LE TROISIEME HOMME, Carol Reed 1949, Orson Welles, Joseph Cotten, Alida Valli (palme d or)(thriller)@@@ ()
L'écrivaine américaine Holly Martins veut rendre visite à son vieil ami Harry Lime dans la ville occupée. Mais le jour de son arrivée, Lime est enterré. Holly apprend d'un officier britannique que Lime était un marchand noir sans scrupules. Holly n'y croit pas et fait ses propres recherches.
TELERAMA
Ce point de départ mystérieux (Harry est-il vraiment mort ?) sert de prétexte à Carol Reed et à son illustre scénariste, le romancier Graham Greene, pour peindre, après Auschwitz et Hiroshima, un monde où tout est inversé. C’est l’enfer qui trône au ciel. Les cadrages, presque toujours penchés, la photo fantomatique et la musique, obsédante et ironique, accentuent l’épouvante de ce monde nouveau, où les morts, comme Harry Lime, font semblant de l’être, mais le sont plus qu’ils ne le croient, puisque ne subsiste plus en eux la moindre parcelle d’humanité. C’est l’ère des monstres froids, intelligents, fascinants par l’ampleur de leur cynisme. Face à son copain qui croit encore, l’imbécile, que la vie est un roman, il grince, dans un sourire : « L’Italie des Borgia a connu trente ans de terreur, de sang, mais en sont sortis Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. La Suisse a connu la fraternité et cinq cents ans de démocratie. Et ça a donné quoi ? Le coucou ! » La réplique n’a pas été écrite par Greene mais par Welles lui-même.