LE PROMENEUR DU CHAMP DE MARS, Robert Guédiguian 2005, Michel Bouquet (bio histoire)@@@ ()
Livrant ses derniers combats face au cancer, le président Mitterrand prend contact avec Antoine Moreau pour rédiger ses mémoires. Passionné, le jeune journaliste tente d'éclairer les zones d'ombre de son passé. Le vieil homme semble plus préoccupé par l'imminence de sa propre mort.
TELERAMA
Modifiant celui du livre qu’il adapte, le titre choisi par Robert Guédiguian est tout sauf anodin : le nom de Mitterrand disparaît. De tout le film, on ne l’entendra pas. Et le rythme adopté est donc celui du promeneur. Avec le président, on prend le train, on survole la Beauce en hélicoptère, mais le plus souvent on marche, sans hâte. Plus que l’exercice purement politique de la « fonction suprême », on voit ici la mort au travail, son questionnement (comment finir ?) et l’intimité des coulisses. Ces lieux sacrés sont visités avec précaution et sensualité. Comme un visiteur toucherait le cuir des fauteuils ou des livres en se demandant l’instant d’après ce qu’il fait là.
Dans la peau du scribe chargé de consigner paroles et mémoires du président, Jalil Lespert oscille entre la présence et l’effacement. « Pourquoi m’avait-il choisi ? » dit-il en voix off. Ce malaise est le pendant d’une fascination que semble partager le cinéaste. Mais Guédiguian, s’il sacrifie à quelques scènes symboliques (le discours à la mine de Liévin), se garde de prendre position. Délibérément, il vide son film de tout signe d’actualités. La puissance théâtrale de Michel Bouquet fait le reste, impossible à discerner de celle de son modèle. Formidable travail d’acteur, qui rejoint l’essence de la politique, cet art de maîtriser le temps.
Antoine Moreau, un jeune journaliste, est contacté par le président de la République, qui souhaite se confier, alors que son mandat se termine. Intrigué par cette invitation, le jeune homme se rend au palais de l'Elysée pour découvrir un personnage un peu distant, qui ne paraît pas prêt à se livrer. Aux grandes questions politiques et existentielles que se pose le jeune homme, le président répond par des idées beaucoup plus prosaïques et ne semble pas résolu à résumer sa pensée en quelques phrases. Mais les rendez-vous se multiplient, et le contact se noue, peu à peu, entre le journaliste et l'homme politique. Une relation qui s'établit autour de petites phrases et se cimente au fil des rendez-vous entre les deux hommes...