LA PETITE BANDE, Pierre Salvadori 2022 (societe nature)@@ ()
La petite bande, c'est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s'embarquent dans un projet fou : faire sauter l'usine qui pollue leur rivière depuis des années.
TELERAMA
Des enfants décident d’incendier l’usine qui pollue leur rivière. Salvadori fait des merveilles en filmant ce minigang pyromane, drôle et parfois cruel.
Qui n’a jamais rêvé de grandir à l’ombre protectrice d’un groupe de copains, à la vie, à la mort ? Pour le mal nommé Aimé, souffre-douleur d’un collège corse, ce fantasme semble aussi inaccessible que de pouvoir, rien qu’une fois, préserver son goûter de ses bourreaux gloutons. Et pourtant… À son grand étonnement, le garçon se voit proposer de rejoindre Cat, Fouad, Antoine et Sami pour participer à leur projet fou : incendier l’usine du coin, qui pollue la rivière.
Écolos, les préados ? Pas seulement… Salvadori ne plaque ni discours ni vision angélique d’adulte sur cette période de la vie où le simple désir de « parler à une fille » peut remplir des jours et des nuits, quand il ne pousse pas à faire tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. L’ode à la nature est pourtant bien là, à la fois discrète et partout. L’esprit d’aventure, le sentiment de liberté que l’on peut ressentir à 12 ans sont magnifiés par l’été corse, la beauté des forêts et des rivières de montagnes. Tels des Robinson-nés, les membres de la petite bande connaissent ce paysage aussi intimement que le cinéaste insulaire qui les dirige, et ça se voit. Dans ce paradis de maquis, que l’on pourrait perdre aussi sûrement que l’enfance, la joie de cette cocasse escouade aux genous écorchés enchante.
Entre les jeunes pyromanes amateurs — un casting pétillant de vitalité, de naturel et de drôlerie —, une symbiose étincelante naît dès les premiers instants, emportant tout sur son passage. Quant aux dialogues, ils crépitent comme un feu de camp le soir au fond des bois.