LE POISON, Billy Wilder 1945, Ray Milland, Jane Wyman (thriller)@@ ()
Incapable d'écrire une ligne depuis des années, Don Birman noie son désespoir d'écrivain raté dans l'alcool. Au quotidien, son frère Wick et sa fiancée Helen veillent tant bien que mal sur lui. Alors qu'il n'a pas bu une goutte de whisky depuis dix jours, Don fait tout son possible pour échapper au week-end à la campagne qu'ils ont organisé pour lui.
TELERAMA
Un chef-d’œuvre noir des années 1940, toujours brûlant d’actualité. Oublions le personnage de la fiancée : cette Américaine type — digne, courageuse, opiniâtre —, dont les qualités mêmes rendraient alcoolique n’importe qui. Mais, hormis cette forte dose de bons sentiments que la malheureuse Jane Wyman est chargée, à elle seule, de rendre émouvants (elle n’y parvient pas !), le film, quatre-vingts ans après, n’a rien perdu de sa force.
Célèbres à l’époque (elles permirent à Billy Wilder de remporter les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur), les « grandes scènes spectaculaires », à savoir l’hôpital pour alcoolos et le delirium tremens, importent moins aujourd’hui que les moments ordinaires subis par Don, écrivain raté et alcoolique, perdu dans un New York que Wilder filme comme un cauchemar sans fin. Moment superbe : la longue errance de Ray Milland dans des rues aux stridences éprouvantes, où il se heurte à des boutiques de spiritueux obstinément closes…
Le film regorge d’idées : lors d’une représentation de La traviata, Don, en manque, ne fait qu’observer les maîtres d’hôtel qui, sur scène, apportent force verres aux convives. Et encore le plan génial où l’ombre d’une bouteille se reflète sur le plafond de la chambre, échappée du lustre où Don avait caché ses dernières réserves… Le happy end — obligatoire, à l’époque — est d’une ironie totale : le héros promet, une fois encore, de se remettre à écrire, alors même qu’un mouvement de caméra nous signifie que tout ce que nous venons de voir ne pourra que recommencer.
SYNOPSIS
Ecrivain raté, Don Birnam a lentement sombré dans l'alcool. A peine sorti d'une cure de désintoxication, il se met frénétiquement en quête d'une bouteille et ne se calme pas avant d'en avoir trouvé une, dans l'appartement de son frère, Wick. Helen St James, sa fiancée, a beau l'aimer tendrement, elle ne peut lutter contre les démons qui le hantent. Don a décidé de se détruire, tout simplement. Un long week-end commence : comment Don va-t-il l'occuper ? Il n'est pas seul, il pourrait aller à l'opéra avec Helen, ou faire une virée avec Wick. Mais en a-t-il envie ? La bouteille qui pend au bout d'une corde au bord de sa fenêtre n'est-elle pas une compagnie plus tentante ?...