loved (2015), Nabil Ayouch déploie son regard avec un amour inépuisable. Mais inquiet. Dans l’Atlas, en 1982, un maître d’école est remplacé par un sinistre magister chargé d’imposer l’usage de l’arabe classique, une langue que les élèves, berbères, ne comprennent pas et qui est le vecteur de l’islam ultra religieux. L’arabisation forcée place le film sous le signe d’une dépossession : ce qui s’est passé dans ces montagnes, il y a longtemps, se répète aujourd’hui dans les maisons, à Casablanca. Salima vit sous le contrôle de son mari, Jawad, que le désir de liberté de sa femme rend fou. Hakim endure les regards de mépris de son père parce qu’il veut devenir chanteur.

Courageusement, Razzia montre une nation d’idéologues, arc-boutés sur des diktats moraux, religieux. De ce tableau tout en tensions ressortent des visages en gros plan, des individua­lités qui résistent. Hakim s’accroche à son rêve, Salima refuse d’être la recluse que son mari veut pour compagne. Portraitiste talentueux, le réalisateur regarde chaque personnage intensément. Il montre le courage des choix personnels dans un pays où l’on ne sort pas du rang, sinon dans les émeutes collectives. Maryam Touzani, qui, depuis, est passée à la réalisation avec le très bel Adam , donne à Salima sa beauté de tragédienne, mais aussi une douceur, une plénitude. Figure de proue du film, elle incarne à merveille le combat et la sensibilité, l’espoir possible.
RAZZIA, Nabil Ayouch 2017, Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Amine Ennajj (sentimental racisme)@@ (E)
A Casablanca, Salima fume des cigarettes, veut travailler et porte des jupes courtes au grand dam de son mari qui contrôle ses faits et gestes. Hakim, jeune garçon des quartiers populaires, se réfugie parfois, lui aussi, ...

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RIO GRANDE, John Ford 1950, John Wayne, Maureen O Hara (western)@


Le colonel Yorke dirige une garnison non loin de la frontière mexicaine. Parmi les nouvelles recrues, il voit arriver son propre fils, Jeff. La mère du jeune soldat, Kathleen, arrive à son tour. Séparée du colonel depuis la guerre de Sécession, elle vient lui demander de renvoyer leur fils. Quand Sheridan donne l'ordre à Yorke de franchir la frontière et d'exterminer les Indiens réfugiés au Mexique, il fait évacuer les femmes et les enfants.

TELERAMA
Film de commande, cette suite inavouée de “Fort Apache” offre une belle place aux scènes d’action. Et reste un prétexte à une réflexion fordienne sur les sacrifices qu’exige la guerre.

John Ford n’a tourné ce film que pour pouvoir faire ensuite librement L’Homme tranquille. Pourtant, cette suite inavouée de Fort Apache, décrivant la guérilla entre Tuniques bleues et Indiens à la frontière mexicaine, est magnifique de réalisme et de désenchantement. Le lieutenant-colonel Yorke, que joue John Wayne (avec une moustache), est partagé entre sa famille (son fils est sous ses ordres, son ex-femme les a rejoints) et l’armée, prétexte à une réflexion éminemment fordienne sur la guerre et les sacrifices qu’elle exige. Les scènes d’action sont remarquables, et, anecdote, le film inspira Goscinny pour deux albums de Lucky Luke, Le 20ᵉ de cavalerie et Canyon Apache.

SYNOPSIS
Sur ordre du général Sheridan et contre sa volonté, Kirby Yorke a brûlé la plantation de son épouse, d'origine sudiste. Elle ne lui a jamais pardonné ce geste et, depuis quinze ans, Kirby et sa femme Kathleen vivent séparés. Le colonel Yorke commande maintenant un fort à la frontière mexicaine, sans cesse en butte aux incursions des Apaches retranchés au Mexique, où la cavalerie américaine ne peut pas les poursuivre. Dans un détachement de recrues, il a la surprise de reconnaître son fils Jeff, bientôt suivi par sa mère. Celle-ci s'oppose à l'enrôlement de son garçon, qu'elle est venue empêcher de combattre. Mais le père et le fils sont obstinés...


RIO GRANDE, John Ford 1950, John Wayne, Maureen O Hara (western)@ (E)
Le colonel Yorke dirige une garnison non loin de la frontière mexicaine. Parmi les nouvelles recrues, il voit arriver son propre fils, Jeff. La mère du jeune soldat, Kathleen, arrive à son tour. Séparée du ...

