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GOLDEN EIGHTIES, Chantal Ackerman 1986, Delphine Seyrig, Lio Mado, Jean-Francois Balmer (musical)@@



GOLDEN EIGHTIES, Chantal Ackerman 1986, Delphine Seyrig, Lio Mado, Jean-Francois Balmer (musical)@@
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GOLDEN EIGHTIES, Chantal Ackerman 1986, Delphine Seyrig, Lio Mado, Jean-Francois Balmer (musical)@@ (film complet) ()

Trois femmes, Lili, Mado et Pascale, se disputent l'attention de Robby jusqu'à ce qu'il demande soudainement Mado en mariage. Alors que la date du mariage arrive, Lili tente une nouvelle fois d'attirer l'attention de Robby.

TELERAMA
Dans un salon de coiffure, les relations amoureuses de la patronne commentées par ses employées. Entre légèreté et gravité, la cinéaste belge signe une fantaisie inattendue autant qu’un film très personnel.

Sans attendre la fin des années 80, la clairvoyante Chantal Akerman les rassemblait sous l’adjectif rutilant Golden (comme les golden boys de Wall Street), années d’or pour une comédie musicale aux couleurs primaires flashy, certifiées d’époque. Dans la galerie commerciale de la Toison d’or, à Bruxelles, la réalisatrice organisa un monde de vitrines, magasin de mode, salon de coiffure, entrée de cinéma et comptoir tout en représentation. Les années 80 n’étaient-elles pas celles du look ? Mais dans cet univers d’apparences, il n’est question que de cœurs qui battent et de sentiments qui se débattent, à l’intérieur.

Resté comme une fantaisie très à part dans l’œuvre de Chantal Akerman, Golden Eighties est pourtant un film personnel de bout en bout. Une joie certes un peu inattendue s’impose d’emblée, entraînant toute une équipe de coiffeuses-shampouineuses dans un ballet de commentaires sur les relations amoureuses de Lili, la patronne. Le Robert qui la courtise est, malgré son prénom de vieux, un jeune homme contraint d’écouter ses parents, qui s’y connaissent en prêt-à-porter et en prêt-à-marier. Mais la mère, Jeanne, cache des émotions secrètes, liées au retour d’un bel Américain, Eli, dans sa vie. Loin de la lumière éclatante des scènes de comédie musicale, c’est dans la pénombre que se retrouvent les anciens amants. Et l’on apprendra, à mots couverts, que le passé qui les lie remonte à la guerre, et même à la déportation dans les camps de concentration. On comprendra aussi que la belle Lili, que Robert n’est pas seul à vouloir conquérir, n’a plus de plaisir. « Il faut être patient et m’aimer beaucoup », dit-elle, pensive. Sans cesse, des touches subtiles viennent nuancer la fête générale, et l’énergie évidente du tableau d’ensemble dialogue avec une mélancolie tout aussi belle.

Casting épatant
Le plus étonnant est que ces contrastes n’en sont pas, à l’évidence, pour Chantal Akerman. C’est tout naturellement qu’elle lie le léger et le grave, l’élan et le retrait, l’artifice et la vérité. Mieux encore, on sent qu’elle croit fondamentalement à tout ce qu’elle fait dire à ses personnages, ayant d’ailleurs écrit elle-même aussi les paroles des chansons. « L’amour n’apporte que du malheur », entend-on, puis « aucun amour n’est jamais perdu, aucun amour n’est jamais pour rien », et tout est vrai. Sous couvert de chassés-croisés ludiques, les sentiments sont pris radicalement au sérieux dans ce film jamais sentimental, jamais mièvre. Même le chœur des garçons moqueurs ne peut rien contre la sincérité du cœur ! C’est aussi grâce à la qualité de l’interprétation que l’authenticité des émotions triomphe. Du côté des hommes, la mesure est parfaite avec Charles Denner et John Berry. Du côté des femmes, c’est le pur brio. Delphine Seyrig, Lio, Fanny Cottençon, Myriam Boyer, les héroïnes de Golden Eighties clignotent comme des lumières, tantôt transparentes et tantôt opaques, tantôt simples et tantôt complexes. Un show qui danse avec l’intime.


(edit IPTC)