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CLUB ZERO, Jessica Hausner 2023, Mia Wasikovska, Elsa Zilberstein, Sidse Babett Knudsen, Mathieu Demy (societe)@@



CLUB ZERO, Jessica Hausner 2023, Mia Wasikovska, Elsa Zilberstein, Sidse Babett Knudsen, Mathieu Demy (societe)@@
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CLUB ZERO, Jessica Hausner 2023, Mia Wasikovska, Elsa Zilberstein, Sidse Babett Knudsen, Mathieu Demy (societe)@@ ()

Nouvellement arrivée dans une école secondaire réservée à l'élite, mademoiselle Novak présente à son petit groupe d'élèves le programme de son cours, sur le thème de l'alimentation consciente. À terme, mademoiselle Novak prône une absence totale de nourriture par une reprogrammation du cerveau.

TELERAMA
Derrière la mise en scène arrogante et précieuse de la réalisatrice ne reste que son mépris pour les troubles alimentaires des héros adolescents d’un film vainement provocant.

On a pris un cours d’« alimentation consciente », lundi soir, en compétition officielle, avec l’Autrichienne Jessica Hausner et son Club Zero. Soit un groupuscule de lycéens, rassemblés dans une caricature d’école privée progressiste (intérieur luxe, lambris et design, uniformes de pseudo-scouts écolos), pour suivre une nouvelle option, sous la houlette de l’énigmatique mademoiselle Novak (Mia Wasikowska, tout en opacité mielleuse). Apprendre à mieux se nourrir, pour respecter l’environnement. Apprendre à moins se nourrir, et de moins en moins, pour purifier son corps, purifier et purifier encore, pour tendre vers l’extase… du rien.

Fable très formaliste sur les fantasmes hygiénistes de notre époque, ses mille et un régimes « détox-méditation-bien-être » et autres recettes de développement personnel à usages multiples, le film pousse férocement la satire jusqu’à une dérive sectaire. À mesure que grandit l’emprise de la prof-gourou sur ses ouailles, plus personne ne mange. À la rigueur, de temps en temps, on a le droit d’ingérer un peu son vomi, comme l’une des gosses de riches le démontre à ses parents dans une séquence où le plus écœurant n’est pas son immonde « repas », mais la provocation facile qu’il nous envoie au visage.

Ici, tout n’est que mépris et vanité, à l’image de ces jeunes héros aux regards de somnambules, dont le corps et le spleen sont traités avec la même distance glacée, la même obsession du cadre parfait que l’élégant environnement aux couleurs faussement solaires et boisées dans lequel ils évoluent. À force de soustraire, de dépouiller et de « purifier » ses images, Jessica Hausner fait subir à son film le même sort qu’à ses personnages : elle le laisse crever de faim.

Pour sa deuxième participation à la compétition (après Little Joe, en 2019), elle ne se contente pas d’emballer son dégoût généralisé – et cependant assez banal – de l’humanité (enfants, parents, riches, pauvres… autant de pantins ridicules et dérisoires) dans l’arrogante préciosité d’une mise en scène chic et mortifère. Elle use de son sujet somme toute tragique, les troubles alimentaires des adolescents, leur vulnérabilité, leur tentation de la radicalité, comme d’un objet décoratif de plus, à offrir aux ricanements des festivaliers. Jusqu’à la nausée.


(edit IPTC)