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SEVEN SISTERS, Tommy Wirkola 2017, Noomi Rapace, Glenn Close (science fiction)@


2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d'instaurer une politique d'enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d'Allocation des Naissances, sous l'égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l'existence de ses sept petites-filles.

TELERAMA
Dans un monde où règne la politique de l’enfant unique, des septuplées se cachent. Une caricature de dystopie où le vertige schizophrène promis tombe, hélas, à plat.

En 2073, sur une Terre surpeuplée, la politique de l’enfant unique a été instaurée. Pour survivre, des septuplées (Noomi Rapace, fois sept) appliquent un stratagème élaboré par leur grand-père (Willem Dafoe, trois ou quatre flash-back et puis s’en va). Elles vivent retranchées dans leur appartement, sortent chacune un jour par semaine et prétendent, à l’extérieur, être une seule et même personne.

Le film promet un vertige schizophrène, comme dans la scène inaugurale de repas réunissant les sept. Hélas, le Norvégien Tommy Wirkola, visiblement absorbé par les défis techniques liés au tournage, néglige totalement la caractérisation des héroïnes. Les sept personnalités se réduisent en fait à sept looks : la Noomi hackeuse, la Noomi sportive, la Noomi fêtarde, etc.

Et la science-fiction est, ici, une caricature de dystopie — voir Glenn Close en méchante politicienne, avec coupe de cheveux amidonnée de circonstance. Pis : Seven Sisters, sorte de Fils de l’homme inversé, est déplaisamment malthusien. Il suffit, pour s’en convain­cre, de voir le peu d’importance que le metteur en scène attache à la vie des personnages (sœurs comprises), qui périssent en une suite d’exécutions plus ou moins sommaires.

SEVEN SISTERS, Tommy Wirkola 2017, Noomi Rapace, Glenn Close (science fiction horreur)@ (E)
2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d'instaurer une politique d'enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d'Allocation des Naissances, sous l'égide de Nicolette Cayman. Confront&eacu ...

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STEPPING OUT, Lewis Gilbert 1991, Liza Minnelli, Robyn Stevan (musical)@@


Un professeur de danse prend la tête d'une troupe de débutants, qu'elle entend faire concourir dans un championnat national de claquettes.

TELERAMA
Jazz vocal, chapitre CCCXXVII. Un garçon, pour changer. Anthony Strong. Britannique. Né en 1984. Crooner qui s'accompagne au piano ; on pourrait aussi dire pianiste qui chante. Jazz, décidément jazz, à la frange de la pop. Chante des standards américains et en compose qui leur ressemblent à s'y méprendre. Influence de Harry Connick Jr et, à travers celui-ci, de Sinatra. Mais celui à qui il fait le plus penser est son compatriote et aîné Jamie Cullum. Meilleur pianiste, mais chanteur moins charmeur, car le jeune Strong n'a pas le grain un peu fêlé de Cullum ni sa fantaisie. Cependant, son premier disque est bon. Quatorze chansons dans des interprétations concises (trois minutes en général, ce qui est parfait), dont cinq sont signées de lui, les neuf autres empruntant au répertoire de gens comme Tony Bennett (Stepping out with my baby), de Mel Tormé (My foolish heart) et de quelques autres du même acabit, avec de jolis arrangements. L'accompagnement est en trio, augmenté de cordes sur les ballades, de cuivres sur les tempos plus vifs, avec quelques solistes qui y tâtent, dont un saxophoniste ténor foufou éruptif, Nigel Hitchcock. Une affaire bien emballée. — Michel Contat
STEPPING OUT, Lewis Gilbert 1991, Liza Minnelli, Robyn Stevan (musical)@@ (E)
Un professeur de danse prend la tête d'une troupe de débutants, qu'elle entend faire concourir dans un championnat national de claquettes.

TELERAMA
Jazz vocal, chapitre CCCXXVII. Un garçon, pour changer. Ant ...

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TARZAN, David Yates 2016, Alexander Skarsgård, Margot Robbie (science fiction)@


Cela fait presque dix ans que Tarzan, connu aussi du nom de John Clayton III, a quitté l'Afrique pour vivre en Angleterre victorienne avec sa femme bien-aimée Jane. Le danger, par contre, arrive. Leon Rom, l'envoi sinistre du roi Léopold, attire Tarzan au Congo afin de le livrer à un vieil ennemi.

TELERAMA
Rêvant d’un film de genre total, David Yates ne parvient pas à rompre avec le paternalisme inhérent au personnage — l’Occidental qui domine l’Afrique.

