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LES DEUX PAPES, Fernando Meirelles 2019, Jonathan Price, Anthony Hopkins (docu religion)@@



LES DEUX PAPES, Fernando Meirelles 2019, Jonathan Price, Anthony Hopkins (docu religion)@@
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LES DEUX PAPES, Fernando Meirelles 2019, Jonathan Price, Anthony Hopkins (docu religion)@@ ()

Une histoire intime d'une des transitions de pouvoir les plus dramatiques des 2000 dernières années. Frustré par la direction de l'Église, le cardinal Bergoglio demande la permission de se retirer en 2012 du pape Benedict.

TELERAMA
Le film aurait pu s’appeler « Doutes et crise de foi sous les ors du Vatican », tant il s’agit, ici, de révéler l’humanité sous la soutane. À partir d’un épisode charnière de l’histoire récente de l’Église – la renonciation, en 2013, de Benoît XVI, et l’élection du pape François –, Fernando Meirelles tricote un face-à-face intimiste imaginaire entre deux personnages antagonistes. L’un est au pouvoir mais n’entend plus le message divin. Le second estime que « devenir pape s’apparente au martyre », mais va courageusement embrasser son destin.

Conservatisme contre progressisme, tradition contre modernité, poids de la fonction… De la résidence d’été du pape à la chapelle Sixtine, les deux hommes s’affrontent sur le terrain des idées, mais révèlent aussi leurs doutes, les secrets de leur passé – restitués sous forme de flash-back moyennement convaincants... Petit à petit, Benoît, « le rottweiler de Dieu » (Anthony Hopkins), et « l’évèque des bidonvilles » (Jonathan Pryce) voient leur confrontation idéologique virer à la révélation amicale et à l’introspection édifiante. Chacun va influencer l’autre, pour le meilleur, entre une sénérade au piano, quelques considérations sur les Beatles, et une part de pizza dégustée à la bonne franquette... Le scénario d’Anthony Mc Carten (Bohemian Rhapsody, Les Heures sombres) prend vie grâce à une mise en scène nerveuse, clipée, séduisante, qui ancre le sujet dans la modernité, désacralise la fonction suprême, et confère une part de second degré bienvenu – et inattendu – au film.

Cette inventivité visuelle facétieuse, et le formidable numéro de duettistes de Hopkins et Pryce ne dissipent pas totalement le malaise face à un récit qui évacue prestement les scandales au cœur du Vatican (Vatileaks, pédophilie, corruption...) et brosse de François un portrait un poil trop idéal. Visiblement fan du personnage, Meirelles le dépeint en danseur de tango, amateur de foot, réformateur à la compassion infinie, et à la modestie sans limites, bref, n’en jetez plus. Même le passé sujet à polémique du cardinal argentin sous la junte, évoqué de manière sensible mais très didactique, semble uniquement exploité pour en faire ressortir les qualités humaines... De cette passation de pouvoir historique, le réalisateur de La Cité de Dieu tire un “buddy movie papal” plaisant, plein d’esprit, mais étonnamment angélique.​​​​​​


(edit IPTC)