MEN IN BLACK 2, Barry Sonnenfeld 2002, Will Smith, Tommy Lee Jones ()
L'agent J n'a cessé de protéger la Terre des invasions extraterrestres durant les quatre années qui viennent de passer. Pour autant, il n'a pas encore trouvé de coéquipier au sein des Men in black. Alors que l'agence enquête sur un crime lié à des extraterrestres, elle met à jour un vaste complot qui, à terme, pourrait menacer la planète. Serleena, à la tête de ce sombre projet, est prête à tout pour parvenir à ses fins.
TELERAMA
Les agents J et K reprennent du service. Un duo bien rôdé face à des aliens toujours plus délirants.
On ne peut pas faire confiance à la vermine intergalactique. Toujours en train de fomenter un complot visqueux, un coup fourré à la gelée glauque, un Trafalgar astral. Mais pour sauver la planète, on peut toujours compter sur les hommes en noir, ces agents très secrets moitié croque-morts, moitié Blues Brothers, détachés à l'intégration des aliens, ou à leur désintégration s'ils sont mal intentionnés (Sarkozy serait sur le coup pour les débaucher...). Cette singulière activité a son champion, J (Will Smith), depuis que K (Tommy Lee Jones) a raccroché les lunettes noires. Souvenez-vous, K, le vétéran, la légende, avait formé J pour lui succéder, parce qu'être digéré par des cafards cosmiques ou chevaucher des larves obèses et hystériques au quotidien, ça use un brin. Depuis, donc, J assure, tout imbu de sa mission, « neurolysant » à tour de bras pour ne laisser aucun témoin. Sauf que K, il y a un bail, avait fait une connerie (ça arrive aux meilleurs). Pour les beaux yeux d'une princesse kylothienne, il avait planqué la lumière de Zartha. Au mépris de toute sécurité terrienne. Il faut rappeler l'ancien et que, surtout, l'ancien se rappelle.
Reformer le formateur
Ressort simple mais efficace : J est obligé de reformer son propre formateur, et Will Smith (qui, lui aussi, a appris à assurer) arrache à son train-train postal un Tommy Lee Jones en bermuda et chaussettes. Ce n'est pas la seule bonne idée de cette mécanique si bien huilée, qui lanterne si peu qu'une deuxième vision est quasi recommandée. La précieuse lumière a des atouts pas immatériels pour deux sous. La gorgone intersidérale qui la convoite depuis vingt-cinq ans (les aliens sont patients) se mue en mannequin de lingerie pour la récupérer. Ses talents transformistes et tentaculaires sont parfaitement dignes du reste du bestiaire. Car, à l'image du premier Men in black, une clique de créatures pas piquées des vers (qui, eux, se la coulent douce dans leur garçonnière...) se bouscule dans chaque plan, du « testigueule » au bicéphale à option giratoire, de l'autogire blafard couvant ses petits à... Michael Jackson.
Le jeu, à la sortie, consistera à choisir son petit préféré (nous, c'est le trieur de courrier). Plus encore que le premier, Men in black II repose sur un principe enfantin mais pas si fréquent : la générosité. Celle qui ne sent pas l'effort, qui ne se montre pas elle-même du doigt, qui n'a jamais l'air de se rengorger. Avec une belle paire de seins, on fait ce qu'on veut des terriens, constate à un moment, psychologue et amusée, la gorgone bien gaulée. Avec son blockbuster opulent, Barry Sonnenfeld va faire à peu près ce qu'il veut du public de cet été.