Pas sûr qu’il nous manquait, le roi de la jungle. Pour son grand retour au cinéma, on le retrouve à Londres, sifflant du thé avec l’auriculaire levé. Mais le voilà qui part en mission au Congo, terre de son enfance… David Yates, réalisateur des quatre derniers Harry Potter, rêve d’un film de genre total : aventures + superhéros + western. Il braconne aussi du côté de La Planète des singes, avec de tristes gorilles numériques. Mais il échoue sur tous les tableaux. Comme pour exorciser la réputation sulfureuse qui lui colle à la peau — un Occidental qui domine le monde sauvage, hommes et animaux compris —, Tarzan combat cette fois de méchants colons. Mais cette Afrique libérée des Blancs par un Blanc exhale un paternalisme tout aussi embarrassant.
TARZAN, David Yates 2016, Alexander Skarsgård, Margot Robbie (science fiction)@ (E)
Cela fait presque dix ans que Tarzan, connu aussi du nom de John Clayton III, a quitté l'Afrique pour vivre en Angleterre victorienne avec sa femme bien-aimée Jane. Le danger, par contre, arrive. Leon Rom, l'envoi sinistre du ...

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TAXI, Gerard Pires 1998, Sami Naceri, Frédéric Diefenthal (societe)@@


Daniel est un fou du volant. Cet ex-livreur de pizzas est aujourd'hui chauffeur de taxi et sait échapper aux radars les plus perfectionnés. Pourtant, un jour, il croise la route d'Emilien, policier recalé pour la huitième fois à son permis de conduire. Pour conserver son taxi, il accepte le marché que lui propose Emilien : l'aider à démanteler un gang de braqueurs de banques qui écume les succursales de la ville à bord de puissants véhicules.

TELERAMA
Un flic (Frédéric Diefenthal), un chauffeur de taxi (Samy Naceri), une 406 surgonflée et la Canebière. On ajoute des vannes bien balancées et le divertissement, peuchère, il roule tout seul.

Daniel, le taxi, et Émilien, le « Schtroumpf » : l’un conduit et l’autre pas. L’un déteste la « maison poulaga » et l’autre y travaille. Le gang des Mercedes n’a qu’à bien se tenir… Dans ce premier volet de la saga, l’influence de Luc Besson est flagrante.

Traiter les braqueurs allemands de « boches » n’était pas du meilleur goût. Mais Samy Naceri et Frédéric Diefenthal faisaient la paire. Et la jeunesse marseillaise avait ici le beau rôle. Les livreurs de pizzas et le taxi d’origine arabe réussissaient, sur un air de rap, là où la police ramait. Comme un effet Zidane au cinéma.
TAXI, Gerard Pires 1998, Sami Naceri, Frédéric Diefenthal (societe)@ (E)
Daniel est un fou du volant. Cet ex-livreur de pizzas est aujourd'hui chauffeur de taxi et sait échapper aux radars les plus perfectionnés. Pourtant, un jour, il croise la route d'Emilien, policier recalé pour la huiti& ...

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THE YATCH, Declan Whitebloom 2021 (thriller maritime)@


Bella a eu une adolescence dissipée et n'a plus aucune nouvelle de son père, dont elle reproche l'absence. Au décès de celui-ci, elle reçoit un superbe yacht en héritage, qui vaut une fortune. Malgré les consignes administratives, elle s'y installe clandestinement le soir-même avec un garçon qu'elle a dragué dans un bar. En pleine nuit, le yacht démarre avec à son bord trois voleurs. Bella doit les affronter afin de survivre.

TELERAMA
Bella Denton, une jeune femme aussi perturbée que fêtarde, hérite du splendide yacht de son défunt père avec lequel elle n'entretenait aucun contact. La jeune femme, qui n'a pas le pied marin, passe une nuit dans le bateau avec Michael, son petit ami du moment, après s'être assurée que le yacht était bien amarré. Le lendemain matin, à son réveil, elle réalise qu'elle se trouve au beau milieu de l'océan et que Michael et elle ne sont plus seuls à bord. Tandis que son amant se jette à l'eau pour aller donner l'alerte, Bella ne peut compter que sur elle-même pour venir à bout des intrus. Elle ignore que ceux-ci sont envoyés par les anciens associés de son père, déterminés à récupérer une grosse somme d'argent cachée dans le coffre-fort du bateau..
THE YATCH, Declan Whitebloom 2021 (thriller maritime)@ (E)
Bella a eu une adolescence dissipée et n'a plus aucune nouvelle de son père, dont elle reproche l'absence. Au décès de celui-ci, elle reçoit un superbe yacht en héritage, qui vaut une fortune. Malgr ...

