LE PIRE VOISIN DU MONDE, Marc Forster 2022, Tom Hanks, Rachel Keller (societe)@@ ()
Otto Anderson, vieux bougon, n'a plus aucune raison de vivre depuis la mort de sa femme. Alors qu'il s'apprête à en finir, il est dérangé dans ses plans par une famille, jeune et pleine d'énergie, qui s'installe dans la maison voisine : il fait alors la connaissance de Marisol, douée d'un sacré sens de la répartie, et comprend qu'il a trouvé une adversaire à sa hauteur ! Tandis qu'elle le pousse à porter un autre regard sur la vie, une amitié improbable se noue entre eux.
TELERAMA
Dans un lotissement de Pittsburgh, un vieux râleur suicidaire retrouve goût à la vie grâce à la famille hispanophone d’en face. En salles depuis le 1er février, une adaptation sirupeuse et indigeste, par Marc Forster, d’un best-seller suédois. Attention, spoilers.
L‘achat, par un suicidaire, de 1,50 mètre de corde dans un magasin de bricolage tient du poncif de l’humour noir. En revanche, que le type fasse un scandale à la caisse pour quelques centimes – question de principe – car il doit payer au mètre s’avère plus original. Le Pire Voisin au monde est l’adaptation d’un best-seller de Fredrik Backman, déjà porté à l’écran en Suède avec le plébiscité Mr. Ove (Hannes Holm, 2015).
C’est l’histoire d’un homme d’une soixantaine d’années (Tom Hanks), propriétaire d’une maison mitoyenne dans un humble lotissement de Pittsburgh, accessible par une voie privée derrière une barrière. Obtus, il en est plus ou moins le gardien : contrôle des stationnements, des poubelles de tri sélectif, des animaux domestiques. Au gré de ses diverses tentatives de suicide (gaz d’échappement, train, fusil), sa vie défile en flash-back façon best-of (ou « worst-of »), sur une musique sirupeuse, jusqu’à l’indigestion de mélo. En toute logique, cette transposition est signée par le Marc Forster gnangnan de Jean-Christophe et Winnie (2018) plutôt que par celui, bourrin, de World War Z (2013).
Le film, qui dépasse pourtant les deux heures, donne l’impression de survoler tous les sujets. Il multiplie les emprunts grossiers à Gran Torino (2008), de et avec Clint Eastwood : héros qui marmonne des injures, prêt d’outils, fétichisme de la voiture. Tom Hanks se révèle peu convaincant en vieux grincheux – chacun sa spécialité –, avant de revenir dans sa zone de confort en jouant le brave gars.
De manière factice, le quartier représente un microcosme des États-Unis : un couple afro-américain, une famille hispanophone, un ado transgenre – plus, pour la caution comique, un personnage ridicule qui marche en faisant des montées de genoux. Censé garantir l’ouverture au monde, et donc le retour à la vie du senior misanthrope, le lotissement apparaît replié sur lui-même, comme une sorte de petit théâtre qui évoque involontairement The Truman Show.