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ANNIE COLERE, Blandine Lenoir 2022, Laure Calamy, Zita Hanrot (societe)@@@



ANNIE COLERE, Blandine Lenoir 2022, Laure Calamy, Zita Hanrot (societe)@@@
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ANNIE COLERE, Blandine Lenoir 2022, Laure Calamy, Zita Hanrot (societe)@@@ ()

Février 1974. Parce qu'elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Accueillie par ce mouvement unique, fondé sur l'aide concrète aux femmes et le partage des savoirs, elle va trouver dans la bataille pour l'adoption de la loi sur l'avortement un nouveau sens à sa vie.

TELERAMA
Un film émouvant, et de merveilleux portraits de femmes, admirablement orchestré par Blandine Lenoir.

Février 1974. Tombée enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, pousse timidement la porte d’une librairie dont l’arrière-boutique accueille un petit groupe du MLAC — Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception —, qui pratique les avortements illégaux, mais de manière non clandestine, aux yeux de tous, comme un acte militant, un an avant la loi Veil. Cette Annie qui, dans son usine de matelas, répond à une syndicaliste « tous ces machins politiques, c’est pas pour moi », va découvrir l’engagement, mais surtout une solidarité féministe qui fait chaud au corps et ouvre l’esprit. Chronique d’une colère qui monte doucement mais sûrement chez une femme comme une autre…

Le film est une merveille. Le précipité d’une époque, façon Les Années, d’Annie Ernaux, qui mêle l’intime et le politique dans les scènes de groupe, comme dans celles, bouleversantes, d’avortement par cette méthode Karman où l’aspiration remplace les aiguilles à tricoter ou le violent curetage à l’hôpital par des médecins traitant les femmes de « salopes »… Hymne à la sororité — ici, le terme n’est pas galvaudé, mais à chaque seconde incarné —, ce film choral et lumineux s’attache au quotidien d’Annie, à sa révélation progressive, mais surtout aux visages, et aux cuisses ouvertes, des femmes. Il y a celle qui a déjà six enfants, mais à laquelle son mari refuse la pilule sous prétexte que « ça rend frigide ». Celle de 17 ans qui comprend à peine comment elle est tombée enceinte. Et Annie, bien sûr, lors de la première séquence d’avortement : un moment rare de cinéma, où Monique (merveilleuse Rosemary Standley) ne la quitte pas des yeux et lui chante une mélodie grecque.

Ailleurs, Laure Calamy, décidément l’actrice française qui sait mettre son talent énergique et le moindre de ses regards au service d’une cause, rit franchement en pratiquant l’auto-examen, étonnée de la beauté de son col de l’utérus et de l’existence de sa prostate ! Lutter avec ou contre les hommes, faire passer le message à sa propre fille, ou regarder Delphine Seyrig mettre les pieds dans le plat à la télé : chaque minute est enthousiasmante. Et il faut voir Zita Hanrot, bombe de féminisme, dans son meilleur rôle, expliquer la vie à un jeune médecin en slip… Ce film aussi passionnant que passionné recèle, enfin, l’une des plus belles répliques entendues au cinéma depuis longtemps : « C’est politique, la tendresse. »


(edit IPTC)