En 1888, l'archiduc Rodolphe de Habsbourg est à la tête de l'opposition libérale à la politique de son père, l'empereur François-Joseph. Il s'attire la haine du comte Taafe, ministre de l'empereur, à cause de ses idées progressistes. Marié de force à Stéphanie de Belgique, Rodolphe passe la plupart de ses nuits dans la maison Sacher avec son ami, Philippe de Cobourg.
TELERAMA
C'est le film qui permit à Charles Boyer d'entamer sa glorieuse carrière américaine et à Danielle Darrieux — 19 ans — de signer le célèbre « contrat de sept ans » hollywoodien. « Give me your Mayerling look ! » lui répétera-t-on, d'ailleurs, sans cesse, dans les couloirs des studios Universal... Bien sûr, le double suicide du prince héritier des Habsbourg et de sa jeune maîtresse cachait des motifs plus politiques que sentimentaux — et Anatole Litvak aborde le mépris du vieil empereur pour ce fils incontrôlable : un quasi-révolutionnaire...
Mais Mayerling reste, d'abord et avant tout, un mélo amoureux, à l'esthétique sombre, mortifère, où Darrieux symbolise, a contrario, la tentation de la pureté et l'espoir de la lumière. Dès sa première apparition, elle irradie, accompagnée par un thème musical entêtant, dont Maurice Jaubert (qualifié au générique de « directeur musical ») fera, quelques années plus tard, la célèbre Valse triste de Carnet de bal. Le film a certes un peu vieilli, mais la mort des amants est filmée avec un étonnant sens de l'ellipse. Et si la Parigote Suzy Prim fait hurler de rire, aujourd'hui, en aristocrate autrichienne, certaines scènes frappent par leur lyrisme : celle de l'église, notamment, où l'on voit Rodolphe se glisser auprès de celle qu'il aime pour lui avouer son amour et lui demander secours. — Pierre Murat