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THOMAS CROWN, John McTiernan 1999, Pierce Brosnan, Rene Russo (thriller)@@@


Financier réputé, collectionneur d'art et de jolies femmes, Thomas Crown est également un cambrioleur redoutablement efficace. Catherine Banning, séduisante agent d'assurance, est chargée d'enquêter sur le vol d'un tableau de Claude Monet d'une valeur de 100 millions de dollars. Commence alors un jeu dangereux, entre séduction, sexe et mensonge, où l'argent n'est plus le seul enjeu.

TELERAMA
OK, c’est le remake d’un film culte. Et alors, on a aussi le droit d’aimer le style carré et glacé de McTiernan et la séduction dominatrice de Rene Russo, non ?

Dans L’Affaire Thomas Crown, de Norman Jewison, Faye Dunaway revisitait l’érotisme du bout d’un ongle vernis de beige, lors d’une partie d’échecs mémorable avec Steve McQueen. Mais, franchement, cette version de 1968, jugée si élégante à travers le filtre de la nostalgie, était passablement clinquante.

Pour son remake, John McTiernan choisit un luxe encore plus tapageur mais ne démérite pas : mise en scène carrée comme une carte de crédit Platinum, glacée comme une double page du magazine Fortune, ou comme Crown lui-même, cet as des affaires et de la cambriole, qui confie à sa psy son incurable ennui. Voler un Monet ? Mouais, mais moins exaltant que jouer avec une chasseuse de primes d’assurance qui porte à merveille la robe transparente… Pierce Brosnan, fade, est bien cet homme sans visage du tableau de Magritte qui inspire la meilleure scène du film. Et quand il est nu, Rene Russo est dessus. Cette actrice futée, mature et sexy — dont le tempérament mâle n’est plus à prouver depuis son concours de cicatrices avec Mel Gibson dans L’Arme fatale 3 — est la qualité dominante de Thomas Crown. 
THOMAS CROWN, John McTiernan 1999, Pierce Brosnan, Rene Russo (thriller)@@@ (E)
Financier réputé, collectionneur d'art et de jolies femmes, Thomas Crown est également un cambrioleur redoutablement efficace. Catherine Banning, séduisante agent d'assurance, est chargée d'enquêter ...

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UN AIR DE FAMILLE, Cedric Klapisch 1996, Jean-Pierre Bacri, Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot, Agnes Jaoui (comique)@@@


Chaque vendredi soir, la famille Ménard se réunit au bar-restaurant Au Père Tranquille, tenu dans une banlieue par l'un des fils, Henri.

TELERAMA
Un grand air (étouffant) de famille, un grand air (décoiffant) d’intelligence comique, c’est un grand oui !
Ça chauffe au dîner hebdomadaire des Ménard : Henri, le cafetier, vient de se faire larguer par sa femme. Philippe, son frère, cadre faraud et peureux, peste contre Betty, la petite sœur rebelle. Laquelle en a marre de la relation qu’elle entretient avec Denis, le serveur intello. Et puis il y a la mère, pas commode, et Yolande, pas maligne…

Le thème — la difficulté à résister au poids de la famille, à son embrigadement mental —, traité avec brio par le tandem Jaoui-Bacri, rejoint les préoccupations de Cédric Klapisch. Le cinéaste n’a cessé de s’interroger sur la façon dont l’individu parvient à rester lui-même au sein du collectif, entreprise (Riens du tout), lycée (Le Péril jeune), quartier (Chacun cherche son chat). Ici, chacun reconnaît ses parents, ses frères, ses sœurs… La mise en scène, tranchante, sert le texte, drôlissime, et les acteurs sont tous formidables. Jean-Pierre Bacri sait mieux que personne se recoiffer avant d’enfiler son pull, ou fredonner le générique des Chiffres et des lettres. Catherine Frot joue les gourdes avec invention, et Jean-Pierre Darroussin est stupéfiant d’humanité.
UN AIR DE FAMILLE, Cedric Klapisch 1996, Jean-Pierre Bacri, Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot, Agnes Jaoui (comique)@@@ (E)
Chaque vendredi soir, la famille Ménard se réunit au bar-restaurant Au Père Tranquille, tenu dans une banlieue par l'un des fils, Henri.

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Un grand air (étouffant) de famille, un grand air (d& ...

