CONCLAVE Edward Berger 2024, Ralph Fiennes, Stanley Tucci (thriller religion)@@ ()
Quand le Pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d'organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.
TELERAMA
L’élection d’un pape dans l’enceinte du Vatican, relatée avec précision sous la forme d’un thriller haletant, délicieusement diabolique.
Comme conclave marquant, on se souvient de celui d’Habemus Papam, de Nanni Moretti. On y pense d’autant plus, ici, que le personnage principal partage un point commun – un sérieux doute sur sa foi et sa fonction – avec le divin pape que jouait Michel Piccoli. Si Conclave comporte aussi quelques notes sarcastiques, il appartient néanmoins à un genre fort différent : celui du thriller à tendance paranoïaque. Après la mort inattendue du Saint-Père, le cardinal Lawrence, profil d’humaniste consciencieux, est en charge d’organiser l’élection de son successeur. Ce n’est pas une mince affaire : un véritable panier de crabes l’attend, avec ses manœuvres politiques, ses secrets compromettants mal gardés et ses turpitudes.
On n’aurait pas cru pouvoir être ainsi captivé par une histoire de cardinaux réunis en huis clos au Vatican. Le scénario, délicieusement diabolique, est inspiré d’un roman digne de John le Carré, en vérité signé Robert Harris, auteur britannique à succès. La fiction n’en est pas moins d’une précision inédite : c’est sans doute la première fois qu’est décrit, de manière réaliste et en continu, tout le protocole du conclave, des conditions d’isolement pour les cardinaux qui doivent être coupés du monde à la succession sur plusieurs jours des scrutins (le pape étant élu à une majorité des deux tiers). Ce processus électoral est bien rendu, à travers une mise en scène aussi rigoureuse que soignée, rendant honneur au passage à l’élégante austérité des costumes et des décors de circonstance.
Casting prestigieux
Edward Berger, réalisateur allemand capable du meilleur (Jack) comme du moins bon (À l’Ouest rien de nouveau), sait tirer le meilleur de son casting prestigieux. De Ralph Fiennes à Stanley Tucci, de Sergio Castellitto à John Lithgow en passant par Isabella Rossellini, tous les comédiens livrent une performance impeccable dans ce théâtre de l’ambition et de l’humilité plus ou moins sincère, où se joue une lutte entre progressistes et ultra-conservateurs de l’Église. Avec des retournements de situations étonnants, dont l’un particulièrement osé, et plutôt réjouissant, dans le dénouement. De quoi dire amen au film.