SISSI ET MOI, Frauke Finsterwalder 2023, avec Susanne Wolff, Sandra Huller (fiction histoire)@@ ()
À la fin du XIXe siècle, l'impératrice Élisabeth d'Autriche-Hongrie, connue sous le nom de Sisi vit dans une commune de femmes aristocratiques en Grèce. La comtesse Irma y est envoyée pour être la compagne de Sisi, et elle tombe sous le charme de cette recluse excentrique et extravagante. Cependant, le monde extérieur veut briser Sisi. Irma et Sisi ont beau résister, il ne reste qu'une voie fatale qui liera à jamais les deux femmes.
TELERAMA
Une célibataire un peu godiche devient dame de compagnie de l’impératrice d’Autriche… et en tombe amoureuse. Avec Sandra Hüller, toujours aussi impressionnante.
De quoi Sissi est-elle devenue le nom ? Loin des bluettes froufroutantes d’Ernst Marischka (entre 1955 et 1957) et du drame crépusculaire de Luchino Visconti (1973) qui la canonisèrent sous les traits de Romy Schneider, l’impératrice d’Autriche inspire aujourd’hui des relectures audacieusement féministes. Après l’Autrichienne Marie Kreutzer et son Corsage sorti fin 2022, c’est au tour de l’Allemande Frauke Finsterwalder de lui faire endosser d’anachroniques atours à travers une fiction revendiquée comme telle. Parmi leurs points communs, ces deux films brodent librement sur la mort de l’altesse assassinée par un anarchiste italien en 1898, envisageant le trépas (sous la forme du suicide pour l’un, d’un genre de crime passionnel pour l’autre) comme la seule échappatoire possible à ses tourments de captive.
L’originalité de Sissi et moi tient évidemment à ce « moi » qui introduit un point de vue extérieur : celui de la comtesse Irma Sztáray (Sandra Hüller), célibataire maladroite et maltraitée par sa mère, soudain propulsée dame de compagnie d’une tête couronnée dépeinte en rock star (Susanne Wolff). Soumise aux caprices de sa maîtresse, la godiche se met au sport, au jeûne, aux voyages qui permettent à Élisabeth d’éviter la cour. Sous la domination point une amitié, qui vire chez Irma en un amour fanatique — voir la scène où elle ingère une boule de cheveux de Sissi —, protecteur et jaloux.
Moins saisissants que ceux de Corsage, auquel sa photographie conférait une froide étrangeté, les partis pris de ce film-ci sont autant de décalages, tant dans les costumes que dans la bande originale, exclusivement composée de voix féminines — Portishead, Tess Parks, Nico… Même s’il aurait sans doute gagné à être resserré et un peu moins explicite — certaines répliques frôlent le manifeste —, Sissi et moi intrigue et réussit, vraie gageure, à créer un récit inédit. Il donne par ailleurs l’occasion d’admirer un nouvel avatar de Sandra Hüller (Anatomie d’une chute), impressionnante en groupie énamourée.
1894. Officieusement séparée de son mari depuis de nombreuses années, l'impératrice Sissi, âgée de 40 ans, désigne sa nouvelle dame d'honneur, Irma Sztáray, une jeune aristocrate naïve et un peu maladroite, pour l'accompagner dans ses nombreux voyages à travers l'Europe. Contre toute attente, la jeune femme s'entend bien avec la souveraine au tempérament excentrique, à la personnalité maniaco-dépressive et au comportement parfois cruel. Mais, à leur retour à la cour d'Autriche, l'amitié entre les deux femmes est mise à mal par les conventions. Sissi se révèle alors très attachée au protocole et à la place que chacun occupe dans la société.