MASCARADE, Nicolas Bedos 2022, Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet, Marine Vacth, Emmanuelle Devos (drame comique)@@ ()
Le séduisant Adrien était promis à une carrière de danseur, jusqu'à un terrible accident de moto. Aujourd'hui, il est entretenu par Martha, ancienne vedette du cinéma vivant sur la Côte d'Azur. Tout va changer lorsqu'Adrien fait la rencontre de la belle et jeune Margot. Cette dernière vit d'escroqueries et de manipulations. Ils vont alors s'associer pour monter une arnaque diabolique grâce à une mascarade sentimentale. Ils ciblent alors Simon, un agent immobilier.
TELERAMA
Coups bas, mensonges, et grosses ficelles mènent le bal dans le quatrième long métrage de Nicolas Bedos, aussi pathétique que son microcosme bling-bling.
«C'est long, c’est chiant, c’est roboratif. Et c’est la Palme d’or. » Lâchée dans une séquence de soirée mondaine, cette réplique tient d’une forme d’aveu suicidaire tant elle pourrait s’appliquer à Mascarade — sauf pour la récompense cannoise, évidemment, puisque le quatrième long métrage de Nicolas Bedos était projeté hors compétition sur la Croisette en mai dernier. Par un curieux hasard, d’ailleurs, cette variation française sur la lutte des classes et la guerre des sexes navigue vaguement, jusque dans une scène de vomi en bateau, dans les eaux territoriales de Sans filtre, la Palme 2022 signée Ruben Östlund.
Reste que, quoi qu’on pense du cap formel outrancier et marxiste tenu par le Suédois, Nicolas Bedos, lui, semble s’être jeté à l’amer sans boussole. Production luxueuse et ricanante, Mascarade grenouille sur la Côte d’Azur et prétend démasquer une ronde de personnages pas ragoûtants : une despotique actrice en mode Sunset Boulevard (Isabelle Adjani, autrement mieux aimée en diva sur le déclin par Peter von Kant, de François Ozon), son gigolo humilié (Pierre Niney), la machiavélique escort girl dont il s’éprend (Marine Vacth) et un pigeon bon à plumer (François Cluzet)…
Une embarassante libido
Inutilement alambiqué, le récit se traîne entre procès, flash-back et retournements courus d’avance. Il se complaît, surtout, dans la vulgarité et la médiocrité de ses héros-victimes, mais pour en dire quoi ? Après s’être interrogé, avec une certaine mélancolie, sur le couple à l’épreuve du temps (Monsieur et Madame Adelman, La Belle Époque), puis frotté au comique d’OSS 117 (Alerte rouge en Afrique), Nicolas Bedos joue à se faire peur avec un micromonde rance et privé d’amour. Mascarade ne manque en revanche pas de libido et fantasme Marine Vacth en garce d’un film noir qui se réclamerait de #MeToo, tout en posant un regard embarrassant sur les femmes « périmées ».