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LE FILS DE SAUL, Laszlo Nemes 2015, Geza Rohrig, Sándor Zsoter (histoire shoah)@@@



LE FILS DE SAUL, Laszlo Nemes 2015, Geza Rohrig, Sándor Zsoter (histoire shoah)@@@
(taille reelle)
LE FILS DE SAUL, Laszlo Nemes 2015, Géza Röhrig, Sándor Zsótér (histoire shoah)@@@ ()

Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d'assister les nazis dans leur plan d'extermination. Il travaille dans l'un des crématoriums quand il découvre le cadavre d'un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d'accomplir l'impossible : sauver le corps de l'enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

TELERAMA
Saul est un prisonnier juif d’Auschwitz affecté aux Sonderkommandos, groupes de forçats en sursis contraints de conduire les nouveaux arrivants à la chambre à gaz puis de transporter leurs cadavres aux fours crématoires. Découvrant un enfant agonisant, il affirme qu’il s’agit de son fils et, quand celui-ci finit par expirer, s’obstine à trouver un rabbin pour dire une prière. Il y a donc une double fiction (celle du film et celle, peut-être, du personnage) au sein même de ce réel des camps réputé impossible à représenter — voir les polémiques virulentes à propos de Kapò (1960), de Gillo Pontecorvo, La Liste de Schindler (1993), de Steven Spielberg, ou La vie est belle (1997), de Roberto Benigni.

Le parti pris de László Nemes consiste à éviter de mettre en scène frontalement l’horreur : il filme avant tout le visage de son personnage en gros plan. C’est dans le hors-champ que l’enfer se déchaîne, suggéré par une bande-son peuplée de gémissements et de bruits de coups. En se tenant scrupuleusement à ce procédé jusqu’aux ultimes ­secondes, Nemes réalise un travail avant tout irréprochable. C’est à la fois sa prouesse et sa limite. Car Le Fils de Saul renvoie chaque spectateur à ses propres contradictions. A son désir, malgré tout, de regarder ce qui ne peut sans doute être vu qu’à travers quatre photos floues prises secrètement à Auschwitz-Birkenau en 1944 (et évoquées dans le film) par un certain Alex, Juif grec mort dans le camp, témoignage dérisoire et majeur qui ne montre presque rien et dit absolument tout.


(edit IPTC)