LA SAISON DES FEMMES, Leena Yadav 2016, Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte (societe inde)@@ ()
Rani, veuve, vit seule et dans la pauvreté en compagnie de sa belle-mère, dans un village reculé de l'état du Gujarat. Respectueuse des traditions, elle marie son fils Gulab, un jeune homme immature, avec Janali, une jeune fille timide du village voisin. Leur union s'avère un désastre car Gulab est, à l'instar des hommes du village, rustre, violent et alcoolique.
TELERAMA
Transperçant l’obscurité dans un drôle de véhicule aux néons fluo, des filles rient aux éclats, cheveux au vent. Nous sommes en Inde, dans un coin reculé de l’État du Gujarat. À bord, il y a Bijli, danseuse-prostituée à l’excentricité fellinienne. Rani, en lutte contre des traditions familiales aliénantes qui se transmettent de mère en fille. Lajjo, méprisée et battue par un époux alcoolique qui l’accuse d’être stérile.
Dans cette production dénonçant une société archaïque, chaque héroïne incarne le féminisme. Après deux longs métrages réalisés à Bollywood, Leena Yadav bifurque vers le film indépendant. Non sans risque. Car, pour briser des tabous, elle montre ce que le cinéma indien, même alternatif, ne montre (presque) jamais : une violence conjugale, insoutenable. Ou des corps dénudés, potentiellement choquants dans un pays qui refuse la sexualité à l’écran.
Si le film fascine, c’est par ses fulgurances (magnifiques scènes de fête foraine) et ses ruptures de ton, qui font passer, en un instant, de l’effroi au rire. Les discussions, savoureuses et roboratives, entre copines se serrant les coudes font penser aux héroïnes volubiles de Quentin Tarantino dans son Boulevard de la mort (2007). Et l’on est bouleversé par le moment, d’une intense sensualité, où l’une soigne le corps tuméfié de son amie, frappée par son ivrogne de mari. Une amitié intense qui glisserait presque vers l’amour.