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VENDETTA, Jared Cohn 2022, Clive Standen, Theo Rossi, Mike Tyson (thriller)@


Lorsque sa fille est assassinée et que son meurtrier reste en liberté à cause de l'inefficacité de la justice, William Duncan décide de prendre les choses en mains et de rendre justice lui-même. Cependant, après avoir tué le responsable, il va tout de suite se retrouver en guerre contre sa famille et contre le gang qu'elle dirige. William se rendra vite compte que dans la quête de vengeance, il n'y a jamais vraiment de vainqueur.

Dans une ville de banlieue, William Duncan, père de famille et ancien Marine, sort acheter de la nourriture avec Kat, sa fille de 16 ans. Alors que William attend sa commande, Kat, restée seule dans la voiture, est prise pour cible par un gang. Danny Fetter, un des membres de la bande, tue l'adolescente au cours de ce qui est censé être un rite d'initiation. Rapidement arrêté, Danny obtient une réduction de peine en échange de ses aveux. Face à cette injustice, William décide de régler ses comptes lui-même. Il modifie son témoignage, permettant ainsi à Danny d'être remis en liberté. Dans les heures qui suivent, William retrouve et tue Danny, provoquant la colère de son père, Donnie Fetter, le chef du gang...
VENDETTA, Jared Cohn 2022, Clive Standen, Theo Rossi, Mike Tyson (thriller)@ (E)
Lorsque sa fille est assassinée et que son meurtrier reste en liberté à cause de l'inefficacité de la justice, William Duncan décide de prendre les choses en mains et de rendre justice lui-même. Cepe ...

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ZOOTOPIE 2, Jared Bush, Byron Howard 2025 (animation jeunesse)@@


Les agents de police Judy Hopps et Nick Wilde doivent suivre la piste sinueuse d'un mystérieux reptile qui arrive à Zootopie et met la métropole des mammifères sens dessus dessous.

TELERAMA
Neuf ans après leur première enquête, l’inspectrice lapine et son coéquipier renard sont embarqués dans une nouvelle affaire quand un mystérieux serpent débarque à Zootopie et sème la zizanie. Tordant, juste un poil moins que leur précédente aventure. Dès 5 ans.

Presque dix ans après le spectaculaire effet de surprise provoqué par le premier volet, revigorant polar pour enfants truffé de gags tordants, Zootopie 2 souffre forcément un peu de la comparaison. Mais juste un poil, et seulement quelques griffes.

Cette suite, qui galope (ou rampe, au choix) à partir du 26 novembre dans les salles obscures, propose peu ou prou la même recette que son aîné mais pimentée de nouveaux ingrédients parfaitement dosés. De retour, donc, le duo dépareillé, formé de Juddy Hopps, la lapine-flic aux yeux violets, tendance Hermione (la brillante élève hyperactive de Harry Potter) et par son acolyte Nick Wilde, renard cool à cravate à fleurs. Le tandem, qui avait triomphé de la méchante brebis (et maire de Zootopie dont, pour rappel, l’objectif était d’éliminer tous les prédateurs de la ville), est menacé désormais de dissolution. Le chef Bogo les contraint à suivre une thérapie pour « coéquipiers en crise », et surtout, à résoudre la nouvelle enquête complexe qui les attend.

Il faut savoir qu’à Zootopie, on ne trouve plus la moindre trace de reptile, après l’assassinat d’une tortue par un serpent il y a cent ans. Depuis, aucun mammifère n’a plus jamais fait confiance à un reptile... Mais comme toujours dans la mégalopole, les méchants ne sont pas ceux que l’on croit.

Au cours de l’enquête, la paire retrouve de vieilles branches (l’irrésistible paresseux Flash au volant de sa voiture de course ; Mister Big, mini-musaraigne et parrain de la pègre, aux allures de Vito Corleone, Shakira en Gazelle reine de la pop...), et rencontre surtout tout un tas de petits nouveaux aussi déjantés les uns que les autres : le maire fraîchement élu, Brian Winddancer, cheval au brushing impeccable, un castor intrépide qui guide Judy et Nick dans les marais à la rencontre du morse-bateau, ou encore des chèvres autrichiennes (tenue traditionnelle comprise), tous désopilants. Autant de trouvailles qui rendent délectable ce deuxième voyage en Zootopie. À savourer avec une piña koala, s’il vous plaît.
ZOOTOPIE 2, Jared Bush, Byron Howard 2025 (animation jeunesse)@@ (E)
Les agents de police Judy Hopps et Nick Wilde doivent suivre la piste sinueuse d'un mystérieux reptile qui arrive à Zootopie et met la métropole des mammifères sens dessus dessous.

TELERAMA
Neuf ans ...