LE COEUR DES HOMMES, Marc Esposito 2003, Jean-Pierre Daroussin, Bernard Campan, Marc Lavoine, Gerard Darmon (societe)@@ ()
Alex, Antoine, Jeff et Manu, la cinquantaine proche ou sonnée, ont quelques années de vie commune. Amis depuis l'époque où ils jouaient dans la même équipe de foot, ils se voient régulièrement pour se raconter leurs vies, refaire le monde, rire, s'engueuler.
TELERAMA
Pas le cœur des hommes en général comme le donnerait à penser ce titre un peu trop « gros comme ça » , mais celui de quatre en particulier. Jeff, Manu, Alex et Antoine sont amis, de ceux qu’on qualifie « à la vie, à la mort ». Liés depuis vingt-cinq ans, ce temps où ils jouaient dans la même équipe de foot de banlieue. Jeff et Alex, patrons « de gauche » d’un mensuel sportif, cultivent un charme et un cynisme second degré. Antoine, prof de gym de lycée, et Manu, traiteur qui bosse 75 heures par semaine à son propre compte (de droite, donc, affirment les trois autres !), sont des tendres, c’est marqué dessus.
Quatre hommes à reconnaître comme nos pères, nos maris, nos amants ou nos frères, à la manière du quatuor d’Un éléphant, ça trompe énormément, il y a trente ans. Ils remplissent des grilles de Loto sportif en s’engueulant et en grignotant du pâté. Ils frôlent les 50 ans, sont drôles, quand ils ne sont pas agaçants. Prêts à mentir droit dans les yeux de leur femme sur leur emploi du temps mais foudroyés s’ils se découvrent trompés. Rien de neuf, d’autant que Marc Esposito ancien directeur de la rédaction de Première puis de Studio Magazine ne craint pas de parsemer leur vie sentimentale de clichés. De quoi ricaner ? Non, de quoi se souvenir qu’en matière de cœur les clichés sont souvent vrais.
Alex, le boulimique sexuel, un « malade » comme dit Jeff, rentre tous les soirs à bon port dans les bras de Nanou, dont aucune liaison ne saurait le détacher. Antoine se découvre incapable, non pas de comprendre, mais de pardonner une incartade sans lendemain de Lili, la femme de sa vie. Jeff réalise que ce qu’il éprouve pour Elsa (Zoé Félix, parfaite), 25 ans (de moins que lui), est bien au-delà du démon de midi. Et Manu rencontre une zinzin dans son magasin : Juliette, presque inquiétante derrière ses lunettes noires, si fébrile dans sa quête de bonheur. Une psychopathe pour le charcutier-traiteur ? Une déprimée qui fera son malheur ? Non, Esposito fait juste à Manu le cadeau d’une amoureuse qui ne craint pas de l’être (Florence Thomassin, rayonnante).
A la fin, lors de la (trop ?) classique scène de tablée chorale et ensoleillée, on se prend à compter les points, comme lorsque les quatre potes refaisaient les matchs de championnat au bistrot du coin. On s’agace qu’Esposito ait intercalé de la musique d’ascenseur entre chaque mouvement du cœur. On regrette que les quatre personnages n’aient pas tous la même épaisseur, surtout celui d’Antoine, dont le désespoir buté semble un peu fabriqué. Mais un film d’homme(s) qui s’attache à bien traiter les femmes, où Gérard Darmon attend, gourmand, dans son transat provençal de retraité tout frais qu’une beauté de la moitié de son âge lui fasse la « surprise » d’être enceinte et où Jean-Pierre Darroussin, assis sur un escalier en pleine nuit, s’avoue comblé puisque « l’amour et le rire, que demander de plus ? » est, assurément, un film aimable.