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18 job 30



18 job 30
(taille reelle)
Job 30 - La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pas ()
Et maintenant, je suis la risée d’hommes plus jeunes que moi, dont je n’aurais pas daigné mettre les pères parmi les chiens de mon troupeau.
Qu’aurais-je fait de la force de leurs bras ? Ils sont privés de toute vigueur.
Desséchés par la misère et la faim, ils broutent le désert, un sol depuis longtemps aride et désolé.
Ils cueillent sur les buissons des bourgeons amers, ils n’ont pour pain que la racine des genêts.
On les écarte de la société des hommes, on crie après eux comme après le voleur.
Ils habitent dans d’affreuses vallées, dans les cavernes de la terre et les rochers.
On entend leurs cris sauvages parmi les broussailles, ils se couchent ensemble sous les ronces :
gens insensés, race sans nom, bannis avec mépris de la terre habitée !
Et maintenant je suis l’objet de leurs chansons, je suis en butte à leurs propos.
Ils ont horreur de moi, ils me fuient, ils ne détournent pas leur crachat de mon visage.
Ils se donnent libre carrière pour m’outrager, ils rejettent tout frein devant moi.
Des misérables se lèvent à ma droite, ils cherchent à ébranler mes pieds, ils frayent jusqu’à moi leurs routes meurtrières.
Ils ont bouleversé mes sentiers, ils travaillent à ma ruine, eux à qui personne ne porterait secours.
Ils fondent sur moi, comme par une large brèche, ils se précipitent parmi les décombres.
Les terreurs m’assiègent, ma prospérité est emportée comme un souffle, mon bonheur a passé comme un nuage.
Et maintenant, mon âme s’épanche en moi, les jours d’affliction m’ont saisi.
La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pas.
Par sa violence, mon vêtement a perdu sa forme, il me serre comme une tunique.
Dieu m’a jeté dans la fange, je suis comme la poussière et la cendre.
Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ; je me tiens debout, et tu me regardes avec indifférence,
Tu deviens cruel à mon égard, tu m’attaques avec toute la force de ton bras.
Tu m’enlèves, tu me fais voler au gré du vent, et tu m’anéantis dans le fracas de la tempête.
Car, je le sais, tu me mènes à la mort, au rendez-vous de tous les vivants.
Cependant celui qui va périr n’étendra-t-il pas les mains et, dans sa détresse, ne poussera-t-il pas un cri ?
N’avais-je pas des larmes pour l’infortuné ? Mon cœur ne s’est-il pas attendri sur l’indigent ?
J’attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ; j’espérais la lumière, et les ténèbres sont venues.
Mes entrailles bouillonnent sans relâche, les jours d’affliction ont fondu sur moi.
Je marche dans le deuil, sans soleil ; si je me lève dans l’assemblée, c’est pour pousser des cris.
Je suis devenu le frère des chacals, le compagnon des filles de l’autruche.
Ma peau livide tombe en lambeaux, mes os sont brûlés par un feu intérieur.
Ma cithare ne rend plus que des accords lugubres, mon chalumeau que des sons plaintifs.