LES HIRONDELLES DE KABOUL, Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec 2019 (animation)@@ ()
On suit deux couples mariés qui sont diamétralement opposés dans deux quartiers différents de Kaboul occupé par les talibans à l'été 2001: Atiq et Mussarat sont mariés depuis 20 ans
TELERAMA
Magnifique film d’animation adapté du roman de Yasmina Khadra dans l’Afghanistan de 1998, déjà occupé par les talibans. Les aquarelles d’Éléa Gobbé-Mévellec, parfois abstraites, offrent un superbe tableau de la résistance à la terreur.
Été 1998 ; Kaboul est, déjà, occupée par les talibans : la peur rôde à chaque coin de rue, où des femmes sont lapidées, des hommes pendus. Atiq, ex-moudjahid devenu chef d’une prison pour femmes, veille sur Mussarat, son épouse malade, même si un collègue lui conseille de la répudier. Zunaira et Mohsen, jeune couple d’enseignants très amoureux qui n’ont plus le droit d’enseigner, refusent de croire au pire. En signe d’insurrection, Zunaira recouvre les murs de leur logement miséreux de peintures vivantes et sensuelles. Un jour, poussé par la panique et la foule, son mari commet un geste irréparable qui fait chavirer sa raison…
Cette adaptation du roman de l’Algérien Yasmina Khadra est un superbe tableau de la résistance à la terreur. Soutenue par la musique d’Alexis Rault, l’animation offre des contours plus doux, et bouleversants, que les images réelles. Ce ne sont que ruines, pierres et rares silhouettes qui composent le décor, brun et gris, de la ville devenue fantôme, alors qu’une séquence plus colorée rappelle combien Kaboul, avant, était grouillante de vie. Les femmes ? Enfermées derrière le grillage de leur burqa, l’aquarelle inspirée d’Éléa Gobbé-Mévellec leur donnant une forme presque abstraite. La scène de la lapidation est, à ce titre, d’une beauté terrible : sous les pierres, une Afghane s’affaisse pour ne devenir, à son tour, qu’un objet minéral dans la poussière. La fin est encore plus palpitante quand, comme l’évoque si bien le titre, tous ces voiles noirs s’assemblent pour permettre un envol.