SAMBA, Eric Toledano Olivier Nakache 2014, Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Izia Higelain (sosiete)@@@ ()
Samba, Sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits emplois. Alice est une cadre épuisée fatiguée par un surmenage professionnel. Il essaie par tous les moyens d'obtenir ses papiers tandis qu'elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association.
TELERAMA
Moins “efficace” mais plus réaliste et complexe qu’“Intouchables”, cette comédie douce-amère jette un beau regard sur un clandestin et une dépressive. Charlotte (Gainsbourg) forever.
Par le biais d’une association pour les sans-papiers, Samba, Sénégalais clandestin menacé d’expulsion, rencontre une cadre sup parisienne frappée par un burn-out pour avoir travaillé « comme une esclave » pendant quinze ans — fébrile Charlotte Gainsbourg. Le premier thème de cette comédie mélancolique est là : se tuer à la tâche, qu’on soit sans-papiers ou non — façon de parler, d’ailleurs, puisque les réalisateurs montrent à quel point le destin d’un immigré dépend d’un monceau de paperasse dans un circuit administratif absurde. Ils filment Samba dans ses multiples petits boulots, et donc la pénibilité de ces emplois que seuls les clandestins sont bien obligés d’accepter.
L’humour, tendre, surgit souvent grâce à la présence explosive d’Izïa Higelin, et lors des scènes au sein de l’association — comme ce réveillon où chacun (bénévole ou immigré) y va de son vœu pieux pour une vie meilleure. Il y a aussi ce moment, apaisé, la nuit, dans une station-service, où la bourgeoise dépressive se confie au clandestin : c’est lui, le prolétaire, qui détient le pouvoir de la compassion. Leur histoire d’amour reste ambivalente (est-elle attirée par son exotisme ? la voit-il comme un joli visa ?), et le happy end lui-même repose sur un vol d’identité. Samba est le film de deux réalisateurs qui veulent croire au Père Noël, en sachant qu’il n’existe pas.